Le Point , Marianne, Nouvelles d’Arménie Magazine : la sélection d’OTC (Organisation Terre & Culture)
FIN D'UNE GUERRE SANGLANTE, DÉBUT D'UNE PAIX INQUIÉTANTEPatrimoine, populations locales, économie, ingérences russe et turque… La résolution du conflit dans le Haut-Karabakh fait naître de nombreuses problématiques.
Huit jours après la signature d'un accord de cessez-le-feu qui a permis, sous l'égide de Moscou, de mettre fin à six semaines de combats sanglants dans le HautKarabakh, Vladimir Poutine se montre plutôt optimiste. « Le fait que les hostilités se soient arrêtées et que les parties soient convenues de débloquer les routes et de rétablir les liens économiques est d'une importance cruciale, et cela crée une bonne base pour normaliser les relations à long terme », a-t-il confié à la télévision russe. Reconnaissant qu'il « faudra du temps pour que la situation se stabilise et que les gens sentent la paix revenir dans leur coeur et leur âme », il présente comme une garantie les 2 000 soldats russes de maintien de la paix déployés le long de la ligne de contact pour une durée de cinq ans renouvelable, afin d'« assurer une véritable sécurité des personnes qui rentrent chez elles des deux côtés ». Pour autant, l'accord qui fixe le partage du territoire se garde d'entrer dans les détails et de mentionner le statut de l'enclave.
Un flou dans lequel s'est immédiatement engouffré Recep Tayyip
Erdogan, pour clamer son droit à envoyer ses soldats dans le Karabakh. Le président russe s'y est opposé. Rappelant le contentieux turco-arménien, dû au génocide de 1915 et à sa négation par Ankara, Poutine dit avoir convaincu ses partenaires turcs et azerbaïdjanais « de ne pas créer de motifs pour saper [les] accords ». « Le président Erdogan en est conscient », a-t-il précisé. La Turquie participera donc bien au contrôle du cessez-le-feu, mais depuis un centre commun, qui utilisera des drones en Azerbaïdjan, a conclu Poutine.
Coprésidente, avec la Russie et les États-Unis, du groupe de Minsk de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), chargé de régler le conflit du ›
› Karabakh, la France a appelé à reprendre « sans tarder les négociations sur le retour des personnes déplacées ces dernières semaines et la définition du statut futur du Haut-Karabakh ». Pour l'ambassadeur azerbaïdjanais à Moscou, Polad Bülbüloglu, « ce n'est pas un statu quo, et il n'y en aura jamais. Ce n'est pas une trêve, le problème du Karabakh est réglé ». Réglé ? « Les Arméniens qui voudront rester devront vivre selon les lois de l'Azerbaïdjan. S'ils y sont prêts moralement, qu'ils restent, qu'ils vivent, qu'ils travaillent. Aujourd'hui, en Azerbaïdjan, il y a beaucoup plus de possibilités de développement économique qu'en Arménie. » Mais pas question, poursuit-il, de laisser place au séparatisme en donnant comme exemples « tragiques » l'Espagne, la Belgique, l'Italie ou le Royaume-Uni…
Une culture pillée
Qu'adviendra-t-il des populations arméniennes vivant dans les zones rétrocédées à Bakou ? Et de leurs églises millénaires ? On est en droit d'être inquiet quand on connaît le destin du patrimoine arménien au Nakhitchevan, l'autre enclave rattachée à l'Azerbaïdjan par Staline en 1923. Selon un rapport publié l'an dernier par deux universitaires américains, Simon Maghakyan et Sarah Pickman, les 89 églises arméniennes locales y ont été détruites au cours des trente dernières années, ainsi que des centaines de khatchkars, les croix-pierres tombales traditionnelles arméniennes. D'autant que le ministre de la Culture à Bakou, Anar Karimov, vient de déclarer que le splendide monastère arménien de Dadivank, construit entre le IXe et le XIIIe siècle, était « l'un des meilleurs témoignages de l'ancienne civilisation albano-caucasienne » dont se réclament les Azerbaïdjanais. L'Unesco a proposé l'envoi dans le Karabakh d'une mission chargée de dresser l'inventaire de ce patrimoine. Et Vladimir Poutine a demandé à son homologue azerbaïdjanais que soient protégés les « monastères chrétiens » du Karabakh. Pour combien de temps ?
______________________________ 2. Marianne Magazine 27/11/2020 UN ÉTAT DANS TOUS SES ÉTATSAprès six semaines de guerre, la république autoproclamée du Haut-Karabakh cherche les moyens de subsister et de rassurer ses habitants. Entre reconstruction et question sécuritaire, la région joue sa survie.
"ON ATTEND QUE LE GOUVERNEMENT nous donne un toit. Le reste, on verra plus tard", confie Vahan, habitant de Chouchi, aujourd'hui en zone azerbaïdjanaise et réfugié à Stepanakert. Ci-contre, dans la capitale du Haut-Karabakh, le 11 octobre. Dans la lumière bleutée de la fin d'après-midi, une dizaine de familles déplacées patientent auprès de montagnes de bagages bariolés. Deux cars en provenance d'Arménie viennent de les déposer sur l'asphalte gelé du centre-ville de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh. Après quarante-quatre jours de guerre entre Arméniens et forces azerbaïdjanaises, l'accord de cessez-le-feu signé entre Erevan et Bakou, sous l'égide de Moscou, a sonné le retour d'une partie des habitants. Depuis le 14 novembre, près de 4 000 réfugiés sont ainsi revenus dans la région, encouragés à quitter l'Arménie. Certains ne sont pas originaires de la capitale et se trouvent aujourd'hui sans logement. C'est le cas de Gohar
Arusdamhian et de ses huit enfants, natifs de Chouchi, ville aujourd'hui située en zone azerbaïdjanaise : « J'ai tout laissé : ma maison, mes meubles, mes affaires. Tout ce que vous voyez, je l'ai acheté à Erevan. J'aimerais que les Turcs partent pour retrouver ma maison. Dès que Chouchi nous reviendra, alors on y retournera. » Pragmatique, son fils Vahan, 17 ans, ajoute : « On attend que le gouvernement de la république d'Artsakh [la dénomination arménienne du Haut-Karabakh] nous donne un toit. Le reste, on verra plus tard. » Mais les autorités de la capitale, forte de 50 000 habitants avant la guerre (soit un tiers de la population du HautKarabakh), sont formelles : « Nous n'avons pas les infrastructures pour accueillir plus de gens. Nous devons d'abord penser au relogement des résidents de la capitale dont les habitations ont été bombardées », explique Suren Tamrazyan, vicemaire de Stepanakert. Avant de préciser : « Cette concentration fragilisait déjà l'État avant la guerre. C'est pourquoi on n'autorisait pas les villageois à s'installer à Stepanakert, afin d'éviter que les régions se vident. Or Stepanakert ne peut exister sans elles, car ce sont les provinces qui produisent la viande, les fruits et légumes consommés ici. »
Rattachement à la Russie
Un état d'urgence d'autant plus compliqué à résoudre que la région n'est pas reconnue par la communauté internationale (pas même par l'Arménie) et qu'elle ne peut compter sur une aide extérieure. « De fait, si Erevan reconnaissait l'Artsakh, l'Arménie serait alors considérée comme un agresseur et l'Azerbaïdjan refuserait aussitôt de participer à des négociations », décrypte le ministre de l'Économie, Armen Tovmasyan. En vérité, Bakou refuse les négociations avec Stepanakert, bien que la république d'Artsakh fonctionne de facto comme un État avec un président élu, un gouvernement, un Parlement, une armée, un système d'aide sociale, des écoles et des hôpitaux.
