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1. UNESCO
20/11/2020
Haut-Karabakh : rappelant l’obligation de protection des biens culturels, l’UNESCO propose aux parties l’envoi d’une mission sur place
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a reçu le 18 novembre les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan auprès de l’Organisation.
La Directrice générale a rappelé les déclarations du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies qui avait exprimé son soulagement et salué la conclusion de l’accord de cessez-le-feu complet et de fin de toutes les hostilités dans et autour de la zone du conflit du Haut-Karabakh. Cet accord avait été annoncé conjointement le 9 novembre dernier par le Président de la République d’Azerbaïdjan, le Premier Ministre de la République d’Arménie et le Président de la Fédération de Russie.
La Directrice générale a également réaffirmé la dimension universelle du patrimoine culturel, témoin de l’histoire et indissociable de l’identité des peuples, que la communauté internationale a le devoir de protéger et de préserver pour les générations futures, par-delà les conflits du moment.
La Directrice générale tient à rappeler les dispositions de la Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et ses deux Protocoles, auxquels l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont tous deux parties. Ceux-ci sont fondés sur la conviction des États parties que « les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu’ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l’humanité entière ».
Les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu’ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l’humanité entière.
Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé
Elle rappelle également la résolution 2347 (2017) du Conseil de sécurité, qui souligne que « la destruction illégale du patrimoine culturel, le pillage et la contrebande de biens culturels en cas de conflits armés, notamment par des groupes terroristes, et les tentatives de nier les racines historiques et la diversité culturelle dans ce contexte, peuvent alimenter et exacerber les conflits et font obstacle à la réconciliation nationale après les conflits, compromettant ainsi la sécurité, la stabilité, la gouvernance et le développement social, économique et culturel des Etats touchés ».
La Directrice générale de l’UNESCO renouvelle son appel, formulé le 9 octobre dernier, à la protection du patrimoine dans cette région et à la nécessité absolue de prévenir désormais tout dommage supplémentaire.
Lors de ses rencontres, la Directrice générale a officiellement proposé le concours technique des services de l’UNESCO, qui n’ont pu se rendre jusqu’à présent dans ces territoires malgré des tentatives dans le passé. Ceux-ci pourraient effectuer une mission sur le terrain, avec l’accord de toutes les parties concernées, afin de dresser un inventaire préliminaire des biens culturels les plus significatifs, comme préalable à une protection effective du patrimoine de la région.
Dans cette optique, l’UNESCO travaillera avec l’ensemble des acteurs intéressés pour créer les conditions d’une telle mission. Des consultations de haut niveau ont été engagées avec les Etats assurant la coprésidence du Groupe de Minsk.
Contact médias :
Clare O'Hagan(link sends e-mail), +33 (0)1 45 68 17 29
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2. Nouvelles d'Arménie
20 novembre 2020
Le monastère d’Amaras (Haut-Karabagh) dans la région de Martouni resterait en zone arménienne
Le monastère d’Amaras reste à nous indique le site facebook du village arménien de Madjkalashen situé tout près d’Amaras. Le monastère se trouve dans la région de Martouni à l’est de l’Artsakh. Avec le complexe monastique de Dadivank situé dans la région de Kelbajar (Karvashar) au nord-ouest de l’Artsakh qui va passer à l’ennemi azéri, Amaras forme avec Gandzasar l’un des trois principeux lieux les plus emblématiques de la chrétienté arménienne de l’Artsakh.
Le monastère d’Amaras fut fondé au IVe siècle par le moine Mesrop Machtots l’inventeur de l’alphabet arménien en 405. Mais la construction actuelle date du XVIIe et XIXe siècle. Gandzasar et Amaras restent en zone arménienne. Dadivank passant en zone azérie sera surveillée par les forces russes chargées de la paix au Haut-Karabagh avec sans doute un accès possible pour les Arméniens qui s’y rendent pour prier.
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3. Ambassade de France en Arménie
Revue de la presse arménienne du 20 novembre 2020
Condamnations de la profanation du patrimoine arménien du Karabakh/ Le Ministère arménien des Affaires étrangères a publié une déclaration condamnant les manifestations de barbarie des forces armées azerbaïdjanaises au Karabakh qui « poursuivent leur « guerre » typique contre le patrimoine historico-culturel et religieux arménien, en détruisant et en manquant de respect aux sites et monuments historiques ». Le MAE a notamment condamné la profanation a Shushi de la statue de Vazgen Sargsyan, le héros national de l'Arménie et du Karabakh et l’attitude dégradante des soldats azerbaïdjanais envers un arménien âgé (cf. infra). « Cette action, ainsi que sa glorification ultérieure par la société azerbaïdjanaise, est simplement un rejet des valeurs morales communément admises». « Les récentes atrocités perpétrées par la partie azerbaïdjanaise sont basées sur la politique anti-arménienne initiée et encouragée par les dirigeants de l'Azerbaïdjan depuis des décennies, qui vise à réaliser un nettoyage ethnique avec une intention génocidaire contre les Arméniens du Karabakh ». Le Ministre de facto des Affaires étrangères du Karabakh a envoyé une lettre à l'UNESCO concernant les faits de profanation et les actes de vandalisme commis par la partie azerbaïdjanaise contre des monuments historiques, religieux et culturels arméniens au Karabakh. Le Saint Siège d’Etchmiadzine a fermement condamné le vandalisme fait à l'église St. Hovhannes Mkrtich (Kanach Jam), a Shushi. La presse indique également que le Catholicos de tous les Arméniens Karékine II a envoyé un message au Président russe le remerciant pour ses efforts déployés en vue de préserver le patrimoine arménien au Karabakh. Le Catholicos a notamment souligné que grâce aux soldats de la paix russes, le service religieux au monastère Dadivank pourrait se poursuivre.
La France est prête à apporter son plein appui pour la protection du patrimoine du Haut-Karabakh/ Le Président de la République a twitté que la France est prête à apporter, dans le cadre de l’Unesco, avec l’Alliance pour la protection du patrimoine dans les conflits, son expertise et son plein appui pour la protection du patrimoine culturel et religieux du Haut-Karabagh et de ses environs. Plus tôt, lors d’une conversation téléphonique, le Premier ministre arménien et le Président français ont évoqué la question du rapatriement en toute sécurité des dizaines de milliers de personnes qui ont fui leurs foyers ces dernières semaines et de la préservation du patrimoine religieux, historique et culturel du Karabakh. Ils ont souligné la nécessité de reprendre les travaux des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE dans leur intégralité. Le Premier ministre a souligné l'importance fondamentale de la reconnaissance internationale du Karabakh. En outre, les ministres des affaires étrangères russe et français ont discuté de la situation au Karabakh et ont convenu que les principales priorités actuelles étaient le retour en toute sécurité des personnes déplacées et des réfugiés, le déblocage des communications économiques et de transport dans la région, la fourniture de l'aide humanitaire et la réhabilitation des infrastructures civiles. Lavrov a précisé les conditions de la participation des soldats de la paix russes, ainsi que les fonctions du centre inter-agences pour la réponse humanitaire.
