OTC
LES POSSÉDÉS
Il y a toujours des degrés dans la douleur, des niveaux dans l’ignominie.
« Le pire n’est jamais certain », comme on dit.
Je me souviens de la scène qui me reste toujours à l’esprit, et que je n’ai jamais voulu mettre en écriture. Je le fais, parce qu’aujourd’hui, contrairement à ce que j’aurais voulu penser, il s’avère que ce n’est pas le dernier cercle d’une insoutenable souffrance. On peut aller plus loin, certains vont plus loin.
C’était à Yerablour, le cimetière à Erevan où les jeunes soldats arméniens, tombés à la récente guerre de Karabakh, sont enterrés. Sur le bruit de fond du bulldozer qui déchirait la poitrine de la terre pour permettre à de nouveaux corps de se reposer enfin sur ce sein maternel définitif, un faible sanglot, monocorde, discret mais qui pénètre dans l’âme et sollicite toute l’acuité pour être perçu. Une femme – une mère – étendue sur la tombe fraîche de son fils, immobile (c’est pourquoi mes yeux l’ont cherché quelques temps, avant que je ne découvre la source de ce murmure des pleurs, comme une pluie légère qui ruisselle à l’automne). Quelques membres de sa famille se tenaient là, respectueux, une jeune fille (la sœur ?) redressant un bouquet, un homme, le visage fermé, s’occupant à fumer le khunk, cet encens si particulier propre à la liturgie arménienne que l’on fait fumer sur les tombes également. Vêtue modestement, très loin des pleureuses démonstratives que l’Orient connaît, cette femme cachait presque son visage dans les mottes de terre, comme par pudeur, et ce murmure de plainte était sans amertume, incarnation même d’un simple être humain qui subit directement des conséquences d’une situation qu’elle n’a ni provoquée, ni choisie, et auxquelles elle ne pouvait s’extraire, manifestement, que par le sacrifice tellement haut qu’il annule sa propre vie. C’étaient les pleurs après désespoir, les halètements intérieurs qui transparaissaient, des gémissements en sourdine. C’était comme un espoir déplacé, irréel : arroser la terre de ses larmes pour qu’une fleur improbable pousse, une fleur dont les racines se nourriraient des restes de son fils, un lien organique avec un mort qui donne la vie, ce fils sans retour qui n’a pas eu le temps d'éclore, ni de laisser de descendance.
Alors je croyais, jusqu’à hier, que c’était l’ultime degré de ceux qui ont franchi le seuil marqué par Dante : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ».
Mais il y a encore des centaines, des milliers de soldats arméniens, captifs chez les azéris ou portés disparus. J’avais déjà raconté l’enfer de l’attente pour ces derniers, les familles qui sont devenues des ombres d’elles-mêmes, qui hantent un hôtel à Stépanakert avec cette unique question : « Où est mon fils ? »
Mais voilà… Les Azéris jouent avec ce désespoir vivant, qui est la forme ultime de l’espoir qui agonise. Ils utilisent les téléphones de ces soldats pour envoyer des messages. Ils ont accès aux réseaux sociaux de ces jeunes Arméniens portés disparus. Pour raviver l’espoir afin de mieux le piétiner à nouveau, tantôt les Azéris écrivent quelque chose de la part de ce soldat, tantôt de la part de quelqu’un d’autre qui aurait vu ce soldat et en témoigne. Parfois, on voit un « like » provenant du compte Facebook ou Twitter ou Instagram du soldat dont on était sans nouvelles depuis des mois. Un signe faible, qui met tout le monde en émoi : il est encore en vie, notre fils, notre frère, notre cousin, notre neveu, notre fiancé ! Tout le monde cherche, fébrile, tous s’accrochent… Des grands-parents se mettent à sonder les sillons de l’internet, se créent des comptes – pour chasser le gémissement du positif. Puis, c’est le silence. Plusieurs jours. Toute la famille, tous les amis, les familles des autres disparus – tous sont en alerte, attendent. Et voilà, un nouveau signe. Un message. Un like. Un témoignage. Quelque chose d’insignifiant, mais qui dit que le soldat porté disparu est en vie. "Nos prières ont été exaucées, Alléluia!" s'écrient les plus naïfs ou les plus pieux. Et à nouveau, mystérieusement le « soldat arménien » disparaît à nouveau. Techniques de déstabilisation, volonté d’anéantissement à un degré nouveau, pour atteindre quelque chose qui se situe dans le sanctuaire intime de tout être humain. Faire la guerre, être vainqueur, être vantard, c’est une chose. Pousser la perversité à ce degré de sadisme froid et voulu, cela vous déclasse de la société des hommes. Et il ne faut pas insulter les animaux, en leur empruntant les noms d’oiseaux pour qualifier ces gens. La seule métaphore qui me vient à l’esprit, c’est la métaphore de Dostoïevsky, une métaphore spirituelle. Ce sont des démons, des possédés.