Ses dépenses de fonctionnement, dont le budget pour 2020 s'élève à hauteur d'environ 267 millions de dollars, sont principalement financées par les taxes et les impôts prélevés sur le territoire du Haut-Karabakh. Aussi, la question de l'exil des deux tiers des quelque 150 000 habitants du territoire inquiète. Vahram Poghosyan, porte-parole du président de la république d'Artsakh, calcule : « D'après nos informations, environ 100 000 personnes sont encore réfugiées en Arménie, dont 40 000 sont issues des territoires sous domination azerbaïdjanaise. Si les gens ont peur de revenir dans les campagnes, ils ne participeront pas au développement de notre État, ce qui nous fragilisera évidemment. » Traditionnellement, l'économie du Haut-Karabakh est fondée sur quatre grands secteurs : l'énergie, l'agriculture, l'exploitation de l'or et le tourisme arménien – en raison des sources chaudes et du patrimoine culturel chrétien. Autant de richesses qui reviennent maintenant en bonne partie à l'Azerbaïdjan.
Le porte-parole du président le reconnaît : « Je ne sais pas comment nous allons financer l'État à l'avenir. En plus des équipements que nous avions importés de Russie et qui se trouvent désormais dans les territoires occupés, nous avons perdu des milliers d'emplois dans ces zones. Se pose donc la question du reclassement de ces travailleurs. »
Pour de nombreux habitants du Haut-Karabakh fraîchement débarqués à Stepanakert, rester en Arménie est aujourd'hui impensable. La famille de Sveta Balaian est rentrée de Goris, où elle s'était réfugiée depuis le 27 septembre, date du début de la guerre. La sexagénaire constate : « La lumière de notre mère patrie nous appelait. Mais l'ennemi est très près, et nous n'avons pas confiance dans la capacité du gouvernement à nous protéger. »
Pour l'heure, ce sont les 2 000 soldats russes déployés pour cinq ans qui doivent garantir leur sécurité.
Et les rumeurs vont bon train sur la possibilité d'accéder à des passeports russes et sur un rattachement à la Fédération de Russie. « Ces propositions sont des mythes. Mais je constate que des Artsakhis sont prêts aujourd'hui à voter sur la question du rattachement à la Russie, moins préoccupés par leurs droits que par leurs vies », conclut, depuis le palais présidentiel, un Vahram Poghosyan amer.
______________________________ 3. Revue Conflits 27/11/2020
Le 10 novembre, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont mis un terme à la phase active du conflit du Karabagh par un cessez-le-feu signé sous l'égide de la Russie. Les développements et séquelles que se déroulent depuis lors ont de quoi rendre les observateurs aussi perplexes que les opérations militaires telles qu'elles se sont déroulées.
Étrange défaite arménienne, incertaine victoire azerbaïdjanaiseLa défaite de l'Arménie et du Karabagh fait vraiment songer à cette « étrange défaite » qu'évoquait Marc Bloch au sujet de la débâcle de l'armée française en 1940 : certes il y a eu les drones turcs et israéliens, certes il y a eu l'engagement massif de mercenaires djihadistes, mais cela n'explique pas tout, tant s'en faut. Dans un texte récemment publié, un mystérieux analyste politique russe, Evgeny Krutikov – peut-être un pseudonyme – pose toute une série de bonnes questions dont les réponses intéresseront nombre d'experts politiques et militaires : pourquoi l'essentiel de l'armée professionnelle arménienne n'a jamais quitté le territoire arménien pour voler au secours de l'Artsakh ? Pourquoi les troupes stationnées au nord de l'Artsakh n'ont-elles pas été transférées sur le front Sud quand celui-ci s'effondrait ? Pourquoi les troupes arméniennes n'ont-elles jamais entrepris de contre-offensive quand cela était possible, c'est-à-dire quand l'armée azerbaïdjanaise fut mise en grande difficulté lors de sa tentative avortée de prendre Berdzor ? Pourquoi enfin Chouchi fut-elle quasiment abandonnée alors que les petits détachements azéris démunis d'équipements lourds qui tentaient de prendre la ville étaient systématiquement anéantis, notamment à Karin Dag ? Si les réponses détaillées à ces questions ne seront sans doute pas connues avant longtemps, il est cependant presque certain qu'elles mettront en cause la gestion du conflit par les dirigeants politiques et militaires de l'Arménie et de l'Artsakh et leurs décisions probablement calamiteuses.
Une victoire ambiguëReste que si la défaite de l'entité arménienne – Arménie et Karabagh – est bien certaine, la nature de la victoire de l'Azerbaïdjan est ambiguë. Cette victoire est certes incontestable d'un point de vue militaire. Pour la construire, Ilham Aliev s'est très largement appuyé sur les capacités militaires et logistiques turques à tel point qu'on a pu croire – l'auteur de cet article le premier – à une prise en main quasi totale d'Ankara sur la conduite des opérations azerbaïdjanaises et même à une mise sous tutelle turque de l'Azerbaïdjan. Mais l'interprétation simple d'un conflit par procuration entre la Turquie et la Russie pour séduisante qu'elle ait pu paraître semble désormais trop simple. Car au final, c'est bien la Russie et la Russie seule qui a « offert » une médiation et qui a permis un cessez-le-feu dont les clauses tout comme la mise en œuvre pratique ne manquent pas d'étonner au moins sur deux points : le large déploiement de forces russes de maintien de la paix sur la nouvelle ligne de contact entre le territoire résiduel de l'Artsakh, avec un centre de commandement à Barda en Azerbaïdjan, et la libre circulation garantie par l'Arménie – et assortie d'une nouvelle route – « entre les régions orientales de la République d'Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan » – sous le contrôle des gardes-frontières du Service fédéral de sécurité de Russie.
L'Arménie, protectorat russeLa question qui se pose est de savoir quels desseins de Vladimir Poutine transcrit ce texte et ce qu'en pensent les exécutifs arménien et azerbaïdjanais. Côté arménien, il est probable qu'à l'heure actuelle, on n'en pense pas grand-chose. Accablé par la défaite, Nikol Pachinian se voit désormais contester par la rue et par de nombreuses formations politiques qui n'auraient sans doute guère fait mieux que lui. S'il semble toujours soutenu par une majorité d'Arméniens, les défections de ministres s'enchaînent – notamment celles des poids lourds qu'étaient le ministre des Affaires étrangères et surtout le ministre de la Défense. L'instabilité politique promet d'être telle que Vladimir Poutine a cru devoir voler au secours du Premier ministre arménien qu'il n'apprécie pourtant guère : dans une interview récente qu'il conviendrait de lire et de relire attentivement, le maître du Kremlin – réfutant les accusations de « trahison » formulées par l'opposition arménienne à l'égard de Pachinian – a considéré comme « suicidaire » que le pouvoir puisse tomber dans les mains de personnes qui refuseraient les termes du cessez-le-feu en ajoutant que « un pays en guerre ou menacé de la reprise des hostilités ne peut pas se permettre de se comporter d'une telle manière, y compris dans le domaine de l'organisation du pouvoir. Il ne peut pas diviser sa société de l'intérieur. C'est inadmissible, contre-productif, et hautement dangereux ». Dans ses propos, Poutine a également lourdement insisté, et comme à regret, sur le fait que « l'Arménie n'a jamais reconnu l'indépendance et la souveraineté du Haut-Karabagh » tout en ajoutant que la Russie n'avait pas abandonné et n'abandonnerait pas l'Arménie. En clair, la Russie considère à juste titre que nul ne peut être plus royaliste que le roi et que si l'Arménie avait reconnu l'Artsakh, cela aurait pu changer le cours des évènements diplomatiques de ces vingt dernières années. La Russie indique également que le pays de l'Ararat est plus que jamais son protectorat – même si ce protectorat est vu par Moscou comme bienveillant – dont la sécurité et les frontières sont désormais assurées par les services du FSB et par l'armée russe.