Traitement inhumain par l'armée azerbaïdjanaise d’un arménien de 80 ans/ L’Ombudsman de facto du Karabakh a signalé une vidéo publié sur les réseaux sociaux montrant un arménien de 80 ans être traité de façon inhumaine par l'armée azerbaïdjanaise. Selon lui, Jonik Tevosyan, 80 ans, résident de Shushi n'a pas réussi à quitter la ville et est tombé sous le contrôle des forces armées azerbaïdjanaises. « Cette vidéo révèle une fois de plus la nature systémique et profonde des sentiments anti-Arméniens en Azerbaïdjan, qui sont pleinement encouragés par l'État » a déclaré l’Ombudsman.
Conférence de presse de l’ancien chef du service de surveillance militaire dévoilant les mauvaises décisions des autorités pendant la guerre/ Le lendemain de sa démission en tant que chef du service de surveillance militaire du Ministère de la défense, Movses Hakobyan a donné une conférence de presse et a accusé Nikol Pachinian d'avoir pris des décisions désastreuses qui ont permis à l'Azerbaïdjan de réaliser des gains territoriaux importants pendant la guerre du Haut-Karabakh. Hakobyan a notamment accusé Pachinian d'avoir arrêté trois jours après le début de la guerre le renforcement des unités de l'armée arménienne du Karabakh avec des réservistes recrutés dans le cadre de la mobilisation militaire. Selon lui, Pachinian a ordonné envoyer des volontaires en première ligne à la place des réservistes ce qui, selon Hakobyan, est un crime. Hakobyan a déclaré qu'un grand nombre de ces volontaires étaient mal formés et ne pouvaient pas aider les troupes de première ligne. Il a affirmé qu’environ 1500 d'entre eux avaient déserté leurs unités en quelques jours. « Les fonctionnaires responsables de ce processus ne peuvent pas le nier et ils savent qu'ils seront finalement tenus responsables de ne pas avoir exercé cette fonction [de renforcement]. La conversation a été enregistrée » a déclaré Hakobyan. Selon Hakobyan, dans le cadre d’un plan d’optimisation près de 95% du personnel opérationnel a été ajouté dans les structures du Ministère de la Défense et en contrepartie les unités tactiques ont été réduit. En outre, selon lui, pendant la guerre la mobilisation n’avait pas été effectuée comme il fallait. Hakobyan, a été chef de l'état-major général des forces armées arméniennes de 2016 à 2018. Pachinian l'a licencié peu après son arrivée au pouvoir en mai 2018. Lors de la conférence de presse, Hakobyan a vivement critiqué la nomination d’Artak Davtyan a ce poste en indiquant que le processus de destruction de l'armée avait commencé avec cette nomination. Hakobyan a également critiqué les acquisitions d'armes effectuées par les dirigeants actuels de l'Arménie. Il a pointé du doigt l'achat d'avions de chasse russes Su-30SM et de systèmes Osa, affirmant qu'aucun d'entre eux ne s'est avéré utile lors de la dernière guerre. Hakobyan a déclaré que l'ancien gouvernement arménien avait prévu d'utiliser les fonds dépensés pour ces armes pour acheter de la Russie des systèmes de défense aérienne plus avancés. Selon lui, elles auraient permis aux forces arméniennes du Karabakh d'abattre beaucoup plus de drones de combat azerbaïdjanais. Commentant la déclaration du ministre de la Défense Davit Tonoyan selon laquelle, en termes d'approvisionnement, l'Arménie était sous blocus, Hakobyan a déclaré : « Le ministre de la Défense aurait dû comprendre où il se trouve, quels contrats il y a, et que non seulement aujourd'hui, mais aussi avant la guerre, nous effectuions tous des fournitures militaires en secret. Aucun pays ne nous permettait pas d'acheter des armes. Le ministre n'a-t-il pas encore compris que l'approvisionnement serait doublement difficile pendant la guerre? ». Selon Hakobyan, les fournitures qui avaient été faites pendant la guerre ont été faites par le pays ami, la Russie : « Je vais ouvrir un autre parenthèse. Au 30 septembre, le Premier ministre de la RA n'avait pas encore appelé le Président russe et demandé son soutien. Et la Russie, à mon avis, l'a fait [l’approvisionnement] simplement pour sa conscience. La Russie a fait de son mieux et nous devons lui en être reconnaissants. Elle nous a donné ce dont nous ne rêvions même pas ». La porte-parole a nié fermement les allégations de Hakobyan et a déclaré que les forces de l'ordre devaient enquêter sur toutes les déclarations faites par Hakobyan. Le procureur général Artur Davtyan a déclaré par la suite que son bureau avait envoyé la vidéo de la conférence de presse au Service spécial d'enquête pour examen. Hakobyan a été invité au Service spécial d'enquêtes où il a été interrogé pendent 40 minutes.
Situation au Karabakh/ Sur ordre du Ministre russe de la Défense, des centres humanitaires ont été mis en place afin que les soldats de la paix russes puissent mener à bien leurs opérations dans le Haut-Karabakh. Aussi cinq autres de ces centres ont été créés. Selon l'Organisation des droits de l'homme – Afrin -Syrie, la Turquie veut installer les mercenaires syriens des groupes « Sultan Murad » et « Suleiman Shah » et de leurs familles dans les territoires du Karabakh qui sont passés sous le contrôle de Bakou.
La levée de la loi martiale sera discutée au Parlement le 26 novembre/ A l’initiative du groupe d’opposition « Arménie lumineuse », une session parlementaire spéciale se tiendra le 26 novembre pour discuter de la levée de la loi martiale. La majorité parlementaire « Mon pas » a cependant déclaré qu’elle était contre la levée de la loi martiale. « Mon pas » a aussi déclaré que le remplacement du Premier ministre dans la situation actuelle était inacceptable pour eux, même si le nouveau candidat potentiel serait issu de leur parti
Rumeurs sur les démissions au gouvernement/ Les sources gouvernementales d’Armenpress ont confirmé la démission du Ministre de la défense Davit Tonoyan. Selon les sources d’Aravot, il sera remplacé par Vagharshak Harutyunyan qui est actuellement conseiller du Premier ministre. Selon les sources de Hraparak, la ministre du travail et des affaires sociales serait également démise de ses fonctions et serait remplacée par Mesrop Arakelyan qui est actuellement conseiller du Premier ministre. Selon la même source, Andranik Piloyan, commandant du 5ème corps d'armée, serait nommé ministre des Situations d'urgence. Selon Analitik.am, le Ministre de l’éducation aurait démissionné et il serait remplacé par Janna Andreassian.
