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e Monde
12 novembre 2020
En Arménie, des figures de l’opposition n’acceptant pas l’accord sur le Haut-Karabakh arrêtées
Ils ont été interpellés, selon le service d’enquête du parquet, pour « organisation illégale de désordres de masse violents », alors qu’ils dénoncent l’accord signé sous l’égide de Moscou.
La colère ne retombe pas après la signature d’un accord consacrant la victoire de l’Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabakh. Dix figures de l’opposition arménienne qui en dénoncent la teneur ont été arrêtées, jeudi 12 novembre, pour leur rôle présumé dans des manifestations violentes.
Les opposants, dont des dirigeants des formations Arménie prospère et Dachnaktsoutioun, ont été interpellés, selon le service d’enquête du parquet, pour « organisation illégale de désordres de masse violents ».
Dans la nuit de lundi à mardi, le siège du gouvernement et le Parlement avaient été envahis et partiellement saccagés. Une manifestation sans débordements graves a par ailleurs eu lieu mercredi et une nouvelle est prévue jeudi après-midi.
Ces arrestations interviennent après l’expiration, jeudi à minuit, d’un ultimatum de l’opposition appelant à la démission du premier ministre, Nikol Pachinian, pour avoir signé lundi un accord de fin des hostilités avec l’Azerbaïdjan, sous l’égide de la Russie.
Au terme de ce texte, après six semaines de guerre meurtrière pour la province séparatiste du Haut-Karabakh et les districts environnants, l’Azerbaïdjan reconquiert de larges territoires qui étaient sous contrôle arménien depuis le début des années 1990.
Près de 2 000 soldats de maintien de la paix russes vont désormais être déployés, assurant au passage la survie de la République autoproclamée arménienne du Haut-Karabakh, bien qu’amoindrie et affaiblie.
M. Pachinian assure avoir signé cet accord « douloureux » à la demande de l’armée et des responsables séparatistes, faute de quoi, selon lui, la totalité de la région serait repassée sous contrôle azerbaïdjanais. Il a accusé aussi la contestation d’être pilotée par une oligarchie corrompue issue de l’ancien régime, renversé en 2018 par la révolution populaire qui a porté M. Pachinian au pouvoir.
Une délégation russe se rendra en Turquie
Une délégation russe est par ailleurs attendue vendredi en Turquie pour discuter du contrôle conjoint du cessez-le-feu au Haut-Karabakh par Moscou et Ankara, a annoncé jeudi le ministre turc des affaires étrangères.
L’accord mettant fin aux hostilités ne fait pas mention d’un quelconque rôle turc dans sa mise en œuvre. Mais Ankara, allié de Bakou, affirme qu’il contrôlera conjointement avec Moscou l’application du cessez-le-feu. Un mémorandum sur la création d’un centre conjoint de contrôle a été signé mercredi soir lors d’une cérémonie virtuelle par les ministres de la défense de la Russie et de la Turquie, selon Ankara.
« Nous discuterons des modalités du fonctionnement du centre conjoint d’observation et de contrôle du cessez-le-feu avec la délégation russe », a déclaré jeudi le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu, lors d’une conférence de presse à Bakou, retransmise par les télévisions turques. Selon M. Çavusoglu, « la Turquie aura le même rôle que la Russie » dans ce centre qui se chargera d’une surveillance « terrestre et aérienne » des éventuelles violations du cessez-le-feu. Ce centre sera établi dans un lieu choisi par l’Azerbaïdjan, selon les autorités turques.
Des diplomates français et américains sont également attendus prochainement à Moscou pour des discussions au sujet du Haut-Karabakh, a annoncé jeudi le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. La Russie, la France et les Etats-Unis coprésident le groupe de Minsk, que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a chargé de jouer les médiateurs dans ce conflit.