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1.Les Nouvelles d’Arménie
9 février 2021
Les permis d’entrée en Artsakh délivrés uniquement par l’Artsakh
« L’Artsakh ne demande jamais et ne demandera jamais la permission de l’Azerbaïdjan pour l’entrée de quiconque dans la république. C’est à la République d’Artsakh de décider » a déclaré le ministre des Affaires étrangères David Babayan à la radio publique arménienne.
Il a réfuté les rumeurs selon lesquelles les étrangers auront besoin d’une autorisation de Bakou pour entrer en République d’Artsakh.
« Le fait qu’un grand nombre de terroristes mercenaires recrutés pour lutter contre l’Artsakh restent toujours en Azerbaïdjan nous oblige à améliorer la procédure d’enregistrement de ceux qui entrent en Artsakh », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.
« Nous avons établi une coopération étroite avec les soldats de la paix russes car ils sont parmi les principaux acteurs du maintien de la paix et de la stabilité », a déclaré David Babayan.
Il a noté que les visas seront toujours délivrés par la représentation permanente de l’Artsakh en Arménie. Ceux qui souhaitent entrer dans la république peuvent également demander des visas directement auprès du ministère des Affaires étrangères.
Il a souligné que Bakou n’a rien à voir avec l’autorisation d’entrer en République d’Artsakh.
Conformément à la loi de la République du Haut-Karabakh sur le « Statut juridique des citoyens étrangers dans la République du Haut-Karabakh » du 31 août 2001, l’entrée des ressortissants étrangers en République d’Artsakh est autorisée sous réserve de la disponibilité de passeports étrangers valides ou d’autres documents les remplaçant et un visa d’entrée.
Les visas d’entrée de la République du Haut-Karabakh pour les ressortissants étrangers sont délivrés à la Mission permanente de l’Artsakh auprès de la République d’Arménie.
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2.Les Nouvelles d’Arménie
9 février 2021
Erdogan souhaite un sommet Turquie-UE avant fin juin – Nouvelles d'Arménie en Ligne (armenews.com)
Erdogan souhaite un sommet Turquie-UE avant fin juin
Ankara, 8 fév 2021 (AFP) – Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé lundi, au cours d’une visioconférence avec la chancelière allemande, son souhait de voir un sommet s’organiser au premier semestre entre la Turquie et l’Union européenne, qui attend de son côté des « gestes crédibles » pour la normalisation des relations.
« Le président Erdogan a réitéré son souhait de l’organisation d’un sommet Turquie-UE avant la fin de la présidence portugaise », a déclaré la présidence turque dans un communiqué sur la visioconférence entre M. Erdogan et Angela Merkel.
La présidence de l’UE par le Portugal, un pays considéré comme « ami » par
Ankara, se termine fin juin.
Les relations entre l’UE et la Turquie se sont tendues l’année dernière.
En décembre, les dirigeants de l’Union européenne, réunis en sommet à Bruxelles, ont décidé de sanctionner les actions « illégales et agressives » de la Turquie en Méditerranée contre la Grèce et Chypre.
Une volonté de normalisation des relations a été affichée mi-janvier par le président turc, mais les dirigeants européens ont demandé des « gestes crédibles » et des « efforts durables » de la part d’Ankara pour se prononcer au cours d’un sommet les 25 et 26 mars.
Le chef de l’Etat turc a fait part à la chancelière allemande de la « détermination » d’Ankara à maintenir un esprit « positif » dans ses relations avec l’UE.
De son côté, Mme Merkel s’est félicitée des « récents signaux positifs et des (récents) événements en Méditerranée orientale », selon un communiqué rendu
public par la chancellerie.
La normalisation des relations avec l’UE souhaitée par la Turquie s’annonce
pourtant difficile à un moment où un mouvement de contestation étudiante
sévèrement réprimé secoue ce pays.
L’UE a réclamé jeudi la libération immédiate des étudiants arrêtés et s’est dite « sérieusement préoccupée » par la répression et la détérioration de l’état de droit en Turquie.
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3.Les Nouvelles d’Arménie
9 février 2021
Poutine participe personnellement aux efforts de rapatriement des prisonniers de guerre arméniens d’Azerbaïdjan afirme l’ambassadeur russe
Le président russe Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre de la Défense Sergueï Shoigu sont personnellement impliqués dans les efforts visant à renvoyer les prisonniers de guerre arméniens toujours détenus en Azerbaïdjan, a déclaré l’ambassadeur de Russie en Arménie Sergueï Kopyrkine.