Autres développements/ Le 19 novembre, la police a appréhendé 24 citoyens qui avaient fermé les rues d'Erevan en demandant la démission du Premier ministre. Edmon Marukyan, leader du parti d'opposition « Arménie lumineuse », a déclaré qu'il allait déposer un rapport à la police sur les « menaces honteuses » qu'il reçoit depuis le 10 novembre. Le président de l'ONG Union des citoyens informés a informé que depuis quelques jours que les discussions sur le code électoral avaient repris de façon « plus intenses qu'elles ne l'étaient avant la guerre ». Ukraine International Airlines a annoncé la reprise de ses vols vers Erevan à partir du 4 décembre.
Déclarations du MAE russe/ La représentante du MAE russe, Maria Zakharova, a déclaré que le 23 novembre, le MAE russe aurait une réunion avec son homologue iranien à Moscou et discuterait également de la situation dans le Haut-Karabakh. Zakharova a noté que la préservation des sanctuaires dans le Haut-Karabakh était une question particulièrement importante, et qu’elle était discutée lors des contacts de la Russie avec les parties intéressées dans le Haut-Karabakh. Elle a aussi déclaré que Moscou enregistrait le silence et parfois des tentatives de distorsion de l'information sur la situation concernant la mise en œuvre de la déclaration trilatérale. Elle a également noté la réponse « modérée » des pays occidentaux à l'adoption de cette déclaration trilatérale ce qui, selon elle, est surprenant. Elle a également déclaré que depuis le 13 novembre l'Arménie et l'Azerbaïdjan avaient échangé les corps de 385 victimes de la guerre. Selon elle, 3000 réfugiés sont retournés au Haut-Karabakh depuis le 14 novembre. D'après Zakharova, les efforts de la Russie créent des opportunités pour un règlement à long terme de la crise du Haut-Karabakh.
L'UE alloue une aide d'urgence supplémentaire de 3 millions d'euros aux civils touchés par le conflit du Karabakh/ La Commission européenne a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de 3 millions d'euros afin de garantir une assistance essentielle aux civils les plus touchés par le conflit dans et autour du Haut-Karabakh. Ce financement vient s'ajouter aux 900 000 euros alloués depuis début octobre.
Déclaration de l’UE sur le Karabakh/ La presse rend compte de la déclaration du Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. « L'UE estime que les efforts doivent être renouvelés en vue d'un règlement négocié, global et durable du conflit, y compris en ce qui concerne le statut du Haut-Karabakh » a déclaré Borrell en réitérant le plein soutien de l’UE au format international du Groupe de Minsk de l'OSCE. « L'UE invite instamment tous les acteurs régionaux à s'abstenir de toute action ou de toute rhétorique susceptible de compromettre le cessez-le-feu. L'UE demande également le retrait complet et rapide de tous les combattants étrangers de la région » dit également la déclaration.
Les MAE arméniens et russes prêts à développer les relations alliées entre l'Arménie et la Russie/ La première conversation téléphonique du nouveau MAE Ara Ayvazyan avec un partenaire étranger a été avec son homologue russe. Lavrov a félicité Ayvazyan à l'occasion de sa prise de fonction et les Ministres ont souligné qu'ils étaient prêts à poursuivre le développement des relations bilatérales dans tous les domaines, y compris la sécurité régionale. Les interlocuteurs ont évoqué la mise en œuvre de la déclaration trilatérale du 10 novembre et les activités des soldats de la paix russes au Karabakh.
Le 22 novembre toutes les églises arméniennes tiendront une commémoration des héros tombés au cours de la récente guerre au Karabakh/ Sur l’initiative du Catholicos et le Président, le dimanche 22 novembre a été déclaré journée du commémoration des héros tombés pour la défense de la patrie lors de la récente guerre au Karabakh. Un service commémoratif respectif sera organisé ce jour-là dans toutes les églises arméniennes.
123646 cas confirmés de coronavirus/ Au moment de la rédaction de cette revue, les autorités ont confirmé 123646 cas de coronavirus dans le pays dont 90754 ont été guéris et 1900 patients sont décédés.
Rédaction : Lena Gyulkhasya
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4. Nouvelles d'Arménie
20 novembre 2020
Entretien avec Konstantin Sivkov, expert militaire russe
Voici un entretien avec Konstantin Sivkov paru sur le site Dialogorg.ru le 19 novembre. Vice-président de l’Académie russe des sciences des missiles et de l’artillerie (ARSMA) pour la politique de l’information, docteur en sciences militaires, il nous livre son analyse de la guerre au Haut-Karabakh.
L’Arménie avait-elle une chance de gagner cette guerre avec les ressources et les équipements dont elle disposait ?
Je pourrais dire comme ça : il y a eu match-nul.
L’Azerbaïdjan n’a pu que partiellement atteindre ses objectifs politiques dans le cadre du conflit armé – il n’a pu prendre le contrôle que de 5 districts (qu’il était déjà prévu de lui remettre après les négociations au sein du groupe de Minsk de l’OSCE sur le Haut-Karabakh) et s’emparer d’une petite partie du Haut-Karabakh lui-même.
L’Arménie et la NKR ont réussi à préserver leur souveraineté et la majeure partie du territoire du Karabakh, mais avec des pertes territoriales importantes. En d’autres termes, l’objectif a également été partiellement atteint.
Il s’agit d’un match-nul. C’est pourquoi les discussions sur la victoire de l’Azerbaïdjan ne peuvent être considérées comme correctes. Cependant, étant donné la supériorité écrasante de l’armée azerbaïdjanaise dans ses forces et ses moyens, le soutien de la Turquie, on ne peut qu’admirer le courage, la force d’âme et l’entraînement des troupes arméniennes.
Dans ce contexte, l’exploit des azerbaidjanais n’est pas bien brillant. Le fait qu’avec une si grande supériorité, les troupes azerbaïdjanaises n’aient pas pu obtenir une victoire complète donne des raisons de parler de la défaite militaire de l’Azerbaïdjan et de grand succès pour l’Armée de défense du HK.
Je pourrais dire comme ça : il y a eu match-nul.
L’Azerbaïdjan n’a pu que partiellement atteindre ses objectifs politiques dans le cadre du conflit armé – il n’a pu prendre le contrôle que de 5 districts (qu’il était déjà prévu de lui remettre après les négociations au sein du groupe de Minsk de l’OSCE sur le Haut-Karabakh) et s’emparer d’une petite partie du Haut-Karabakh lui-même.
L’Arménie et la NKR ont réussi à préserver leur souveraineté et la majeure partie du territoire du Karabakh, mais avec des pertes territoriales importantes. En d’autres termes, l’objectif a également été partiellement atteint.