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Valeurs actuelles
12 novembre 2020
À Chouchi, Vladimir, l'un des derniers habitants à ne pas avoir fui les combats, montre les photos de son père, qui a combattu pendant la seconde guerre mondiale, et de ses enfants, dont un combat l'armée azérie. Photo © François Thomas
Haut Karabakh — “C’est notre terre, pourquoi devrait-on partir ?” : avec les derniers Arméniens à Chouchi, cible prioritaire de l’Azerbaïdjan
Le 27 septembre l’Azerbaïdjan a lancé une offensive dans le Haut-Karabakh, république autoproclamée où vivent des populations arméniennes, présentes dans la région depuis des siècles. Chouchi, à seulement quelques kilomètres de la capitale Stepanakert dont elle forme le dernier rempart, est devenue la cible prioritaire des forces azerbaïdjanaises.
A chaque virage, les pneus crissent un peu plus sur le bitume abîmé par le passage des chars arménien. La voiture file à toute allure sur la route sinueuse qui sépare Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh, région embrasée par la guerre depuis l’invasion de l’Azerbaïdjan fin septembre, de Chouchi. Une quinzaine de minutes pendant lesquelles les regards inquiets scrutent le ciel. Mais hors de question de ralentir pour autant, un drone peut surgir à tout moment et dans les collines, en face, les snipers azerbaïdjanais ont déjà fait leurs preuves sur les ambulances arméniennes.
Chouchi apparaît finalement, et la pointe de son église dépasse des maisons. Quelques semaines plus tôt, deux frappes consécutives sur l’édifice avaient blessé plusieurs journalistes russes et arméniens. Pour les forces azéries, la ville est une cible prioritaire : de part sa proximité avec Stepanakert, elle est le dernier rempart avant la chute de la capitale, dont la capture mettrait fin aux combats. De part et d’autres, des immeubles sont dévastés par les bombardements. Les missiles pleuvent sur la ville comme pour faire écho aux destructions alentour.
« Parce que c'est notre terre »
La voiture s’arrête brusquement derrière un immeuble offrant une relative protection. Dans le sous-sol, un abri sombre aménagé avec quelques lits, une petite table en son centre, entourée de chaises. Sur la table se trouvent quelques bougies et des verres de vodka. Des refuges de ce type se trouvent dans la plupart des immeubles du Haut-Karabakh, un héritage soviétique entretenu à la suite de la première guerre
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Agora Vox
12 novembre 2020
A propos du Haut-Karabagh
Après la conquête de la moitié du Haut-Karabagh par l’Azerbaïdjan, la plus grande partie des monuments historiques arméniens de cette région sont tombés aux mains des Azerbaïdjanais. Je suis inquiet pour leur avenir. Le lecteur comprendra pourquoi en lisant cet article que j’avais mis en appendice d’un guide sur l’Arménie.
La destruction du cimetière de Djoulfa
On a beaucoup parlé de la destruction des bouddhas de Bamyan ou des dégâts causés aux sites historiques par Daesh, l'État islamique. Mais la presse a peu parlé d'une autre destruction majeure, celle du cimetière de Djoulfa, pourtant classé au patrimoine mondial par l'UNESCO. Le cimetière de Djoulfa se trouvait tout au sud de l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan. C'était le plus grand rassemblement de khatchkars de tout le monde arménien.
Les khatchkars sont des pierres tombales sur lesquelles sont gravées des croix, et autres motifs. On comptait 10 000 de ces stèles au début du XXème siècle dans ce cimetière et il en restait encore 3000 au moment de la destruction. Certaines étaient de véritables chefs-d’œuvre. La plupart étaient en tuf rouge, hautes et étroites. La plus ancienne remontait à 1160. La plus grande partie fut sculptée entre le XVème et le XVIIIème siècles.
La destruction commença en 1998 : 800 khatchkars. Le massacre fut interrompu suite à une protestation de l'UNESCO. Le cimetière fut néanmoins rasé entre 2002 et 2005.