« Quant au retour des prisonniers de guerre arméniens, c’est l’une des priorités de la déclaration trilatérale (signée par les dirigeants de l’Arménie, de la Russie et de l’Azerbaïdjan du 9 novembre 2020 pour arrêter la guerre dans la zone de conflit du Haut-Karabakh). Je n’exagère pas ; c’est la question dans laquelle le Président de notre pays, les ministres des affaires étrangères et de la défense sont personnellement impliqués. Cette question n’est peut-être pas résolue aussi rapidement que prévu, mais, croyez-moi, le maximum est fait. Je suis sûr que ce sera définitivement résolu », a-t-il dit.
Sergeï Kopyrkin a également évoqué ses récentes réunions avec les ex-présidents arméniens, affirmant qu’ils avaient discuté d’un large éventail de questions, y compris la situation qui s’était développée après la guerre de l’année dernière.
« Nous avons parlé de la mission de maintien de la paix de la Russie, discuté des questions de soutien humanitaire. J’ai également été intéressé d’entendre les évaluations de la politique de l’Arménie. Le cœur de nos discussions était l’amitié arméno-russe », a-t-il déclaré.
Sergeï Kopyrkin a rencontré le premier président Levon Ter-Petrosyan le 25 janvier et Serge Sarkissian le 4 février.
Le 14 décembre, 44 prisonniers de guerre arméniens et autres captifs ont été ramenés chez eux par un avion militaire russe depuis l’Azerbaïdjan et 12 citoyens azerbaïdjanais ont été transportés à Bakou. Quatre autres prisonniers de guerre arméniens ont été rapatriés le 28 décembre avec la médiation de la Russie et du Comité international de la Croix-Rouge. Jusqu’à présent, 59 Arméniens, civils et militaires, ont été rapatriés d’Azerbaïdjan dans le cadre d’échanges entre les deux parties.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont convenu plus tôt d’un échange « tous pour tous » de prisonniers de guerre. Cependant, plus de deux mois après l’arrêt des combats, l’Azerbaïdjan détient toujours des dizaines inconnus de prisonniers de guerre arméniens.
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4.Les Nouvelles d’Arménie
9 février 2021
Pachinian sur les réformes de la police : création du ministère de l’Intérieur à l’ordre du jour
La question de la création d’un ministère de l’intérieur et d’un service de police de patrouille est à l’ordre du jour du gouvernement, a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pachinian lors de la consultation sur les réformes de la police.
« Nous avons dit à maintes reprises que les réformes judiciaires sont l’une de nos actions les plus importantes pour cette année. Dans ce contexte, les réformes de la police sont également très importantes. Le processus de création d’un ministère de l’intérieur est à notre ordre du jour. Dans cette année, nous devons également lancer la création d’une police de patrouille en Arménie. Le processus a déjà commencé, et aujourd’hui nous devrions également discuter des actions urgentes que nous devons prendre dans ce contexte afin que ce projet ne soit pas retardé davantage, car il a été un peu reporté à cause de la guerre » a déclaré Pachinian.
Le Premier ministre arménien a déclaré que ce projet doit être mis en œuvre en 2021.
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5.Le Courrier d’Erevan
3 février 2021
Par Tigrane Yégavian (France Arménie)
La diaspora en questionnement
La diaspora arménienne s’est massivement engagée au cours de la guerre pour soutenir l’Artsakh affichant à la fois son immense diversité et sa commune aspiration à défendre le territoire de la mère-patrie. Entité anarchique mouvante, l’archipel arménien est appelé à jouer un rôle plus important à Erevan. Mais encore faut-il penser la diaspora et débattre sur son devenir.
A l’automne 2020 alors que la guerre faisait rage en Artsakh, le révérend père Karnig Koyounian établi à Montréal publiait un volumineux ouvrage (1) Սփիռք Ինքնութիւն/ Այլութիւն (Diaspora Identité/Altérité), sur la base d’un recueil d’articles sur la diaspora. Depuis 2017 cet homme d’Eglise et de pensée entreprend un travail de longue haleine visant à réunir, éditer et publier des textes, des analyses et réflexion sur la diaspora arménienne. Le présent recueil d’articles constitue le premier tome d’une somme appelée à s’étendre. Les six auteurs du présent volume ont pour la plupart un ADN similaire : tous sont issus de l’Arménie occidentale, ont un lien plus ou moins étroit avec les structures de la FRA Dachnaktsutiun et ont en commun le même substrat oriental.