Il s’agit d’un match-nul. C’est pourquoi les discussions sur la victoire de l’Azerbaïdjan ne peuvent être considérées comme correctes. Cependant, étant donné la supériorité écrasante de l’armée azerbaïdjanaise dans ses forces et ses moyens, le soutien de la Turquie, on ne peut qu’admirer le courage, la force d’âme et l’entraînement des troupes arméniennes.
Dans ce contexte, l’exploit des azerbaidjanais n’est pas bien brillant. Le fait qu’avec une si grande supériorité, les troupes azerbaïdjanaises n’aient pas pu obtenir une victoire complète donne des raisons de parler de la défaite militaire de l’Azerbaïdjan et de grand succès pour l’Armée de défense du HK.
Dans ce cas comment expliquer les réactions aussi négatives en Arménie ?
Car en Arménie, ceux qui courent sur les places sont soit des imbéciles, soit des escrocs politiques. Ils auraient dû être envoyés au front, et ils auraient alors compris de quoi il en retournait.
D’ailleurs, Pachinian est en partie responsable de cette guerre. Il l’a provoquée lorsque, par ses actions, il a en fait perturbé les négociations sur le transfert de territoires qui n’avaient jamais fait partie du Haut-Karabakh et qui appartenaient à l’Azerbaïdjan.
La guerre a commencé en 1990 lorsque l’Azerbaïdjan a voulu reprendre tout le Haut-Karabakh, qui faisait partie de la RSS azerbaïdjanaise. Au cours de cette guerre, les Arméniens se sont emparés de certains territoires qui ne faisaient pas partie du Haut-Karabakh à l’origine.
L’essence de ces accords était de ramener la situation à sa position initiale : les territoires arméniens habités principalement par la population arménienne devaient revenir au Karabakh, et les territoires traditionnellement habités par les Azerbaïdjanais rendus à l’Azerbaïdjan.
La reprise totale des territoires dont parlait Ilham Aliyev n’aurait pas résolu le problème. Un compromis dans lequel tout le monde aurait été modérément satisfait aurait dû être trouvé.
Pachinian, qui reflète l’opinion de la partie la plus radicale de la société arménienne, principalement nationaliste, ne voulait rien donner. Les négociations ont été interrompues.
Les deux parties ont subi d’énormes pertes dans ce conflit armé, tant en hommes qu’en matériel. La société azerbaïdjanaise est beaucoup plus sensible aux pertes que la société arménienne. Les événements d’Erevan en particulier en témoignent.
Dans ces circonstances, que restait-il à Ilham Aliyev à faire ? Admettre que l’Azerbaïdjan n’a pas réussi à remporter une victoire complète en s’emparant de la totalité du territoire du Haut-Karabakh ? Comment la société réagirait-elle à cela ? Surtout lorsque le peuple azerbaïdjanais apprendra les pertes réelles, aussi bien humaines que technologique ?
La seule chose qui reste à faire est de claironner le plus fort possible une grande victoire. Et dans les termes les plus durs. C’est ce que fait Aliyev.
En même temps, je suis attentif : Aliyev comprend parfaitement qu’il s’agit d’une demi-victoire et d’une demi-défaite. Il est terriblement en colère à propos de ce qui s’est passé. La conséquence en sera qu’Aliyev tracera désormais fermement la ligne pro-turque, et que l’Azerbaïdjan deviendra un État hostile à la Russie.
Car en Arménie, ceux qui courent sur les places sont soit des imbéciles, soit des escrocs politiques. Ils auraient dû être envoyés au front, et ils auraient alors compris de quoi il en retournait.
D’ailleurs, Pachinian est en partie responsable de cette guerre. Il l’a provoquée lorsque, par ses actions, il a en fait perturbé les négociations sur le transfert de territoires qui n’avaient jamais fait partie du Haut-Karabakh et qui appartenaient à l’Azerbaïdjan.
La guerre a commencé en 1990 lorsque l’Azerbaïdjan a voulu reprendre tout le Haut-Karabakh, qui faisait partie de la RSS azerbaïdjanaise. Au cours de cette guerre, les Arméniens se sont emparés de certains territoires qui ne faisaient pas partie du Haut-Karabakh à l’origine.
L’essence de ces accords était de ramener la situation à sa position initiale : les territoires arméniens habités principalement par la population arménienne devaient revenir au Karabakh, et les territoires traditionnellement habités par les Azerbaïdjanais rendus à l’Azerbaïdjan.
La reprise totale des territoires dont parlait Ilham Aliyev n’aurait pas résolu le problème. Un compromis dans lequel tout le monde aurait été modérément satisfait aurait dû être trouvé.
Pachinian, qui reflète l’opinion de la partie la plus radicale de la société arménienne, principalement nationaliste, ne voulait rien donner. Les négociations ont été interrompues.
Les deux parties ont subi d’énormes pertes dans ce conflit armé, tant en hommes qu’en matériel. La société azerbaïdjanaise est beaucoup plus sensible aux pertes que la société arménienne. Les événements d’Erevan en particulier en témoignent.
Dans ces circonstances, que restait-il à Ilham Aliyev à faire ? Admettre que l’Azerbaïdjan n’a pas réussi à remporter une victoire complète en s’emparant de la totalité du territoire du Haut-Karabakh ? Comment la société réagirait-elle à cela ? Surtout lorsque le peuple azerbaïdjanais apprendra les pertes réelles, aussi bien humaines que technologique ?
La seule chose qui reste à faire est de claironner le plus fort possible une grande victoire. Et dans les termes les plus durs. C’est ce que fait Aliyev.
En même temps, je suis attentif : Aliyev comprend parfaitement qu’il s’agit d’une demi-victoire et d’une demi-défaite. Il est terriblement en colère à propos de ce qui s’est passé. La conséquence en sera qu’Aliyev tracera désormais fermement la ligne pro-turque, et que l’Azerbaïdjan deviendra un État hostile à la Russie.
De quelle manière cela se manifeste-t-il ?
Tout d’abord, Aliyev a commencé à mentir franchement sur les militaires turcs qui se seraient tenus sur la ligne de démarcation. En fait, seules des troupes russes seront présentes.
Deuxièmement : Aliyev a accepté de n’introduire que des soldats de la paix russes, ce qui est également un signe que l’Azerbaïdjan ne pouvait plus combattre.
Il existe également des preuves directes de la perte de la capacité des troupes azerbaïdjanaises à mener une offensive avec des pertes acceptables de la part des analystes militaires ukrainiens, qui sympathisait avec l’Azerbaïdjan et dont les évaluations sont donc assez objectives.
La classification des informations sur les pertes importantes des troupes azerbaïdjanaises peut également être considérée comme un signe de pertes élevées.
Les Arméniens n’ont pas caché ces données jusqu’à la publication des listes de victimes. Et l’Azerbaïdjan l’a classifié, ce qui suggère qu’ils sont au moins autant que les pertes Arméniennes, et très probablement beaucoup plus – la partie qui attaque subit toujours plus de pertes.