Cette destruction s'inscrit dans une tentative azerbaïdjanaise d'effacer la présence historique arménienne au Nakhitchevan. La thèse est simple : il n'y a jamais eu d'Arméniens au Nakhitchevan, donc il n'y a jamais eu de cimetière de khatchkars, donc il n'y a jamais eu de destruction.
Ainsi selon Hasan Zeunalov, alors représentant permanent du Nakhitchevan à Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan) : « les Arméniens n'ont jamais vécu au Nakhitchevan, une terre azerbaïdjanaise depuis les temps immémoriaux, et c'est pourquoi il n'y a ni cimetières, ni monuments arméniens et il n'yen a jamais eu ».
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Agora Vox
11 novembre 2020
L’Arménie immolée
Les représentants de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Russie ont signé un « cessez-le-feu total » dans la journée du 09 novembre afin de mettre un terme à la guerre du Haut-Karabagh. Le conflit est né avec la dislocation de l’Union soviétique, lorsque cette enclave peuplée majoritairement d’Arméniens mais placée en territoire azerbaïdjanais par Staline en 1923 déclara son indépendance vis-à-vis de l’Azerbaïdjan. La guerre gagnée par les troupes arméniennes, aucun traité de paix n’avait pourtant réglé la question. Les combats avaient repris le 27 septembre 2020 avec l’agression de la part des troupes azerbaidjanaises, soutenues par leur allié turc. Deux gagnants émergent de des accords du 9 novembre : la Russie et la Turquie, qui consolident leur présence dans le Caucase. Et deux perdants : le peuple arménien, qui est une fois de plus sacrifié dans, l’indifférence générale, et la diplomatie internationale, désormais abomination bureaucratique vide de tout contenu.
L’Arménie (encore) sacrifiée
Les Arméniens ont été une fois de plus sacrifiés sur l’autel de l’intérêt politique avec le prétexte de la paix. Les arrangements entre la Russie et la Turquie pour démanteler, avec les accords signés le 9 novembre 2020, la République du Haut-Karabagh, renommée République du Artsakh en 2017, rappelle les accords entre l’Unions soviétique et la Turquie kémaliste du début des années 1920, avec en arrière-fond la mollesse de la diplomatie occidentale, qui tourna le dos aux Arméniens qu’ils s’étaient précédemment engagés à soutenir.
Le Traité de Sèvres du 10 août 1920 confirme l’armistice de Moudros du 30 octobre 1918, qui marqua la capitulation de l’Empire ottoman face aux Alliés. Le traité prévoyait la création d’un état arménien comprenant les terres arméniennes de l’ancien Empire russe et une grande partie de celles à l’est de l’Empire ottoman. Cet accord ne fut jamais appliqué, et les troupes turques ralliées autour de la figure de Mustapha Kémal, le futur Atatürk, le dénonceront. Ils menèrent dès lors une guerre contre les Arméniens, qui étaient parvenu à créer une première république d’Arménie en 1918, et contre les troupes alliées présentes en Anatolie.
L’arrivée des Bolcheviques en 1920 détermina la soviétisation du Caucase et le dépècement du territoire arménien en vue des futures relations entre l’URSS et la Turquie, en passe de devenir une république. Les villes à l’ouest de l’Arménie (Kars, Ardahan, Igdir) seront données à la Turquie, qui donnera en échange la ville côtière de Batoumi à la Géorgie soviétique. Au sud, la région du Nakhitchevan, peuplée d’Arméniens, de Kurdes et d’Azerbaidjanais, et jusqu’alors sous le contrôle de la république d’Arménie, sera donnée à l’Azerbaïdjan soviétique… tout comme le Haut-Karabagh, peuplé à 90% d’Arméniens, qui deviendra une enclave placée en territoire azerbaïdjanais, l’oblast autonome du Haut-Karabagh. Ces concessions, qui auront lieu à l’initiative de Staline, avaient comme but de sacrifier des territoires arméniens afin d’atteindre trois objectifs. Tout d’abord, gagner les faveurs de la Turquie kémaliste, républicaine et laïque. Ensuite, punir les Arméniens, qui avaient osé se révolter contre la soviétisation en février 1920. Troisièmement, gagner la confiance de ces derniers avec la logique du « there is no alternative » de mémoire thatchérienne : il fallait choisir entre la « protection » bolchevique ou l’anéantissement. Au nom de la paix entre les peuples, l’un des hypocrites slogans utilisé par l’URSS, les Arméniens furent sacrifiés, devenant les habitants de la plus petite république socialiste soviétique de l’Union.