Est-ce à dire que le sort du Karabagh est également réglé ? La réponse est non selon le même Vladimir Poutine qui rappelle que le statut final du territoire sera déterminé par de futures négociations dans le cadre du groupe de Minsk dont il ne semble pas souhaiter s'affranchir. Dans un entretien séparé avec ses ministres de la défense et des affaires étrangères, Poutine semble au contraire vouloir associer très largement la communauté internationale au règlement du conflit en demandant à ce qu'un contact étroit soit maintenu non seulement avec le groupe de Minsk, mais aussi avec la Croix-Rouge, les agences de l'ONU pour les droits de l'Homme et pour les réfugiés et même avec l'UNESCO pour ce qui est du patrimoine architectural arménien désormais en péril dans les terres conquises par l'Azerbaïdjan.
A écouter aussi : Fenêtre sur le monde. Conflit au Haut-Karabagh
Balkanisation ou intégration régionale : quel modèle demain pour le Sud-Caucase ?Les propos tenus par ailleurs par le président russe selon lequel « si les conditions appropriées sont créées pour une vie normale et que les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, entre les gens de la vie quotidienne, en particulier dans la zone de conflit, sont rétablies, cela créera un environnement pour déterminer le statut du Karabagh » semblent venir en soutien des diverses provisions de l'accord de cessez-le-feu prévoyant quasiment une libre circulation régionale des Arméniens et des Azerbaïdjanais. Ce point, répété selon diverses modalités au long de l'entretien, est sans doute l'un des plus cruciaux et peut mener à termes à deux modèles fort différents l'un de l'autre dont il est difficile à ce stade de dire lequel a la préférence de leur instigateur russe et surtout lequel il sera capable d'imposer : la balkanisation ou l'intégration régionale.
Le premier modèle est celui qui vient tout de suite à l'esprit : un Sud-Caucase bardé de check-points russes que ce soit en Arménie, au Karabagh ou en Azerbaïdjan et une intrication de bantoustans de plus en plus morcelés – aujourd'hui le Karabagh, demain le Zangézour, après-demain le Nakhitchevan et pourquoi pas le pays lezguien ou le pays talish au Nord et au Sud de l'Azerbaïdjan, auxquels il faudrait ajouter, pour compléter le tableau, l'Abkhazie, l'Ossétie du Sud et éventuellement l'Adjarie côté géorgien ; Avec pour chaque fief un Kadirov local directement inféodé à Moscou. Le second modèle, plus ambitieux, consisterait au contraire à effacer progressivement les frontières nationales pour placer l'ensemble de la région dans le giron d'une pax russiana, voire pour la réintégrer directement au sein de la Fédération russe.
Les deux modèles ne sont pas équivalents – tant s'en faut – ni du point de vue de Moscou, ni de celui des intéressés, ni même de celui des acteurs tiers. Évidemment, l'intégration régionale n'est certainement pas pour demain et nécessiterait certainement de passer par la balkanisation préalable de la région. Pour transiter vers l'intégration régionale, il faudrait sans doute au moins une génération afin que passent faucons et dictateurs et que la Russie mette en place de part et d'autre des leaders malléables et assez peu soucieux de leurs intérêts nationaux ; européens en quelque sorte… À ce jeu-là, les Arméniens ne seraient pas nécessairement gagnants étant donnée leur faible importance démographique vis-à-vis des quelque dix millions d'Azerbaïdjanais. L'avantage pour la Russie de ce modèle serait de la dispenser du maintien lourd et coûteux de forces d'interposition. Ce modèle idyllique, peut-être même irénique, pourrait satisfaire Turcs et Européens, et même les Iraniens, pour peu qu'ils puissent accéder économiquement à ce Sud-Caucase dès lors dépourvu de toute consistance politique.
Ilham Aliev, otage du rapport de force russo-turcMais pour l'heure, c'est plutôt le premier scénario qui prévaut, où la région retrouve sa conformation historique de limes, hérissé de mille et une frontières infranchissables. Ce scénario constitue peut-être un moindre mal pour les Arméniens et, pour les mêmes raisons, ne fait clairement pas le jeu de la Turquie. Ankara peut en effet difficilement y trouver plus qu'une influence locale. Avec des chars d'assaut, des lance-missiles et des dispositifs de contre-mesure électronique, l'actuel déploiement de troupes russes au Karabagh va bien au-delà de ce qu'on pouvait attendre d'une simple force d'interposition et semble précisément destiné à mettre en place un tel glacis pour prévenir toute nouvelle velléité belliqueuse de Bakou ou d'Ankara. À ce sujet d'ailleurs, on peut se demander dans quelle mesure le dictateur azerbaïdjanais a donné son assentiment au cessez-le-feu et à ce déploiement russe qui permet à Moscou de remettre un pied botté au Karabagh et qui fait de l'Azerbaïdjan aussi un protectorat putatif de la Russie. Les rumeurs alléguant de concentration de troupes turques à Igdir, en Turquie, mais à quelques kilomètres de l'Arménie, attestent sans doute du fait que l'éviction de la Turquie du « jeu » caucasien n'était pas un développement prévu par Erdogan. Reste qu'il est difficile de déterminer si ce déploiement a été provoqué par celui de la seule Russie au Karabagh ou le contraire. Reste aussi à savoir si la Turquie a été délibérément flouée par Aliev ou si ce dernier a été mis devant le fait accompli russe. Selon le blogueur Semyon Pegov – généralement bien informé – c'est bien ce deuxième cas de figure qui s'est accompli, par lequel Moscou a transformé une victoire militaire turque en victoire politique russe. D'où certainement le mandat rageur demandé par Erdogan – et voté par l'Assemblée nationale le 17 novembre – pour autoriser le déploiement de troupes turques en Azerbaïdjan.
La France au défi de l'évictionQuoi qu'il en soit, les grands perdants de ce jeu caucasien – outre l'Arménie et la Karabagh – sont la France, et dans une moindre mesure l'Union européenne et les États-Unis. Dans une moindre mesure, car voilà bien longtemps que l'Union européenne ne fait plus semblant d'avoir des ambitions d'intégration régionale, ni même l'espoir de constituer un modèle de développement. Quand on n'est pas même capable d'assurer ses propres intérêts économiques ou territoriaux – confer la situation chypriote – c'est surtout la gestion de l'effacement politique qui constitue l'agenda du moment. Même analyse pour les États-Unis qui semblent avoir renoncé sous Trump à jouer un rôle déterminant dans la conduite des affaires du monde, mis à part peut-être vis-à-vis de la défense des intérêts israéliens d'une part et d'autre part vis-vis de l'irrésistible montée en puissance de la Chine dont ils continueront de tenter l'endiguement. On ne voit pas que cette tendance lourde puisse changer à moyen terme avec Biden.