En Russie, pour rendre le résultat moins amer à l’Azerbaïdjan et à Aliyev, ils soutiennet que, oui, l’Arménie a été vaincue et l’Azerbaïdjan a gagné.
Et une partie de la société arménienne, disons – ne comprenant pas tout à fait ce qui se passe au HK, ne réalise pas la grandeur de sa victoire, prend la parole lors des rassemblements.
Venons-en maintenant à l’essentiel de la question. Le potentiel total des forces armées de l’Arménie et du Haut-Karabakh est environ cinq fois inférieur au potentiel militaire total de l’Azerbaïdjan.
Les Azerbaïdjanais ont lancé des opérations militaires dans deux directions : le nord-ouest et le sud-est. Avec une telle supériorité, ils ont pu passer avec d’énormes pertes à quelques kilomètres seulement pendant les sept premiers jours de la guerre. Ayant atteint la deuxième ligne de défense du Haut-Karabakh dans le massif montagneux, ils ont réalisé qu’ils ne pouvaient pas continuer comme ça. Une semaine plus tard, ils ont donc regroupé leurs forces, en se concentrant sur une direction sud-est. Leur forces étaient 10 à 12 fois plus nombreuses que les forces arméniennes.
Pensez à ces chiffres, à un tel avantage, il n’ont avancé que de 30-40 km en un mois.
Lorsqu’ils ont franchi toutes les lignes de défense et atteint l’espace opérationnel, ils ont continué à rencontrer une résistance farouche de la part des Arméniens. Les Arméniens ont transformé chaque village, chaque gorge, chaque chemin en une forteresse.
Avec une telle supériorité, les Azerbaïdjanais ont mis 3 jours pour conquérir la ville de Choucha. Pouvez-vous imaginer à quelle difficulté ils auraient dû affronter pour prendre Stepanakert ? Il y aurait tellement de corps qu’il est même effrayant d’y penser.
Même ces chiffres montrent que les Azéris ont subi d’énormes pertes, leurs ressources, en particulier les stocks de munitions, principalement pour l’artillerie, ont été largement dépensées.
Et maintenant, il y a des nuances militaires et stratégiques.
L’Azerbaïdjan avait dans son arsenal de multiples systèmes de roquettes et une artillerie d’une portée de 50 à 90 km.
Les Arméniens disposaient d’une artillerie de campagne d’une portée maximale de 15 à 20 km.
Les Azerbaïdjanais avaient environ 50 à 70 drones, qu’ils ont achetés à l’étranger. Ces drones permettaient de désigner les cibles de l’artillerie.
Les Arméniens n’avaient pas de drones. Ils ont utilisé des systèmes qui permettaient d’identifier avec une faible précision la batterie seulement après avoir ait tirée.
Les Azerbaïdjanais pouvaient lancer des tirs de fond, et les Arméniens ne pouvaient pas répondre. Ils ne pouvaient que se mettre à la portée de leur artillerie, puis ils devaient utiliser l’art des éclaireurs pour désigner les cibles des canons où tirer.
Si, dans les premiers jours, les Azerbaïdjanais ont montré comment fonctionnent les drones, comment ils détruisent des cibles, prennent des photos de chars détruits, alors tout cela s’est arrêté parce qu’il ne restait plus rien de ces drones : 46 sur 60 ont été détruits.
Les Azerbaïdjanais avaient suffisamment de moyens de défense aérienne pour combattre les drones, alors que le Haut-Karabakh ne disposait que de six canons automoteurs automatiques de type « Shilka » pour toute la ligne de défense. De plus, à mon avis, les Arméniens en ont déplacé une douzaine d’autres. Et ces canons – avec une portée de 2 à 2,5 km ont détruit les trois quarts des drones de l’Azerbaïdjan. Après cela, les drones ont cessé d’agir.
Les Azerbaïdjanais disposaient de 100 chars T-90 modernes, tandis que l’Arménie n’en avait pas. Elles ne disposaient que de T-72 modifié, qui ne pouvaient lutter contre les T-90 que dans des conditions très favorables. Les Arméniens comptaient 200 chars, les Azerbaïdjanais 444 chars. Les chiffres parlent d’eux-même.
Je ne peux dire qu’une chose : l’art opérationnel et la formation tactique du personnel de commandement des troupes du Haut-Karabakh est le plus élevé. Le courage est le plus élevé. Dans les conditions dans lesquelles ils ont combattu, avec la monstrueuse supériorité de pouvoir et de moyens dont disposaient les Azerbaïdjanais, les Arméniens ont fait preuve de merveilles d’héroïsme de masse. Je ne peux pas dire autre chose.
L’armée turque a envoyé des combattants du chaudron d’Idlib en Syrie, afin qu’ils puissent également résister aux combattants du Haut-Karabakh. Ces militants avaient une expérience considérable des combats ainsi qu’une croyance fanatique en l’Islam. Environ 300-400 personnes ont été déplacées dans les premiers jours, dont 50 ont été tuées le premier jour. C’est une perte énorme, et elle a été faite par les soldats de l’armée arménienne.
Il est bien connu que l’armée turque était impliquée dans la gestion des drones et des troupes azerbaïdjanaises.
L’Azerbaïdjan est confronté à une résistance croissante au quotidien.
À Choucha, trois jours se sont écoulés entre le moment où les Azéris sont entrés dans la périphérie de la ville et sa capture. Avec les forces dont disposait l’Arménie, elle a fait l’impossible. Les Arméniens ont repoussé l’attaque azerbaïdjanaise avec des pertes minimales de territoire et de personnel.
Une situation phénoménale, qui, je pense, sera encore étudiée de manière approfondie par la science militaire.
Tout d’abord, Aliyev a commencé à mentir franchement sur les militaires turcs qui se seraient tenus sur la ligne de démarcation. En fait, seules des troupes russes seront présentes.
Deuxièmement : Aliyev a accepté de n’introduire que des soldats de la paix russes, ce qui est également un signe que l’Azerbaïdjan ne pouvait plus combattre.
Il existe également des preuves directes de la perte de la capacité des troupes azerbaïdjanaises à mener une offensive avec des pertes acceptables de la part des analystes militaires ukrainiens, qui sympathisait avec l’Azerbaïdjan et dont les évaluations sont donc assez objectives.
La classification des informations sur les pertes importantes des troupes azerbaïdjanaises peut également être considérée comme un signe de pertes élevées.
Les Arméniens n’ont pas caché ces données jusqu’à la publication des listes de victimes. Et l’Azerbaïdjan l’a classifié, ce qui suggère qu’ils sont au moins autant que les pertes Arméniennes, et très probablement beaucoup plus – la partie qui attaque subit toujours plus de pertes.
En Russie, pour rendre le résultat moins amer à l’Azerbaïdjan et à Aliyev, ils soutiennet que, oui, l’Arménie a été vaincue et l’Azerbaïdjan a gagné.