Manasé Sévag (1895-1967), rescapé du génocide, scientifique de renom originaire de Cilicie et établi aux Etats-Unis ; l’écrivain Mouchegh Ichkhan (1914-1990), qui enseigna l’arménien au prestigieux Djémaran de Beyrouth, vivier des lettres arméniennes occidentales dans le Beyrouth des années 1960 ; Papken Papazian, militant de la FRA né à Bagdad en 1915 et décédé à Beyrouth en 1990 ; Melkon Eblighatian (né en 1919 sur l’île des Princes près de Constantinople et décédé à Beyrouth en 2005), figure de la vie arménienne du Liban qui fut député au parlement libanais de 1972 jusqu’à la fin de la guerre civile forment la première génération. La seconde est incarnée par deux figures de la presse dachnaktsagan que sont Hagop Balian (né à Alexandrette en 1935) bien connu des militants arméniens de France, et Vrej Armen Artinian, né au Caire en 1940 établi au Canada où il a fondé et dirigé pendant de longues années le supplément littéraire du journal Horizon.
Tous les six ont chacun pensé la diaspora arménienne post 1915, tenté de la définir et de poser un cadre conceptuel, sans pour autant y arriver pleinement. Toutefois, ce présent volume ne se penche pas sur les travaux du professeur Khatchig Tölölyan fondateur de la revue Diaspora : A journal of transnational studies qui déjà en 1978 parlait de l’exigence de se doter d’une approche en phase avec le réel. Ni des écrits de Vahé Oshagan et de Harout Kurkdjian, même si le révérend Karnig les cite dans son introduction. S’il convient de saluer cette publication, on regrettera que ces textes n’insistent pas assez sur la nécessité de délester l’identité arménienne diasporique du poids des mythes et du messianisme qui obstrue le lien au réel. Certes, les définitions du fait diasporique telles que posées dans ces années-là, aussi divergentes soient elles, paraissent anachroniques tout au plus frappées d’invalidité dans la mesure où la diaspora de leur temps était privée d’un Etat de référence, qu’elle n’est pas un phénomène statique et mais qui évolue à grande vitesse dans l’espace et le temps. Mais ils se rejoignent pour la comparer à une greffe qui n’a pas pris, à un arbre déraciné. Force est de constater qu’au cours des décennies 1960-1970 le visage de la diaspora arménienne est bien plus monochrome qu’aujourd’hui. Mais déjà les auteurs s’interrogent sur ce qui fait son ADN. Pour Papken Papazian, il n’est point de diaspora sans cause arménienne (hay tad). C’est à ses yeux ce marqueur militant qui fait que les communautés d’immigrés libanais et italiens aux Amériques ne peuvent se revendiquer du label diasporique. Quand Manasé Sevag parlera de la mise en place d’un véritable « Etat » en diaspora, il fait allusion à la nécessité de structurer l’anarchie. Mais ni les tentatives de classification de Papken Papazian, ni le débat sémantique sur la définition de la diaspora ne sauraient à eux seuls tenir compte de son caractère insaisissable, de son absence de conscience d’elle-même comme entité déterritorialisée. Ce qui fera dire Vahé Oshagan au philosophe Marc Nichanian, qu’il manque une métaphysique de la diaspora. La diaspora ne peut survivre que pour elle-même, elle pas conscience d’elle-même rajouterait-on.
La transmission d’un savoir comme moyen de se pérenniser
De son côté Melkon Eblighatian voit en 1965 et les cérémonies du cinquantième anniversaire du Génocide un moment charnière. On entre dans la phase deux de l’histoire diasporique, aux générations précédents s’étant considérées comme déracinées de leur pays, succèdent une jeunesse qui a pris acte de la pérennité de leur présence dans les pays d’accueil. Ce sera elle qui œuvrera à l’effort de libération de la conscience arménienne polluée par les complexes et l’incapacité d’appréhender le réel, faute d’outils conceptuels adéquats.
La littérature nous apprend du réel. Ça été le cas pour l’école de Paris dont les Chahnour, Sarafian, Vorpuni etc. ont été profondément marqués par le choc de l’altérité ; là où les écrivains du Moyen Orient se contentaient d’arméniser un espace confiné par les rigueurs du ghetto. En cela, ils n’ont pas pu comprendre comment l’Autre vous fait et vous défait. Très marqué par le contexte arméno libanais et arméno syrien, l’écrivain Mouchegh Ichkhan se contente de quelques poncifs et met en avant le modèle du Moyen Orient et de écoles, minimisant le risque de ghettoïsation que pointe du doigt Melkon Eblighatian et niant que ce même modèle s’inscrit dans la continuité du système des millets ottomans.