C'est donc la France et la France seule qui essaie de revenir dans un jeu caucasien dont elle s'est exclue elle-même par l'incapacité à promouvoir une vision – sans doute même à la concevoir – et par la politique d'impartialité qui a servi de masque à cette incapacité. Paris entend désormais ressusciter le Groupe de Minsk, notamment via des considérations humanitaires et culturelles. L'UNESCO présidée par la Française Audrey Azoulay semble cette fois avoir entendu les menaces que font peser sur le patrimoine arménien du Karabagh et des environs l'occupation azerbaïdjanaise et la politique d'effacement ou d'albanisation menée par Bakou. Ce n'avait pas été le cas en 2002-2004 quand l'Azerbaïdjan avait détruit au bulldozer la nécropole médiévale arménienne de Djoulfa au Nakhitchevan. On a par ailleurs vu le président Macron recevoir les organisations humanitaires des Français d'origine arménienne dès le 12 novembre puis honorer de sa présence le phonéton annuel organisé par ces associations ce 21 novembre, tout en ne dérogeant pas d'un pouce de la conception azerbaïdjanaise du droit international qui considère le Haut-Karabagh comme partie de l'Azerbaïdjan. Derrière ces démonstrations outrées d'amitié, il y a en vérité moins la crainte d'une perte d'influence de la France au Sud-Caucase que celle de petits arrangements entre « amis » turcs et russes et de leur renforcement mutuel qui s'ensuivrait. Du reste le Président Macron a été assez clair sur le modèle qu'il veut éviter en déclarant : « nous comprenons que les Russes discutent avec les Turcs d'une formule possible, dont nous ne voulons pas, qui reproduirait le processus d'Astana pour diviser leurs rôles dans cette région sensible » avant d'ajouter « nous ne pouvons pas avoir d'un côté Minsk et de l'autre Astana. À un moment donné, les Russes doivent faire un choix ». La référence aux arbitrages russo-turcs en Syrie est limpide et constitue clairement le repoussoir de la politique étrangère française.
On se demande bien cependant sur qui la France entend désormais miser pour revenir dans le jeu. Car si en Syrie, notre diplomatie avait parié sur le mauvais cheval des djihadistes anti-Assad, au Caucase elle s'est abstenue de soutenir l'Arménie, « l'amie qu'on a laissé tomber » comme le titrait récemment le Nouvel Observateur. Il est possible qu'Erevan soit désormais circonspect quant aux suspectes démonstrations d'amitiés de Paris. Très curieusement, c'est peut-être bien la Russie qui offrira un strapontin à la France, préoccupé qu'est Moscou de contenir le développement de l'influence politique turque dans la région. De manière générale, Moscou joue en effet un jeu trouble visant à provoquer l'explosion de l'OTAN en poussant la Turquie à des positions de plus en plus inacceptables tout en tentant d'endiguer sa montée en puissance. Et la France – qui présente l'avantage de considérer l'OTAN comme « en état de mort cérébrale » pourrait être utile à Poutine dans cette visée d'endiguement.
Pour Paris, la question sera alors de savoir lequel de Moscou et d'Ankara constitue le moindre mal. On peut supposer – on peut même espérer – que Paris sache reconnaître que le Caucase devrait rester en toute légitimité une zone d'influence russe plutôt que de devenir une nouvelle zone d'influence turque. Il ne s'agit pas de savoir qui on « aime » le plus – comme voudrait nous le faire croire l'État profond dénoncé à plusieurs reprises par le Président Macron – mais qui constitue la menace la plus pressante pour l'Europe et la France. Dans un entretien donné récemment au Grand Continent, le locataire de l'Élysée a évoqué la nécessité « d'encercler » la Russie et la Turquie. Espérons que la France réalise qu'il sera sans doute moins utopique d'encercler les possessions du Sultan que l'Empire du Tsar.
______________________________ 4. Le Point 26/11/2020 Erdogan dans un monde de pleutres
Une chose est sûre, vous ne pourrez pas vous dire en commençant cet article : « Oh, non, par pitié, pas encore l'Arménie ! On n'en peut plus ! » À quelques exceptions près, les grands médias ont zappé la tragédie qui continue de se dérouler sous nos yeux dans le Caucase, quand ils n'ont pas pris le parti du richissime Azerbaïdjan qui les arrose ou de la conquérante Turquie, meilleure amie du Qatar, qui les fascine.
Nous voici retombés dans une époque qui rappelle, à bien des égards, la montée du nazisme : devant les menaces d'Erdogan, les gouvernants occidentaux rasent les murs, frappés par le syndrome Chamberlain, du nom du Premier ministre du Royaume-Uni d'avant-guerre, concepteur du collaborationnisme que l'on peut résumer ainsi : plus l'ennemi attaque, moins il faut lui résister.
Qui peut croire que les 3 millions d'Arméniens et leur petit pays caillouteux puissent représenter un danger pour la Turquie, 17e puissance économique du monde, avec plus de 80 millions d'habitants ? Leur seul tort : l'Arménie est le dernier îlot chrétien dans un océan vert de vert, totalement islamisé après qu'ont été chassés ou éliminés à peu près partout les orthodoxes, les melkites, les Coptes, les Assyriens, les maronites, etc.
Si Erdogan a prêté main-forte à l'Azerbaïdjan et au président Aliev, l'idiot du village caucasien, c'est pour prendre pied dans ce pays et faire flotter le drapeau turc à la frontière arménienne, en attendant de voir. L'assassin revient toujours sur le lieu du crime et, comme le Führer, le président turc n'a jamais vraiment caché ses intentions : terminer le travail que ses prédécesseurs ont bien avancé avec le grand génocide des Arméniens de 1915 (1,5 million de morts), suivi et précédé d'autres massacres.
C'est comme si, moins d'un siècle après la Shoah, une Allemagne négationniste ne songeait qu'à finir le travail du IIIe Reich et à effacer Israël de la carte ! Partisan d'une purification ethnoreligieuse et ne reconnaissant pas le génocide arménien qu'attestent pourtant d'innombrables témoignages, Erdogan ne supporte pas la simple existence des Arméniens et des Kurdes qui vivaient dans le pays qu'il préside bien avant que l'envahissent les Turcs, venus d'Asie centrale. Il faut effacer toutes les traces.
L'autre dessein d'Erdogan, la reconstitution de l'Empire ottoman, passe par de nouvelles conquêtes. La Libye, la Tunisie, la Bosnie (qui, à ses yeux, est turque, première nouvelle), les eaux territoriales grecques, tout l'intéresse. Hitler ayant gâché le mot, il ne reprend pas à son compte la formule nazie de Lebensraum ou d'espace vital, mais c'est bien son obsession. Adepte du déplacement des populations, comme Hitler ou Staline, il a au demeurant prévu de repeupler les terres conquises aux Arméniens par des djihadistes, ces compères de l'ex-État islamique qui ont participé à sa guerre.
L'affaire arménienne est une double ignominie. À cause de la barbarie de la coalition turcodjihado-azérie, qui publie sans cesse des vidéos abjectes, mais aussi à cause de la molle indifférence du reste du monde : les scènes de guerre et de torture n'ont pas troublé sa digestion. Le sort de ce mini-pays rappelle ainsi le drame de la Tchécoslovaquie que la communauté internationale avait donnée à manger à Hitler en espérant que ça lui couperait sa fringale d'annexions. Ce fut le contraire qui se produisit. Churchill a tout dit, avec sa célèbre formule, à l'adresse de Chamberlain: « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. »
Où est le Churchill de 2020? Cherchez bien, vous ne le trouverez pas. C'est la chance d'Erdogan qui, tel le Führer en son temps, va où le mènent l'hubris et la mégalomanie. Les graves difficultés économiques de son pays le rendent encore plus fébrile. Face à lui ne se dresseront jamais les tapis étalés devant lui et sur lesquels il peut s'essuyer tranquillement les semelles : Merkel ou Trump, bientôt Biden, sans doute, champions toutes catégories de la pleutrerie dans laquelle ne tombe pas, merci à lui, Macron, qui n'a quand même pas reconnu la république de l'Artsakh, désormais rapetissée – n'est pas de Gaulle qui veut !