Et une partie de la société arménienne, disons – ne comprenant pas tout à fait ce qui se passe au HK, ne réalise pas la grandeur de sa victoire, prend la parole lors des rassemblements.
Venons-en maintenant à l’essentiel de la question. Le potentiel total des forces armées de l’Arménie et du Haut-Karabakh est environ cinq fois inférieur au potentiel militaire total de l’Azerbaïdjan.
Les Azerbaïdjanais ont lancé des opérations militaires dans deux directions : le nord-ouest et le sud-est. Avec une telle supériorité, ils ont pu passer avec d’énormes pertes à quelques kilomètres seulement pendant les sept premiers jours de la guerre. Ayant atteint la deuxième ligne de défense du Haut-Karabakh dans le massif montagneux, ils ont réalisé qu’ils ne pouvaient pas continuer comme ça. Une semaine plus tard, ils ont donc regroupé leurs forces, en se concentrant sur une direction sud-est. Leur forces étaient 10 à 12 fois plus nombreuses que les forces arméniennes.
Pensez à ces chiffres, à un tel avantage, il n’ont avancé que de 30-40 km en un mois.
Lorsqu’ils ont franchi toutes les lignes de défense et atteint l’espace opérationnel, ils ont continué à rencontrer une résistance farouche de la part des Arméniens. Les Arméniens ont transformé chaque village, chaque gorge, chaque chemin en une forteresse.
Avec une telle supériorité, les Azerbaïdjanais ont mis 3 jours pour conquérir la ville de Choucha. Pouvez-vous imaginer à quelle difficulté ils auraient dû affronter pour prendre Stepanakert ? Il y aurait tellement de corps qu’il est même effrayant d’y penser.
Même ces chiffres montrent que les Azéris ont subi d’énormes pertes, leurs ressources, en particulier les stocks de munitions, principalement pour l’artillerie, ont été largement dépensées.
Et maintenant, il y a des nuances militaires et stratégiques.
L’Azerbaïdjan avait dans son arsenal de multiples systèmes de roquettes et une artillerie d’une portée de 50 à 90 km.
Les Arméniens disposaient d’une artillerie de campagne d’une portée maximale de 15 à 20 km.
Les Azerbaïdjanais avaient environ 50 à 70 drones, qu’ils ont achetés à l’étranger. Ces drones permettaient de désigner les cibles de l’artillerie.
Les Arméniens n’avaient pas de drones. Ils ont utilisé des systèmes qui permettaient d’identifier avec une faible précision la batterie seulement après avoir ait tirée.
Les Azerbaïdjanais pouvaient lancer des tirs de fond, et les Arméniens ne pouvaient pas répondre. Ils ne pouvaient que se mettre à la portée de leur artillerie, puis ils devaient utiliser l’art des éclaireurs pour désigner les cibles des canons où tirer.
Si, dans les premiers jours, les Azerbaïdjanais ont montré comment fonctionnent les drones, comment ils détruisent des cibles, prennent des photos de chars détruits, alors tout cela s’est arrêté parce qu’il ne restait plus rien de ces drones : 46 sur 60 ont été détruits.
Les Azerbaïdjanais avaient suffisamment de moyens de défense aérienne pour combattre les drones, alors que le Haut-Karabakh ne disposait que de six canons automoteurs automatiques de type « Shilka » pour toute la ligne de défense. De plus, à mon avis, les Arméniens en ont déplacé une douzaine d’autres. Et ces canons – avec une portée de 2 à 2,5 km ont détruit les trois quarts des drones de l’Azerbaïdjan. Après cela, les drones ont cessé d’agir.
Les Azerbaïdjanais disposaient de 100 chars T-90 modernes, tandis que l’Arménie n’en avait pas. Elles ne disposaient que de T-72 modifié, qui ne pouvaient lutter contre les T-90 que dans des conditions très favorables. Les Arméniens comptaient 200 chars, les Azerbaïdjanais 444 chars. Les chiffres parlent d’eux-même.
Je ne peux dire qu’une chose : l’art opérationnel et la formation tactique du personnel de commandement des troupes du Haut-Karabakh est le plus élevé. Le courage est le plus élevé. Dans les conditions dans lesquelles ils ont combattu, avec la monstrueuse supériorité de pouvoir et de moyens dont disposaient les Azerbaïdjanais, les Arméniens ont fait preuve de merveilles d’héroïsme de masse. Je ne peux pas dire autre chose.
L’armée turque a envoyé des combattants du chaudron d’Idlib en Syrie, afin qu’ils puissent également résister aux combattants du Haut-Karabakh. Ces militants avaient une expérience considérable des combats ainsi qu’une croyance fanatique en l’Islam. Environ 300-400 personnes ont été déplacées dans les premiers jours, dont 50 ont été tuées le premier jour. C’est une perte énorme, et elle a été faite par les soldats de l’armée arménienne.
Il est bien connu que l’armée turque était impliquée dans la gestion des drones et des troupes azerbaïdjanaises.
L’Azerbaïdjan est confronté à une résistance croissante au quotidien.
À Choucha, trois jours se sont écoulés entre le moment où les Azéris sont entrés dans la périphérie de la ville et sa capture. Avec les forces dont disposait l’Arménie, elle a fait l’impossible. Les Arméniens ont repoussé l’attaque azerbaïdjanaise avec des pertes minimales de territoire et de personnel.
Une situation phénoménale, qui, je pense, sera encore étudiée de manière approfondie par la science militaire.
Quels mots faut-il trouver pour les Arméniens qui ne partagent pas votre point de vue ?
Ils s’assoient dans leurs chaleureuses maisons et demandent à envoyer d’autres personnes au front. Leur demande de dénonciation du traité signifie le début de la guerre.
Il n’y a aucun moyen de donner un sens aux paroles de ces gens. Il suffit de les assembler, de leur donner des armes et de les envoyer au front sous les bombes azerbaïdjanaises.
Ceux qui ont combattu sont heureux que la guerre soit terminée. Ils savent ce que c’est. C’est leur exploit, la victoire de toute la nation arménienne.
Il n’y a aucun moyen de donner un sens aux paroles de ces gens. Il suffit de les assembler, de leur donner des armes et de les envoyer au front sous les bombes azerbaïdjanaises.
Ceux qui ont combattu sont heureux que la guerre soit terminée. Ils savent ce que c’est. C’est leur exploit, la victoire de toute la nation arménienne.
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5. Nouvelles d'Arménie
20 novembre 2020
Poutine affirme que les Arméniens auraient limité les pertes au Karabagh s’ils avaient accepté les conditions posées par Bakou le 19 octobre… Premiers démentis Erevan !