L’indépendance de l’Arménie a certes changé la donne mais elle n’a pas été pour autant contribué à régler des problématiques que se posent sempiternellement chaque génération d’intellectuels diasporiques. La reconnaissance du génocide a cédé la place à la demande de réparations. L’obsession de l’assimilation, considérée comme un génocide blanc, angoisse Vrej Armen Artinian.
Que faire alors ? Plus radical dans son approche, Hagop Balian insiste sur la dimension absurde de la diaspora vouée inexorablement à l’assimilation, la solution première repose sur le rapatriement vers l’Arménie. En cela il reprend le mantra de la FRA (tébi yerguir) en vogue au moment de la chute de l’URSS mais sans pour autant se pencher sur les échecs de ce slogan.
De manière générale, tous s’entendent sur la priorité de conserver la pratique d’une langue, comme marqueur identitaire et porte d’entrée vers la culture arménienne. Pour cela, misons sur la recherche, des centres de formation. Des chaires diasporiques dans les universités en Arménie et en diaspora à l’image du centre d’études diasporiques de l’Université Haïgazian de Beyrouth. On en revient au point de départ du militantisme arménien en France tel qu’il fut pensé par Georges Khaigian, fondateur du centre d’études arméniennes qui forma toute une génération de militants de la cause arménienne au milieu des années 1960.
L’urgence posée par la débâcle
C’est un fait, personne n’a réellement anticipé aussi bien à Erevan que dans les principaux pôles diasporiques le pire des scénarios, ni pensé la construction d’un Etat nation arménien, seul garant de la pérennité d’une identité d’un peuple dont les deux tiers se trouvent en dehors des frontières de la République d’Arménie. Las des grandes messes pan arméniennes et des déclarations de bonnes intentions, ces Arméniens de la diaspora ont intérêt à assainir leur relation vis-à-vis d’Erevan sur un socle nouveau, autre qu’humanitaire ou simplement touristique. Une diaspora vache à lait ou complice de l’oligarchie prédatrice n’a pas été à même de participer à la construction d’un pays où derrière le vernis étatique et de ses apparences, se cache un régime en déliquescence. Un Etat mémoriel se voulant le pôle unique et définitif d’un monde arménien ultra fragmenté et pluriel. Mais opter pour une relation horizontale et être une force de proposition positive en Arménie sous-entend intégrer les codes culturels caucasiens qui ne sont pas à la portée de tous. D’où l’idée de se doter d’un conseil pan arménien représentatif des tendances et des communautés, ou encore d’un sénat – chambre haute – composée de « sages » arméniens de la diaspora nommés par quota et par les différents organes de l’Etat arménien à la fois en fonction de leur pays d’origine et de leurs compétences professionnelles.
Si Erevan prend à bras le corps ce problème de l’intégration des diasporiques dans son appareil d’Etat, se posera à l’évidence la question des rapports de double allégeance. Mais à l’évidence il s’agit d’un pas important à accomplir, une chance historique à la fois pour la diaspora traditionnelle issue de 1915, qui doit reconnaître l’obsolescence des structures existantes, l’anachronisme du hayabahbanoum (conservation de l’arménité) ; et pour celle issue de 1991 qui doit se réconcilier avec une Arménie qu’ils ont quitté par dépit.