Alors que la Turquie, membre de l'Otan, est prétendument notre alliée, Erdogan fait chanter les Européens avec les 3,5 millions de réfugiés syriens que son pays accueille en échange d'une subvention de quelques milliards, des migrants qu'il menace d'envoyer à tout moment en Europe. Il fait aussi chanter les Américains avec la base aérienne d'Incirlik, qu'il parle régulièrement de fermer pour maintenir la pression. Tout le monde se tient.
À force de le regarder avancer, ne risque-t-on pas de lui laisser faire un jour le pas de trop ? De même que l'on obtient « la paix par la force », célèbre slogan d'un président américain (Ronald Reagan), on aboutit aussi à la guerre par la faiblesse. Face à Erdogan, notre faiblesse, qui donne le vertige, pourrait un jour nous coûter très cher.
______________________________ 5. Marianne Magazine 27/11/2020 NON-ASSISTANCE À PEUPLE EN DANGERL'Arménie une nouvelle fois lâchée. Par les Européens. À nouveau livrée à la Turquie et aux Russes. Erreur colossale : les grandes lâchetés du XXe siècle commencèrent par l'abandon des Arméniens.
L'automne est décidément une saison maudite pour les Arméniens. Le 23 septembre 1920, Mustafa Kemal Atatürk, mécontent des concessions territoriales accordées par les Occidentaux, dans le cadre du traité de Sèvres, à la jeune Arménie (indépendante depuis le mois de mai 1918), lance ses troupes à l'assaut des Arméniens. Et, le 18 octobre 1920, ces derniers, vaincus, sont contraints de signer un armistice. Le rêve de la « Grande Arménie » est définitivement mort… Un mois plus tard, l'Armée rouge envahit l'Arménie en ruines, qui devient une république socialiste soviétique le 2 décembre 1920, par le traité d'Aleksandropol (Gumri). Le 6 décembre, la XIe armée soviétique entre à Erevan. Cent ans presque jour pour jour après cette tragédie, l'histoire se répète : ce 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan lance ses armées à la reconquête des provinces perdues au Karabakh en 1994. Et, ce 9 novembre, l'Arménie vaincue doit accepter une capitulation, sous l'égide, une nouvelle fois, de la Russie. L'économie de l'Arménie encore post-soviétique est en ruines, sa classe politique souvent corrompue est en guerre ouverte, sa population érodée par une émigration massive. Cette fois, le Karabakh est définitivement perdu, les Azéris ne voulant même pas discuter d'un statut d'autonomie. Une dépendance quasi totale envers Moscou est donc inéluctable. Pis encore, l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre prévoit, dans son article 9, la création de « nouvelles voies entre Stepanakert et l'Arménie » : au corridor sud qui longe la frontière iranienne et qui reliera l'Azerbaïdjan à sa province du Nakhitchevan doit s'ajouter un second corridor, encore mystérieux, entre Chouchi et la ville de Nakhitchevan, qui traversera de part en part le territoire arménien, au mépris de la souveraineté du pays. Car, à côté de la Russie, qui a su réimposer son imperium sur cette partie du Caucase, l'autre grand vainqueur est bien entendu la Turquie d'Erdogan. Elle retrouve une voie directe vers la mer Caspienne et, au-delà, vers les Républiques turcophones de l'Asie centrale. Avec, en arrièreplan, l'enjeu tout aussi patent d'une guerre de religion qui ne dit pas son nom. Cette année 2020 restera comme une année faste de ce point de vue : celle où Erdogan a mis en scène la reconquête symbolique de la basilique Sainte-Sophie et de Constantinople ; celle où, avec l'aide de milliers de djihadistes syriens envoyés à Bakou, d'une panoplie d'armes modernes, il a permis à ses supplétifs azéris de mettre à genoux la plus ancienne nation chrétienne du Caucase. Mais cette guerre a aussi ses perdants, en dehors des Arméniens : les Européens, au premier rang desquels la France. Désunie et lâche comme à son habitude, l'Europe n'a évidemment rien dit ni rien fait tout au long du conflit. Quant à la France, malgré ses liens très anciens avec l'Arménie, l'accueil généreux des survivants du génocide de 1915, elle aussi n'a pas dit grand-chose : elle n'a condamné ni l'usage de la force ni les bombardements ni même l'utilisation de sous-munitions ou de bombes au phosphore, en se bornant au final à ratifier le fait accompli des armes, et les termes russes ou turco-russes imposés à la capitulation arménienne. Le tout sans disposer du moindre levier pour la suite…
Bégaiement de l'histoire
Mais il est vrai que la France lorgne depuis longtemps le pactole de l'émirat qu'est devenu l'Azerbaïdjan, à qui nous avons vendu des armements pour 186 millions d'euros en 2019… Tandis que Erdogan insulte publiquement le président français, nous voici réduits une nouvelle fois, par souci de « neutralité », au rôle d'ONG spécialisée dans l'envoi d'avions humanitaires… Par-delà le cas de la France, ce que cette guerre vient confirmer, c'est cette « régression » générale, dont parle justement Edgar Morin dans un entretien au Monde : validation du choix de l'emploi de la force, « épuration » ethnique et religieuse, déferlement des nationalismes, triomphe de régimes autoritaires ou dictatoriaux… Tout comme le génocide arménien de 1915 annonçait la Shoah qui commença vingt-cinq ans plus tard, la disparition de l'Arménie en 1920 au sein de l'URSS annonçait les guerres de conquête qui conduisirent à l'immense cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Gare aux bégaiements de l'histoire et aux somnambules qui nous gouvernent…
______________________________ 6. Le Figaro Magazine 27/11/2020 CULTURELLEMENT INCORRECT L'Artsakh, terre arménienne
Encadrée par des officiers supérieurs turcs, épaulée par des milliers de mercenaires djihadistes venus de Syrie, victorieuse grâce à l'utilisation d'armes interdites, suspectée de crimes de guerre, l'armée de l'Azerbaïdjan est pointée du doigt à propos du conflit de cet automne au Haut-Karabakh (Artsakh). Pour se justifier, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev brandit maladroitement la bannière de l'Histoire et de la culture. Il justifie sa conquête territoriale en affirmant que la région serait depuis longtemps une terre azérie, comme en attesterait la présence de mosquées. Mosquées pour lesquelles les Arméniens n'auraient eu, selon lui, aucun respect : soit ils les auraient détruites, soit ils s'en seraient servis depuis leur victoire en 1994 pour en faire des porcheries. Et une certaine presse servile de relayer ces fake news (à preuve, la mosquée intacte de Chouchi, d'où le muezzin peut d'ailleurs lancer ses appels à la prière depuis quinze jours…). Et les artistes signataires de l'appel au soutien de l'Arménie et de l'Artsakh paru dans Le Figaro Magazine de se retrouver accusés d'islamophobie…
Or, que dit l'Histoire ? Que la région, rattachée artificiellement à l'Azerbaïdjan par Staline en 1921, est arménienne depuis au moins vingt siècles, comme en témoignent les fouilles de 2006 à Tigranakert, siège d'une forteresse bâtie sous Tigrane Ier au Ier siècle. Que Chouchi fut la capitale de l'Arménie orientale au Moyen Âge. Que les monastères d'Amaras (première église de l'Artsakh… au IVe siècle), Davidank (IXe) et Gandzassar (XVIIe) ont précédé de plusieurs siècles l'arrivée de Tatars de Crimée, rebaptisés Azéris au XIXe siècle. Et que les mosquées furent généralement bâties quand la région était occupée par les Perses. Quant au lieu de culte musulman transformé en porcherie, il s'appuie sur une image prise à Fuzuli, au sud-est de la région. Vidée de ses habitants depuis 1993, presque totalement détruite, elle n'a vu passer ces dernières années que des soldats et des éleveurs laissant leurs troupeaux s'abriter dans les rares bâtiments encore plus ou moins debout. Parmi eux, sa mosquée, bâtie en 1683. L'année où les Turcs, à 3 000 kilomètres de là, faisaient le siège de Vienne…
______________________________ 7. Aleteia 27/11/2020 https://fr.aleteia.org/2020/
Haut-Karabakh : le patrimoine chrétien en péril
© Eva Mont – shutterstock
Le monastère de Dadivank est perché à 1100 mètres d'altitude, au cœur de la forêt du Haut-Karabakh.