Dans une interview accordée à la télévision d’Etat russe, le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi 17 novembre que la partie arménienne aurait pu limiter considérablement ses pertes territoriales, et aurait pu conserver le contrôle de Shoushi (Shusha), la deuxième ville du Karabagh, dont la reprise par les forces azéries le 9 novembre a été déterminante pour l’issue de la guerre. La capitale du Karabagh, Stepanakert, se situe en effet à une portée de canon de Shoushi, et sa défense devenant dès lors impossible, les Arméniens ont dû accepter de baisser les armes et se soumettre aux termes du cessez-le-feu imposé par le Kremlin, qui mettait fin à 45 jours de violents combats. L’Azerbaïjan, qui avait fait de la reconquête de Shoushi, qu’il considère comme la capitale du « Karabagh azéri », un enjeu stratégique et symbolique, avait accepté cette fois de cesser les hostilités, qu’il avait systématiquement relancées après trois précédentes tentatives de cessez-le-feu, à l’initiative de la Russie le 10 octobre, de la France le 17 octobre, puis des Etats-Unis le 25 octobre. Outre le contrôle de Shoushi, Bakou avait obtenu le retour dès la fin du mois de novembre sous son autorité de trois districts environnant le Karabagh qui étaient sous contrôle arménien depuis 1994. Bakou a par ailleurs repris quatre autres districts, eux aussi sous le contrôle des Arméniens depuis le début des années 1990, et qui avaient vocation à servir de monnaie d’échange pour une paix durable. Dans leur avancée au sud du Haut Karabagh proprement dit, les forces azéries ont aussi occupé la région de Hadrout. S’exprimant sur la chaîne Rossiya-24 TV, V.Poutine a notamment déclaré : “Les 19-20 octobre, j’ai eu une série d’entretiens téléphoniques avec le président [azerbaïdjanais] Aliyev et le premier ministre [arménien] Pachinian. A l’époque, les forces armées de l’Azerbaïdjan gagnaient du terrain sur une partie significative du Haut-Karabagh proprement dit, dans sa partie sud ». « Sur le fond, j’avais réussi à convaincre le président Aliyev qu’il était possible de cesser les hostilités, mais le retour des réfugiés [azerbaïdjanais], y compris à Shusha, était une condition sine qua non, de son point de vue. A ma grande surprise, nos partenaires arméniens ont tenu cette proposition pour inacceptable ». “Le premier ministre Pachinian m’a dit clairement qu’il y voyait une menace aux intérêts de l’Arménie et du Haut-Karabagh”, a poursuivi V.Poutine en précisant : “Je ne comprends pas vraiment la nature de cette hypothétique menace. En fait, il s’agissait du retour de civils dans leurs foyers, la partie armenienne étant censée garder le contrôle de cette partie du Haut-Karabagh, dont Shusha”. “A ce stade, le premier ministre m’a fait savoir que son pays ne pourrait être d’accord avec cela, et qu’il poursuivrait le combat”, a ajouté le président russe.
De telles déclarations ne sont pas pour rehausser le crédit de N.Pachinian en Arménie, et ne lui rendent pas vraiment service, alors que des manifestations, à l’appel de 17 partis ou groupes d’opposition, réclament quotidiennement sa démission depuis la signature de l’accord du 10 novembre, qualifié de « trahison ». Mais le président russe veut-il vraiment aider Pachinian, envers qui il nourrit une méfiance tenace depuis son arrivée au pouvoir en mai à Erevan à la faveur d’une « révolution de velours » que le Kremlin a toujours suspectée d’avoir été inspirée par les Américains ? Il reste que la question de la perte de Shoushi ne manquera pas d’être posée à Pachinian, et elle a déjà été au cœur semble-t-il, du limogeage lundi du ministre arménien des affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanian, remplacé mercredi par M. Ayvazian. Si le premier ministre n’a pas donné de motifs pour le départ de M.Mnatsakanian, qui affirme de son côté avoir démissionné, il faut croire que les déclarations de ce dernier, qui contredisaient les affirmations de N.Pachinian selon lesquelles le retour de Shoushi à l’Azerbaïdjan aurait été au cœur des négociations arméno-azéries ces derniers mois, ont précipité son départ. L’ancien ministre des affaires étrangères avait fait savoir qu’il n’avait jamais été question, au cours des négociations dans le cadre du Groupe de Minsk, de quelque retour de Shoushi sous l’autorité de Bakou. Les déclarations de V.Poutine ne vont pas manquer de relancer les spéculations, et de semer le doute sur la façon dont Pachinian a mené les négociations, jusqu’au terme d’une capitulation dont une grande partie de la classe politique arménienne lui reproche, en tout état de cause, de ne pas en avoir informé les Arméniens, qu’il se soit agi du retour de la ville de Shoushi sous autorité azérie ou du retour de réfugiés azéris dans une ville de Shoushi qui serait restée sous autorité arménienne. Si, à en croire V.Poutine, N.Pachinian lui aurait fait savoir que les Arméniens ne seraient pas d’accord avec cette deuxième option, alors, les Arméniens peuvent aujourd’hui lui reprocher de ne pas avoir été consultés sur ce point et d’avoir été placés devant le fait accompli de la perte de Shoushi.
Si le gouvernement arménien n’a pas réagi officiellement aux déclarations de V.Poutine, ses opposants n’ont d’ailleurs pas manqué de les utiliser, en y voyant de nouvelles preuves de l’incompétence de N. Pachinian et de son incapacité à mener la guerre comme les négociations. Pourtant, deux figures de proue de l’alliance Im Kayl (Mon Pas) de Pachinian, majoritaire au Parlement arménien, ont esquissé une réponse, en confirmant qu’un accord en vue d’une trêve, tel qu’il avait été cité par V. Poutine, avait bien été proposé à l’Arménie le mois dernier. Mais tous deux ont insisté sur le fait qu’un accord de Erevan sur le retour des réfugiés à Shoushi aurait de toute manière conduit à rétablir l’autorité de l’Azerbaïdjan sur cette ville d’une importance stratégique majeure. “Cela signifiait rendre Shoushi”, a souligné la vice-présidente du Parlement Lena Nazarian, en précisant qu’à ce stade, les leaders de l’Arménie et du Karabagh avaient encore l’espoir d’inverser en leur faveur le cours de la guerre. “Si l’Arménie et l’Artsakh avaient accepté les 19-20 octobre le retour des réfugiés azerbaïdjanais à Shoushi, nous aurions été accusés aujourd’hui d’avoir rendu Shoushi”, a ajouté L. Nazarian lors d’une conférence de presse aux côtés d’un autre député proche du gouvernement, Arman Yeghoyan. “Le futur maire de Shoushi aurait été un Azerbaïdjanais car les Azerbaïdjanais auraient constitué au moins 80 % de la population” de la ville, a indiqué de son côté A.Yeghoyan. Edmon Marukian, le leader du Parti d’opposition parlementaire Arménie lumineuse (LHK), a balayé de tels arguments. “Shoushi n’aurait pas eu de maire azerbaïdjanais”, a rétorqué E.Marukian devant les journalistes en ajoutant : “La question des réfugiés avait été certes discutée, mais la question de savoir si les réfugiés azerbaïdjanais y retourneraient ou non restait ouverte”. S’il est trop tard pour réécrire l’histoire, on peut en tout cas donner raison au responsable de l’opposition quant à la faiblesse de l’argument avancé par les députés proches du pouvoir.