Pour une refonte du logiciel arménien
Ce chantier de la construction d’une nouvelle relation Arménie diaspora(s) passe indéniablement par l’élaboration d’une nouvelle sémantique. Et l’appropriation de nouveaux outils conceptuels à même de décrypter le réel tel qu’il est et pas tel que nous l’avons fantasmé depuis soixante ans. Cela nous invite à nous délivrer des mythes consolateurs (révolution hay tadiste, culte des fédayis et de leurs avatars, épopée de la première guerre de l’Artsakh…) et de penser la relation Arménie et la diaspora dans une nouvel configuration spatio-temporelle. Cette guerre de 44 jours avec les funestes conséquences que l’on sait a été l’occasion de voir émerger une « diaspora numérique » connectée et proactive. Portée par toutes les composantes du monde arménien, cette dynamique transnationale à été caractérisée par l’éparpillement des initiatives, le manque cruel de coordination entre ces dernières, tout en marquant des points décisifs au niveau d’une représentation identitaire jusque-là marquée du sceau de la victimisation. Mais passé la douche froide de la défaite, est venu le temps des questionnements. Le vieux logiciel arménien caractérisé par ses structures partisanes et caritatives traditionnelles, la corruption du haut clergé de l’Eglise apostolique etc. fait craindre aux certains intellectuels de la diaspora, comme Alain Navarra-Navassartian le danger de la désaffiliation, bien plus dangereuse que la seule assimilation. Si rien n’est entrepris pour la refonte du logiciel pan arménien, à l’évidence la désertion se poursuivra et la prochaine génération posera la sempiternelle question qui les ont précédées en diaspora : existe-t-il une voie alternative à l’assimilation et au communautarisme ? Les Arméniens seront-ils en mesurent de s’inspirer des modèles de structuration et de représentation des communautés diasporiques existantes à l’image du conseil des communautés portugaises, cet organe consultatif du gouvernement de Lisbonne composé de 80 membres de la diaspora portugaise élus pour un mandat de quatre ans ? En l’état actuel et dans ce contexte de situation mouvante, un des enjeux de la transmission passe par la mise en valeur du lien inter générationnel et transnational. Les expériences et les combats de nos aînés doivent être une source d’inspiration et de réflexion critique, de la même manière que les réseaux diasporiques qui existent sur la toile ne sont pas suffisamment exploités. Or, il y est un outil remarquable qui n’est pas suffisamment valorisé : la presse numérique arménienne et ses contenus appelés à se moderniser et à s’amplifier à l’échelle du globe dans la perspective de l’élaboration d’une future sémantique. Mais encore faut-il qu’il y aient des moyens, une volonté politique de la part des structures concernées, la FRA et son remarquable réseau transnational et plurilingue (Azbarez, de los Angeles Armenian Weekly et Hayrenik de Boston, Horizon de Montréal, Diaro Armenia de Buenos Aires, Azad Or, d’Athènes Aztag de Beyrouth Alik de Téhéran, etc…) est concernée au premier chef. Il en est de même pour l’UGAB. Se posera alors la question d’investir le champ de la communication, des idées et de la production d’un savoir en phase avec les enjeux du réel. Sous-entendu faire preuve de professionnalisme et avoir conscience que le village global arménien est résolument en ordre de marche dans une logique de cercles de convergence : le local (le pays d’émission), le national l’Arménie et le transnational (la diaspora). Peut-être alors, que le monde arménien pourra se projeter autrement que dans le mythos. Alors seulement, une nouvelle tradition porteuse de sens et de perspective ravivera l’âme arménienne desséchée. Le vieux logiciel hay tadiste et mémoriel, frappé d’obsolescence par la révolution de velours et les bouleversements en cours dans le monde se muera en projet pour une Arménie forte et attractive. De sorte que l’identité ne sera plus un fardeau, ni un choix militant, mais une évidence.
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6.Le Courrier d’Erevan
5 février 2021
L'expédition archéologique franco-arménienne résume les résultats des fouilles du site d’Ererouyk
La basilique d’Ererouyk, située près du village d'Anipemza dans la province du Chirac, est une église paléochrétienne construite au VIe siècle. Il s’agit d’une œuvre achevée qui a été construite d'un seul coup, bien qu'elle ait changé au fil des siècles. Telle est la conclusion de l'expédition archéologique franco-arménienne qui a mené des fouilles dans le complexe médiéval d’Ererouyk, célèbre pour sa fameuse basilique près des ruines d'Ani.
Par Lyana Sayadyan (Hetq)
Les résultats des fouilles ont été résumés dans un livre bilingue (arménien-français) « Ererouyk » écrit par le chef de l'expédition Patrick Donabédian, qui a été présenté à l'ambassade de France en Arménie en présence de l'auteur. L’ambassade a également soutenu sa publication.
M. Donabédian est accompagné de la délégation de l'Institut national du patrimoine français, qui est en Arménie pour une mission de préservation du patrimoine arménien dans l'Artsakh et ses régions environnantes. « Les autorités françaises se sont mobilisées sur cette question, tant au sein de l'UNESCO que dans le cadre de la coopération bilatérale. En règle générale, l'archéologie est un domaine plein de problèmes scientifiques, historiques et aujourd'hui aussi politiques. Comme il y a parfois des problèmes politiques autour de l'archéologie, une approche scientifique, une réponse scientifique revêt une grande importance. Nous saluons donc la présence de M. Donabédian et la présentation de son livre », a déclaré l'ambassadeur de France en Arménie, Jonathan Lacôte, lors de l'ouverture de la présentation.
« Ererouyk » présente de manière comparative, mais complète, les éléments constitutifs du grand complexe et les questions qui les entourent. Les fouilles archéologiques ont été menées par l'auteur du livre en collaboration avec l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie de l'Académie Nationale des Sciences de la République d'Arménie, le Musée Géologique de Chirac et l'Université d'Aix-Marseille (France).