Effacer les traces du christianisme arménien du Haut-Karabakh est une façon réécrire l'histoire pour justifier des prétentions politiques de l'Azerbaïdjan.Le cessez-le-feu conclu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sous l'égide de la Russie est loin de régler les problèmes de la région. Le patrimoine religieux et civil devient un terrain d'affrontement car signe de la longue présence culturelle arménienne et chrétienne. La tentation est forte d'effacer les traces de cette présence afin de réécrire le passé pour mieux contrôler le futur.
La conservation et l'entretien du patrimoine historique relèvent d'enjeux politiques. L'histoire est remplie d'exemples où l'archéologie quitte la sphère strictement scientifique pour entrer dans le domaine de la politique. Il en va ainsi en Artsakh (ou Haut Karabagh) où le patrimoine arménien se retrouve au cœur de tensions avec le nouvel occupant du territoire. La question de la présence des traces historiques de l'Albanie caucasienne et de l'effacement de la présence chrétienne à travers la disparition des signes religieux et patrimoniaux est à cet égard un des enjeux de la paix à venir. Est ainsi développée l'idée que le peuple azéri turcophone et chiite descendrait directement de l'antique royaume albanais du Caucase et que l'ensemble des monuments chrétiens situés sur le territoire de la République autoproclamée de l'Artsakh seraient albanais.
Les traces d'un royaume antiqueL'Albanie caucasienne est le nom de l'ancienne région nommée ainsi à l'époque antique en raison de la blancheur de ses cimes enneigées (albis signifiant blanc). Elle n'a rien à voir avec l'Albanie des Balkans. L'Albanie caucasienne est un ancien royaume chrétien dont le territoire recoupait une partie de celui de l'Arménie, de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, en particulier sur les plaines de la rive gauche du fleuve Kour et le long du littoral du Daghestan du sud. Sa population avait des origines hétérogènes et parlait une variété de langues, caucasiques du nord-est et iraniennes pour la plupart.
L'histoire de l'Arménie et de l'Albanie caucasienne est étroitement liée depuis la christianisation des deux pays survenus au début du IVe siècle et l'invention de leurs écritures au début du Ve siècle par le savant arménien Mesrop Machtots. Néanmoins, et contrairement à l'Arménie montagneuse, l'Albanie du Caucase qui s'étendait sur des plaines à l'est de l'Artsakh fut largement islamisée par les Arabes au VIIIe siècle. Par la suite, la langue albanienne s'est graduellement évanouie, alors que l'arménien devenait la langue dominante pour tous les chrétiens qui restaient encore sur l'ancien territoire de l'Albanie, qu'ils soient d'origine arménienne, albanienne ou d'autres populations d'origines caucasiques et iraniennes. Quand vers la fin du Xe siècle les premières tribus turcomanes et turques commencèrent à pénétrer dans le Caucase du sud, elles n'y rencontrèrent, selon toute vraisemblance, plus d'habitants qui parlaient encore l'albanien. Les échanges entre Turcs et Arméniens furent, en revanche, intenses, comme en témoignent les emprunts arméniens dans l'azerbaïdjanais et dans le turc.
Une guérilla archéologiqueLa théorie selon laquelle le peuple de l'Azerbaïdjan tirerait ses origines des Albaniens du Caucase fut élaborée à l'époque soviétique, dans un contexte social et culturel qui lui était propre. Alors qu'il était interdit aux nations qui composaient l'Union soviétique de donner une dimension politique à leurs identités, ces nations pouvaient, sous certaines conditions, explorer leur passé, en particulier l'archéologie, l'architecture, les langues et le folklore. Parfois, les peuples soviétiques étaient même encouragés à redécouvrir le passé de leurs Républiques respectives. Leur passé devait néanmoins être bien distinct : il y existait donc une archéologie arménienne, une archéologie géorgienne, une archéologie azerbaïdjanaise, une archéologie turkmène… Alors que les historiographies d'Arménie et de Géorgie rivalisaient entre elles, confrontant des récits concurrents allant jusqu'à l'Antiquité et au début du premier millénaire avant notre ère, l'Azerbaïdjan turcophone, entité politique récente, essaya d'élaborer une historiographie fondée sur le postulat qu'elle descendait directement de l'antique Albanie caucasienne. L'enjeu était ici politique : il s'agissait de créer une histoire qui débutait avant le Xe siècle et l'arrivée des populations turcophones afin de pouvoir bénéficier d'une profondeur historique au moins aussi grande que les Géorgiens et les Arméniens. Se définir et se voir comme les héritiers du royaume de l'Albanie du Caucase était une façon de justifier une existence politique. L'archéologie était mise au service d'une cause qui n'avait plus rien à voir avec la science.
Mais les églises les plus anciennes que l'on peut trouver en Artsakh portent des inscriptions et des symboles arméniens puisque la région fut christianisée au moins quatre siècles avant l'arrivée de l'islam. Il y a également les textes et les chroniques pour lesquels nous disposons de copies, dont l'histoire de l'Albanie chrétienne nous est connue presque exclusivement à travers des sources écrites arméniennes, et tout spécialement par l'Histoire des Albaniens composée en arménien à la fin du Xe siècle par Movsês Kałankatuatsi. L'héritage et l'existence du royaume chrétien de l'Albanie caucasienne est devenu un combat politique entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Effacer les traces de l'histoire, les inscriptions, les croix, les stèles gravées en arménien, c'est une façon d'effacer la présence chrétienne et, par cette réécriture d'un passé très lointain, justifier des prétentions politiques aujourd'hui.
Une mission de l'Unesco pour assurer la protection des œuvresLa communauté internationale craint pour la survie d'un patrimoine religieux et civil riche et ancien. Les monastères, les églises antiques, les cimetières, dont plusieurs sont classés au patrimoine de l'Unesco, pourraient être détruits, effacés ou réaménagés. La récente transformation de la cathédrale Sainte-Sophie en mosquée laisse craindre que des projets similaires soient conduits dans la région. Il y a une quinzaine d'années, les pierres tombales du cimetière arménien de Bakou furent utilisées pour la construction d'une autoroute. Différentes personnalités azerbaïdjanaises se sont répandues dans les médias pour dire qu'elles voulaient « vérifier » l'authenticité historique des monuments arméniens. Il est à craindre que cette « vérification » aboutisse à une destruction ou un effacement afin de gommer le passé.