Qui gagne et qui perd ?
Ce qui vient de signer peut donc être vu comme une répétition de ces accords qui furent signés exactement un siècle auparavant. Mêmes protagonistes, même issu : des accords entre les Turcs et les Russes.
Il détermine la (presque totale) victoire militaire de l’Azerbaïdjan, qui annexera le nord, le sud et une partie de l’est du Haut-Karabagh. La victoire politique de la Russie, qui a envoyé une force militaire de 1960 hommes pour garantir le cessez-le-feu, et qui se traduit par un renforcement de la présence militaire et, donc, politique de Moscou dans le Caucase méridional[1]. La Turquie, le principal allié de l’Azerbaïdjan, y gagne sous tous les points de vue. Militairement, politiquement et, ce n’est pas exclu, économiquement, car les traités prévoient un droit de passage entre l’Azerbaïdjan à l’ouest et son exclave à l’est, le Nakhitchevan, qui a une frontière en commun de neuf kilomètres avec la Turquie. Le rêve panturque prend forme…
Grande perdante de ce conflit qui aura d’immenses répercussions au niveau régional et, donc mondial, est la diplomatie internationale. Pendant la guerre du Haut-Karabagh des années 1990, une formation politique, le Groupe de Minsk, avait été crée sous l’égide de l’OSCE. Sa mission : trouver une résolution diplomatique et non-militaire au conflit. Elle est co-présidée par la Russie, les USA et la France, et en font partie plusieurs pays, dont l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Turquie. Les nombreux et avérés crimes de guerre commis par l’Azerbaïdjan sont passés sous silence, avec des condamnations à l’image de l’Occident : molles, tonitruantes, hypocrites et sans réelles conséquences sur ceux qui les ont commis. D’éventuelles sanctions contre la Turquie de la part de l’UE ont été empêchées par une poignée de pays, dont l’Italie, l’Allemagne et la Hongrie. C’est pourtant bel et bien la Turquie qui occupe la partie nord de Chypre et qui a recruté et envoyé des milliers de mercenaires syriens à combattre contre les Arméniens du Haut-Karabagh. Quant à l’Azerbaïdjan, rien n’a été fait pour sanctionner les bombardements sur objectifs civils, l’usage de bombes au phosphore et à sous-munitions. Sans parler des décapitations, exécutions et tortures sur les soldats arméniens, dont les vidéos ont été largement relayés sur les réseaux sociaux dans un but de terrorisme psychologique…
Reste à comprendre comment les populations arménienne et azerbaïdjanaise réagiront à ces accords. Pour ce qui est de l'Arménie, une foule de plusieurs centaines d’Arméniens avait prit d’assaut le siège du gouvernement à Erevan dans la nuit du 9 novembre. Il est possible de concevoir que cette défaite signera la fin de la trajectoire politique du premier ministre Nikol Pashinyan. Il est également plausible de supposer que le risque d’actions de guérilla arménienne dans le Haut-Karabagh, menée par des jusqu’au-boutistes, ne soit pas à écarter. De l’autre côté, la population azerbaidjanaise acceptera-t-elle cette « victoire partielle » ? Car les voix s’élevant pour une reprise intégrale du contrôle de l’ancien oblast du Haut-Karabagh n’étaient pas isolées, et l'incombrante présence des autorités turques au sein de l'armée azerbaïdjanaise et de la politique interne est bien réelle. Ce qui risque d'affaiblir la position du président Ilham Aliyev, dont le clan est au pouvoir depuis 1969.