Ererouyk est l'un des monuments les plus impressionnants et les plus mystérieux d'Arménie. Très peu d'informations à ce sujet ont été trouvées dans les archives, de sorte que ces fouilles ont été extrêmement importantes en termes de confirmation ou de réfutation des suppositions et des hypothèses entourant le complexe médiéval. On pense qu'il s'agissait d'un temple païen, qui est ensuite devenu chrétien. Lors de la présentation du livre, M. Donabédian déclaré qu’il a été prouvé que Ererouyk est un monument du début de la période chrétienne, et que toutes les structures adjacentes – tombes, cimetières, barrages, murs – datent du VIe siècle.
Ererouyk est une construction unique en son genre qui a été préservée sur le territoire de l'Arménie. L'archéologue Patrick Donabédian (ainsi que l'architecte Toros Toramanyan dans ses recherches) compare Ererouyk avec le temple de Tekor (V-VI siècles), construit dans le village du même nom dans la province du Chirak de l’Arménie occidentale, sur le territoire de la ville moderne de Digor, province de Kars, en Turquie. Cependant, selon Donabédian, il existe 15 basiliques de ce type en Syrie. Les parallèles syriens de Ererouyk remontent également au début de la période chrétienne. Se référant à l'exemple de Deir-Solayb (v. 5e siècle, fin du 6e siècle), le chercheur signale des tours angulaires similaires de celui-ci et de Ererouyk.
Ererouyk, ainsi que le temple de Tekor, ont des escaliers à monter. « Quand on regarde de l'extérieur, il semble que l'église se dresse sur une échelle puissante, mais c'est une imitation, une illusion, une impression, il n'y a pas de pierres sous l'église. Les escaliers n'étaient destinés qu'à renforcer et à élargir les murs de l'église », – explique le chef de l'expédition.
En se souvenant des fouilles, il dit qu'il était très excité à l'idée de pouvoir découvrir les pierres d'une telle église.
En plus du temple lui-même, les restes du mur et du mausolée adjacent ont été examinés, et plus de 70 tombes ont été révélées. L'expédition a tenté de dater les enterrements chronologiquement, en commençant par l'époque pré-chrétienne. À la surprise des archéologues, depuis 1000, seuls des enfants, pour la plupart des nourrissons, ont été enterrés ici. « C'est un mystère », dit Patrick Donabédian. L'examen des crânes a conclu qu'ils avaient été altérés. « Probablement, quelque chos était enroulé autour de la tête de l'enfant dès son plus jeune âge », suggère le chef de l'équipe scientifique. Des ornements et des boutons de manchette des VII-VIIIe siècles ont également été trouvés dans les tombes. En montrant l'un d'entre eux, M. Donabédian mentionne que de tels boutons ont été trouvés à Dvin aux IX-XIIIe siècles.
Malheureusement, lors des fouilles, l'équipe scientifique a également découvert que les « voleurs de trésors » étaient passés avant eux par ce monument médiéval. « Certains des piédestaux ont été endommagés. En creusant à travers la niche de la clôture, nous avons vu que des voleurs y étaient entrés », note Patrick Donabédian.
L'église de Ererouyk est aujourd'hui délabrée, ses travaux de restauration et de fortification ont été effectués en 1928, pendant la période soviétique les travaux, effectués en 1965, sont restés inachevés. Le temple de Ererouyk et le village d'Anipemza figurent dans la liste des « 7 monuments en danger d'extinction » établie par Europa Nostra International. Les tentatives d'inscription du temple sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO ont jusqu'à présent échoué.
N.B. Le livre « Ererouyk » a été publié chez Sargis Khachents – Printinfo en 2020 à un tirage de 1 000 exemplaires.
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7.L’Œuvre d’Orient
4 février 2021
RESTAURER L'ÉGLISE SAINT-JEAN EN ARMÉNIE
Au cœur des montagnes arméniennes, s'élève l'église Saint-Jean, un des plus anciens édifices de la région du Siunik. Restaurer cet ancien monastère du 17e siècle, c'est préserver le lien des Arméniens à leur histoire, leur culture et leur spiritualité…
Veuillez consulter le projet en cliquant sur le lien
Dartagnans – Restaurer l'église Saint-Jean en Arménie
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8.Chrétiens Orientaux -France 2
4 février 2021
Dimanche 14 février 2021 – 9h10 (horaire inhabituel) – France 2 (chretiensorientaux.eu)
3 monastères arméniens en Iran : Saint Thaddée, Saint Stéphane et le Vank d'Ispahan
France 2 – Dimanche 14 février 9h10
L’histoire de la Perse (Iran) et de l’Arménie est une succession de période de paix et de guerres. Les frontières ont bougé au travers des siècles, notamment dans le Nord de l’Iran qui fut une région de la « Grande Arménie ».