L'Unesco a annoncé son souhait d'envoyer une mission d'experts dans la région afin de réaliser un inventaire des biens culturels et religieux pour assurer leur protection. La directrice générale de l'organisation, Audrey Azoulay, a évoqué le rôle de la mission dans un communiqué : « Dresser un inventaire préliminaire des biens culturels les plus significatifs [afin d’assurer] une protection effective du patrimoine de la région. » La question du patrimoine est extrêmement sensible, car elle est liée à celle de l'identité dont chaque nation essaye de se rattacher et tente de construire autour du royaume de l'Albanie caucasienne. La France s'est dite favorable à l'ouverture de cette mission, tout comme les États-Unis et la Russie. Reste à la mettre en place de façon rapide afin d'éviter des destructions qui pourraient être irréparables. On peut espérer aussi — est-ce un vœu pieu ? — que le patrimoine historique puisse servir de dénominateur commun et être préservé pour créer un terrain d'entente et in fine une paix dans la région. Nous en sommes pour l'instant très loin et l'urgence est à la préservation de ces chefs-d'œuvre en péril.
______________________________ 8. Réseau Voltaire 24/11/2020 https://www.voltairenet.org/ N.B. Attention ! Dans cet article du "Réseau Voltaire", dans le paragraphe 5 "La Russie siffle la fin du jeu…" lire 6, 7 puis 10 novembre date du cessez le feu au lieu de 6, 7, et 10 octobre. Haut-Karabagh : victoire de Londres et d'Ankara, défaite de Soros et des Arménienspar Thierry Meyssan
Le Pentagone qui avait planifié la guerre du Haut-Karabagh a été doublé par ses alliés britanniques. Mais aucune des grandes puissances ne s'est inquiétée des morts qu'elle provoquerait. Au demeurant, si Londres et Ankara ont renoué leur alliance historique, Washington et Moscou n'ont rien gagné, tandis que Georges Soros et les Arméniens ont beaucoup perdu.
Réseau Voltaire | Paris (France) |24 novembre 2020
À l'issue de 44 jours de guerre, l'Arménie a été contrainte de signer un cessez-le-feu avec l'Azerbaïdjan, reconnaissant ainsi la perte d'une partie de ses territoires. Toutefois, ainsi que nous l'avions rapporté sous la forme d'une interrogation, le plan initial des États-Unis prévoyait de pousser la Turquie à la faute, de la laisser massacrer une partie de la population arménienne, puis d'intervenir, de renverser le président Erdoğan et de rétablir la paix [1].
Or, ce plan n'a pas fonctionné. Il masquait un stratagème britannique. En sous-main, Londres a profité de la confusion de l'élection présidentielle US pour doubler Washington. Il a utilisé la situation pour tenter de priver la Russie de la carte du Haut-Karabagh et reprendre le « Grand Jeu » du XIXème siécle [2]. À l'époque, il était l'allié de l'empire ottoman face à l'empire tsariste. Lorsque Moscou s'en est aperçu, il a imposé un cessez-le-feu pour stopper le jeu de massacre.
1- Le « Grand Jeu »Tout au long du XIXème siècle, les empires britannique et russe se sont livrés une rivalité acharnée pour contrôler le Caucase et toute l'Asie centrale. Cet épisode est connu en Angleterre sous le nom de « Grand Jeu » et en Russie sous celui de « Tournoi des ombres ».
La Russie a commencé à gagner la partie lorsqu'elle s'est emparée du Haut-Karabagh. Par un effet de domino, elle a alors étendu sa domination sur le Caucase.
Au vu de ce précédent historique, Londres pense aujourd'hui que récupérer le Haut-Karabagh pourrait lui permettre de saper l'influence de Moscou dans le Caucase, puis dans toute l'Asie centrale.
L'actuel Premier ministre britannique, Boris Johnson, se veut le continuateur de la politique impériale de Winston Churchill, dont il est un biographe. Il vient de rendre public un couteux plan de modernisation de ses armées [3].
Pour relancer le « Grand Jeu », il nomma le 29 juillet 2020, le directeur général du Foreign Office, Richard Moore, directeur du MI6 (services secrets extérieurs). Il avait été auparavant ambassadeur de Sa Majesté à Ankara, parle couramment le turc et s'est lié d'amitié avec le président Recep Tayyip Erdoğan. Il ne prit ses nouvelles fonctions que le 1er octobre, soit quatre jours après l'attaque azérie du Haut-Karabagh.
2- Le rôle charnière de Richard MooreRichard Moore est un ami personnel du prince Charles, lui-même patron du Centre d'Oxford pour les études islamiques (Oxford Centre for Islamic Studies) où sont formés les intellectuels de la Confrérie des Frères musulmans depuis vingt-cinq ans. L'ancien président turc, Abdullah Gül, est également administrateur de ce centre.
En tant qu'ambassadeur à Ankara (2014-17), Richard Moore a accompagné le président Erdoğan pour devenir le protecteur de la Confrérie.
Il joua également un rôle dans le retrait des Britanniques de la guerre contre la Syrie, en 2014. Londres n'entendait pas poursuivre un conflit dans lequel il s'était engagé pour des visées coloniales, mais qui se transformait en opération impériale US (stratégie Rumsfeld/Cebrowski).
Richard Moore vient d'entreprendre une tournée en Égypte et en Turquie. Il était le 9 novembre (jour de l'imposition russe d'un cessez-le-feu au Karabagh) au Caire pour y rencontrer le président al-Sissi et le 11 à Ankara. Officiellement, il n'aurait pas eu d'audience avec son vieil ami, le président Erdoğan, mais aurait uniquement rencontré son porte-parole au palais blanc.
3- Face aux États, Soros ne compte pasDans la guerre azérie-turque du Haut-Karabagh, Washington croyait pouvoir compter sur le président Armen Sarkissian et le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, un des hommes de George Soros [4] comme appâts.
George Soros est un spéculateur états-unien qui poursuit son propre agenda politique, mais travaille de concert avec la CIA [5]. Malheureusement, les Britanniques n'ont pas les mêmes relations avec Soros : il doit sa fortune à une vaste opération contre la livre sterling (le mercredi noir 16 septembre 1992), d'où son surnom d'« homme qui a cassé la Banque d'Angleterre ».
4- Le double-jeu de la « Perfide Albion »Londres a donc d'abord laissé faire Washington. Les États-uniens ont encouragé la « Nation à deux États » (Turquie et Azerbaïdjan) à en finir par la force avec la République d'Artsakh.
Le MI6 aide son partenaire turc a transférer des jihadistes en Azerbaïdajan [6], non pas pour tuer des Arméniens, mais des Russes. Or, il n'y a pas encore de Russes au Karabagh.
Soros réagit en envoyant des mercenaires kurdes soutenir le côté arménien [7].
Prétendant jouer le jeu US, Londres soutint Bakou et Ankara. Durant les premiers jours, les trois puissances du Groupe de Minsk (chargé du conflit du Haut-Karabagh depuis la dissolution de l'URSS) —c'est-à-dire les États-Unis, la France et la Russie— tentent toutes les trois d'obtenir un arrêt des combats et une reprise des négociations [8]. Lorsqu'elles constatent chacune successivement la mauvaise foi azérie, elles présentent une proposition de résolution au Conseil de sécurité. Il s'agit pour Washington d'opérer de manière groupée un revirement, de la neutralité à la condamnation de la « Nation à deux États ».