De telles déclarations ne sont pas pour rehausser le crédit de N.Pachinian en Arménie, et ne lui rendent pas vraiment service, alors que des manifestations, à l’appel de 17 partis ou groupes d’opposition, réclament quotidiennement sa démission depuis la signature de l’accord du 10 novembre, qualifié de « trahison ». Mais le président russe veut-il vraiment aider Pachinian, envers qui il nourrit une méfiance tenace depuis son arrivée au pouvoir en mai à Erevan à la faveur d’une « révolution de velours » que le Kremlin a toujours suspectée d’avoir été inspirée par les Américains ? Il reste que la question de la perte de Shoushi ne manquera pas d’être posée à Pachinian, et elle a déjà été au cœur semble-t-il, du limogeage lundi du ministre arménien des affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanian, remplacé mercredi par M. Ayvazian. Si le premier ministre n’a pas donné de motifs pour le départ de M.Mnatsakanian, qui affirme de son côté avoir démissionné, il faut croire que les déclarations de ce dernier, qui contredisaient les affirmations de N.Pachinian selon lesquelles le retour de Shoushi à l’Azerbaïdjan aurait été au cœur des négociations arméno-azéries ces derniers mois, ont précipité son départ. L’ancien ministre des affaires étrangères avait fait savoir qu’il n’avait jamais été question, au cours des négociations dans le cadre du Groupe de Minsk, de quelque retour de Shoushi sous l’autorité de Bakou. Les déclarations de V.Poutine ne vont pas manquer de relancer les spéculations, et de semer le doute sur la façon dont Pachinian a mené les négociations, jusqu’au terme d’une capitulation dont une grande partie de la classe politique arménienne lui reproche, en tout état de cause, de ne pas en avoir informé les Arméniens, qu’il se soit agi du retour de la ville de Shoushi sous autorité azérie ou du retour de réfugiés azéris dans une ville de Shoushi qui serait restée sous autorité arménienne. Si, à en croire V.Poutine, N.Pachinian lui aurait fait savoir que les Arméniens ne seraient pas d’accord avec cette deuxième option, alors, les Arméniens peuvent aujourd’hui lui reprocher de ne pas avoir été consultés sur ce point et d’avoir été placés devant le fait accompli de la perte de Shoushi.
Si le gouvernement arménien n’a pas réagi officiellement aux déclarations de V.Poutine, ses opposants n’ont d’ailleurs pas manqué de les utiliser, en y voyant de nouvelles preuves de l’incompétence de N. Pachinian et de son incapacité à mener la guerre comme les négociations. Pourtant, deux figures de proue de l’alliance Im Kayl (Mon Pas) de Pachinian, majoritaire au Parlement arménien, ont esquissé une réponse, en confirmant qu’un accord en vue d’une trêve, tel qu’il avait été cité par V. Poutine, avait bien été proposé à l’Arménie le mois dernier. Mais tous deux ont insisté sur le fait qu’un accord de Erevan sur le retour des réfugiés à Shoushi aurait de toute manière conduit à rétablir l’autorité de l’Azerbaïdjan sur cette ville d’une importance stratégique majeure. “Cela signifiait rendre Shoushi”, a souligné la vice-présidente du Parlement Lena Nazarian, en précisant qu’à ce stade, les leaders de l’Arménie et du Karabagh avaient encore l’espoir d’inverser en leur faveur le cours de la guerre. “Si l’Arménie et l’Artsakh avaient accepté les 19-20 octobre le retour des réfugiés azerbaïdjanais à Shoushi, nous aurions été accusés aujourd’hui d’avoir rendu Shoushi”, a ajouté L. Nazarian lors d’une conférence de presse aux côtés d’un autre député proche du gouvernement, Arman Yeghoyan. “Le futur maire de Shoushi aurait été un Azerbaïdjanais car les Azerbaïdjanais auraient constitué au moins 80 % de la population” de la ville, a indiqué de son côté A.Yeghoyan. Edmon Marukian, le leader du Parti d’opposition parlementaire Arménie lumineuse (LHK), a balayé de tels arguments. “Shoushi n’aurait pas eu de maire azerbaïdjanais”, a rétorqué E.Marukian devant les journalistes en ajoutant : “La question des réfugiés avait été certes discutée, mais la question de savoir si les réfugiés azerbaïdjanais y retourneraient ou non restait ouverte”. S’il est trop tard pour réécrire l’histoire, on peut en tout cas donner raison au responsable de l’opposition quant à la faiblesse de l’argument avancé par les députés proches du pouvoir.
Si Shoushi était restée sous contrôle arménien, dans le contexte d’une paix encore à définir, il est peu probable que l’on ait assisté à un retour massif de réfugiés azéris. La localité, même si les autorités de l’Artsakh en avaient fait leur capitale culturelle, ne comptait que quelque 8 000 habitants, et se relevait à peine des destructions de la première guerre de 1991-94, voire des guerres arméno-tatares du début du 20e siècle. Peuplée il est vrai très majoritairement d’Azéris avant 1992, Shoushi n’aurait pas été en mesure d’accueillir ses anciens résidents azéris, si tant est qu’ils aient voulu y revenir en nombre, malgré toute la « bonne volonté » d’Aliev.
Le LHK et l’autre parti d’opposition représenté au Parlement, Arménie Prospère (BHK), demandent la démission de N.Pachinian depuis l’annonce du cessez-le-feu, et se sont joints au vaste mouvement d’opposition rassemblant, autour de la même exigence, une quinzaine de partis et formations extraparlementaires. Le premier ministre et ses alliés politiques n’entendent pas quitter le pouvoir, et ont présenté une « feuille de route » sur six mois fixant les priorités pour le pays, de la gestion de la crise du Karabagh à celle du Covid.
Le LHK et l’autre parti d’opposition représenté au Parlement, Arménie Prospère (BHK), demandent la démission de N.Pachinian depuis l’annonce du cessez-le-feu, et se sont joints au vaste mouvement d’opposition rassemblant, autour de la même exigence, une quinzaine de partis et formations extraparlementaires. Le premier ministre et ses alliés politiques n’entendent pas quitter le pouvoir, et ont présenté une « feuille de route » sur six mois fixant les priorités pour le pays, de la gestion de la crise du Karabagh à celle du Covid.
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6. France 24
19 novembre 2020
Haut-Karabakh : les grands brûlés d'Erevan pansent leurs plaies