Saint Thaddée et Saint Stéphane se dressent dans les montagnes du Nord. Ces monastères sont de véritables trésors du patrimoine spirituel et artistique arménien. Ces deux églises et leurs dépendances sont parmi les plus beaux ensembles monastiques au monde. Ils sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
L’église Saint Sauveur appelé « le Vank » (monastère) du quartier arménien d’Ispahan (au centre de l’Iran) est une merveille de l’exemple de l’intégration d’influences occidentales et persanes à l’art arménien. Elle est l’une des expressions de la richesse et de la vitalité de ces arméniens qui furent déportés du Nord de la Perse par le shah Abbas Ier au XVIIe siècle.
Ces trois monastères sont des trésors de l’histoire, de la Foi et de la virtuosité de l’art arménien à travers les siècles.
Avec la participation de Patrick Donabedian et Claude Mutafian, historiens
Emission du dimanche 14 février 2021 – 9h10 (horaire inhabituel) – France 2 – présentée par Thomas Wallut. Réalisation : Guillaume Juher.
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9.Al-Monitor
4 février 2021
Turkey’s talk of peace with Armenia rings hollow
A Turkey analyst reported that Turkey claims to be ready to reconcile with Armenia if Yerevan is willing to "take a step," but is that likely?
Read more: https://www.al-monitor.
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10.Azdag Daily
4 février 2021
Զուգահեռներ` Քեսապի Եւ Արցախի Տեղահանութիւններուն Միջեւ
ԿԱՐՕ Վ. ՄԱՆՃԻԿԵԱՆ
Քեսապ բռնագրաւումի, իսկ քեսապցիք տեղահանութեան ենթարկուեցան Թուրքիոյ հովանաւորութեան ենթակայ եւ իր զինած ու իրեն ենթակայ ահաբեկչական հրոսակախումբերուն կողմէ, երբ 2014-ի մարտ 21-ին առաւօտ անոնք ներխուժեցին շրջան` թրքական բանակին ուղղակի միջամտութեամբ եւ հովանաւորութեամբ:
Արցախ 2020-ի սեպտեմբեր 27-ին յարձակումի ենթարկուեցաւ ազերի-թուրք եւ սուրիացի, չեչեն, աֆղան հրոսակախումբերուն կողմէ: Պատերազմ էր, որ աւարտեցաւ նոյեմբեր 9-ին Հայաստանի վարչապետ, տխրահռչակ Նիկոլ Փաշինեանի կողմէ ստորագրուած հրադադարի-անձնատուական համաձայնագիրով` թշնամիին զիջելով Արցախի աւելի քան 10 հազար քառակուսի քիլոմեթր տարածք:
Երկու բռնագրաւումները կատարուեցան նոյն թուրքին կողմէ, մին` Քեսապին, նոր-օսմանական Թուրքիոյ Հանրապետութեան, իսկ միւսը անոր կովկասեան սորթին (ինչպէս կ՛անուանէ Arm-news-ի խօսնակ` Աբրահամ Գասպարեան) Ազրպէյճանի` նոր- օսմանական Թուրքիոյ արեւելեան հանրապետութեան կողմէ:
Կարելի է թուել բազմաթիւ նմանութիւններ, նաեւ` հակասութիւններ:
Սկսինք Քեսապէն.
– Յարձակումը տեղի ունեցաւ նախապէս նախագծուած, ծրագրուած ու պատրաստուած ձեւով: Սուրիական բանակը արդէն երեք տարիներէ ի վեր կը մարտնչէր բազմատասնեակ ճակատներու վրայ` երկրին կեդրոնական, հարաւային շրջաններուն, ինչպէս նաեւ մայրաքաղաք Դամասկոսի մերձակայ բազմաթիւ վայրերու մէջ: [ …]
Veuillez consulter la suite de cet article :
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11.Youtube
2 février 2021
Պատմութեան լուռ վկաները ոչնչացման եզրին: 1456 յուշարձան` Ազրպէյճանի վերահսկողութեան տակ։
Հ․ Պետրոսեան
Պատմութեան լուռ վկաները ոչնչացման եզրին: 1456 յուշարձան` Ազրպէյճանի վերահսկողութեան տակ։
Հ․ Պետրոսեան