Dans les premiers jours, les Arméniens se défendent comme ils le peuvent. Cependant, le chef de l'État, Armen Sarkissian, modifie les plans de l'état-major militaire et fait monter au front des volontaires sans expérience [9]. Sarkissian a la double nationalité arméno-britannique. Il s'ensuit une hécatombe parmi l'armée arménienne.
Subitement, le Royaume-Uni annonce qu'il apposera son veto si ce texte est soumis au vote. Interloqués, les États-Unis accusent publiquement l'Azerbaïdjan de mauvaise foi, le 25 octobre.
Mais il faudra attendre encore deux semaines pour que la Russie comprenne que Washington, empêtré dans sa campagne électorale présidentielle, ne gère plus ce dossier.
5- La Russie siffle la fin du jeu avant qu'il ne soit trop tardCe n'est que vers le 6 octobre que la Russie acquiert la certitude de l'existence d'un piège anglais dans le piège états-unien. Elle ne tarde pas à conclure que Londres a relancé le « Grand Jeu » et s'apprête à lui voler son influence dans le Haut-Karabagh.
Le président russe Vladimir Poutine téléphone le 7 octobre à son homologue turc. Il négocie avec lui un cessez-le-feu très défavorable aux Arméniens. Erdoğan, qui a compris qu'il ne résistera pas à une stabilisation de la situation politique aux USA, accepte de ne gagner que du territoire et renonce à relancer le génocide arménien. Le président Poutine convoque alors son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, au Kremlin. Il sauve ce qui peut l'être encore, en contraignant ses interlocuteurs, le 10 octobre, à signer un cessez-le-feu dans les termes négociés par Erdoğan [10]. Ses priorités sont de dessiner la présence militaire russe via une force de paix, puis de stopper le bain de sang. Il s'adresse alors au peuple russe pour lui annoncer avoir sauver les intérêts de son pays en sauvant l'Arménie d'une défaite plus terrible encore.
Les Arméniens réalisent, beaucoup trop tard, qu'en les éloignant de la Russie pour les USA, Nikol Pachinian a misé sur le mauvais cheval. Ils comprennent rétrospectivement qu'aussi corrompu que soit l'ancienne équipe qui les dirigeait, elle était patriote, tandis que les hommes de Soros sont opposés au concept même de nation, donc à l'indépendance de leur pays.
Les manifestations et les démissions se succèdent : le chef d'état-major, le ministre des Affaires étrangères, celui de la Défense, mais pas le Premier ministre. De son côté, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, jubile. Il se moque copieusement du Conseil de l'Europe et du Parlement de l'Union européenne, proclame sa victoire et annonce la reconstruction des territoires conquis [11]. Les Britanniques auront de nouveaux privilèges pour British Petroleum et postulent pour exploiter les mines d'or azéries.
[1] « L'Artsakh (Karabagh) sera-t-il le tombeau d'Erdoğan ? » et « Karabagh : l'Otan soutient la Turquie tout en cherchant à éliminer le président Erdoğan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 et 13 octobre 2020.
[2] The Great Game. On Secret Service in High Asia, by Peter Hopkirk, John Murray (1990).
[3] "Boris Johnson Statement to the House on the Integrated Review", by Boris Johnson, Voltaire Network, 19 November 2020.
[4] "Larisa Minasyan : OSF-Armenia has supported and supports the velvet revolution in the country", Arm Info, March 5 2019.
[5] « George Soros, spéculateur et philanthrope », Réseau Voltaire, 15 janvier 2004.
[6] « 4 000 jihadistes au Haut-Karabagh », Réseau Voltaire, 29 septembre 2020.
[7] « George Soros envoie 2 000 mercenaires kurdes en Arménie (Erdoğan) », Réseau Voltaire, 29 octobre 2020.
[8] « Le troisième cessez-le-feu au Karabagh violé », Réseau Voltaire, 27 octobre 2020.
[9] Conférence de presse du chef d'état-major sortant, le général Movses Hakobyan, Erevan, 19 novembre 2020.
[10] « Déclaration des présidents d'Azerbaïdjan, d'Arménie et de Russie », Réseau Voltaire, 9 novembre 2020.
[11] "Ilham Aliyev's Victory Speech", Voltaire Network, 20 November 2020.
______________________________ 9. Civilnet 27/11/2020 Tigrane Yegavian : "L'Azerbaïdjan a remporté une victoire militaire, non pas politique".
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10. Radio Ayp-FM 28/11/2020 Cartes sur table du 28 novembre 2020 : Vote Historique du Sénat et inquiétudes sur la préservation des monuments. http://radio-aypfm.com/?page= ______________________________ 11. Les Nouvelles d'Arménie 27/11/2020 http://www.armenews.com/spip.. Très fier et ému de voir en Une de La Croix mon récit consacré à Albert HovhannisyanUne de la Croix du 27 novembre 2020. ______________________________ 12. Les Nouvelles d'Arménie 27/11/2020 http://www.armenews.com/spip.. Aucun village de la région de Tavouch au nord-est de l'Arménie ne sera cédé à l'Azerbaïdjan affirme Hayk Tchobanyan le préfet de TavouchHayk Tchobanyan le préfet de la région de Tavouch au nord-est de l'Arménie a réfuté les informations colportées par les médias affirmant que plusieurs villages de la région de Tavouch allaient prochainement être transmis à l'Azerbaïdjan.
Hayk Tchobanyan a affirmé que le porte-parole du Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait dans une déclaration le 10 novembre rejeté et affirmé comme fausses les nouvelles qui faisaient étant de plusieurs villages du Tavouch qui seraient cédés à l'Azerbaïdjan. Hayk Tchobanyan a affirmé dans un message « chers compatriotes, je vous demande de ne pas faire écho des publications erronées des médias azéris ». Plusieurs responsables arméniens avaient également déclaré que suite aux accords du 10 novembre la carte de la République d'Arménie resterait inchangée.
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13. Les Nouvelles d'Arménie
27/11/2020 http://www.armenews.com/spip..
La question de la présence des mercenaires djihadistes au Haut-Karabagh est dans l'attention permanente de la Russie affirme la diplomatie russeMaria Zakharova la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a exprimé dans une déclaration vendredi 27 novembre l'inquiétude de la Russie au sujet de la présence des combattants djihadistes syriens au Haut-Karabagh. Dans les régions sous occupation azérie. Maria Zakharova a également indiqué que les spécialistes russes étudiaient cette question de la présence de djihadistes dans la région et que ces derniers étaient « sous la surveillance permanente de la Russie ».
______________________________ 14. Les Nouvelles d'Arménie 27/11/2020 http://www.armenews.com/spip.. Nice demande la reconnaissance de la République du Haut-KarabakhCe vendredi 27 novembre, le Conseil métropolitain de Nice Côte d'Azur a voté unanimement une motion de soutien au peuple d'Arménie et d'Artsakh, ainsi qu'une demande de reconnaissance de la République d'Artsakh par la France. 15. Les Nouvelles d'Arménie 27/11/2020 http://www.armenews.com/spip.. Délégation du PS, conduite par Faure, au Haut-Karabakh du 6 au 9 décembreParis, 27 nov 2020 (AFP) – Une délégation du Parti socialiste, conduite par
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