La journée du 9 novembre fut immensément chaotique. Un hélicoptère militaire russe fut abattu par des tirs azerbaïdjanais à la frontière entre le Nakhitchevan et l’Arménie, provoquant la mort de deux militaires russes. Toujours dans la même journée, une déclaration signée par les représentants de dix-sept partis politique réclamait les démissions du premier ministre Nikol Pashinyan, arrivé au pouvoir à la suite de la « révolution de velours » de 2018.
Il est certain que certains événements ne trouveront pas d’explications satisfaisantes dans les prochains temps. Il ne reste qu’à adresser une pensée, une prière pour ceux qui croient, à ces soldats morts au front, qui se sont battus avec valeur contre une coalition d’ennemies supérieurs en armes et en nombre. Et cette pensée doit aller à leurs familles aussi, à leurs amis et collègues, à ces milliers de familles endeuillées, à ces dizaines de milliers d’Arméniens du Haut-Karabagh aujourd’hui déplacés et dont l’avenir a été sacrifié. Ils étaient souvent des jeunes conscrits, de 18 ou 19 ans, ces soldats tombés au front. Que la terre leur soit légère et que la paix puisse un jour toucher les Arméniens du monde entier.
Le texte du traité
Nous, le Président de la République d’Azerbaïdjan I. G. Aliyev, le Premier Ministre de la République d’Arménie Nikolai Pashinyan et le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine ont annoncé ce qui suit :
1. Un cessez-le-feu complet et toutes les hostilités dans la zone de conflit du Haut-Karabakh sont annoncés à partir de 00h00, heure de Moscou, le 10 novembre 2020.
La République d’Azerbaïdjan et la République d’Arménie, ci-après dénommée les Parties, s’arrêtent à leurs positions.
2. La région d’Agdam et les territoires détenus par la partie arménienne dans la région de Gazakh de la République d’Azerbaïdjan seront restitués à la partie azerbaïdjanaise au 20 novembre 2020.
3. Le long de la ligne de contact au Haut-Karabakh et le long du couloir de Lachin, un contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie est déployé, composé de 1 960 militaires avec des armes légères, 90 véhicules de transport de troupes blindés, 380 unités d’automobiles et du matériel spécial.
4. Le contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie est déployé parallèlement au retrait des forces armées arméniennes. La durée du séjour du contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie est de 5 ans avec prorogation automatique pour les prochaines périodes de 5 ans, si aucune des parties ne déclare 6 mois avant l’expiration de la période d’intention de mettre fin à l’application de cette disposition.
5. Afin d’accroître l’efficacité du contrôle de l’application des accords par les Parties au conflit, un centre de maintien de la paix est en cours de déploiement pour contrôler le cessez-le-feu.
6. La République d’Arménie rendra la région de Kelbajar à la République d’Azerbaïdjan d’ici le 15 novembre 2020 et la région de Lachin d’ici le 1er décembre 2020, tout en laissant derrière elle le couloir de Lachin (5 km de large), qui assurera la connexion du Haut-Karabakh avec l’Arménie et en même temps sans affecter la ville de Shusha.
Par accord des Parties, dans les trois prochaines années, un plan pour la construction d’une nouvelle route de circulation le long du corridor de Lachin sera déterminé, assurant la communication entre Stepanakert et l’Arménie, avec le redéploiement ultérieur du contingent russe de maintien de la paix pour protéger cette route.
La République d’Azerbaïdjan garantit la sécurité routière le long du corridor Lachin des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens.
7. Les personnes déplacées et les réfugiés rentrent sur le territoire du Haut-Karabakh et dans les zones adjacentes sous le contrôle du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
8. L’échange de prisonniers de guerre et autres détenus et corps de morts est effectué.
9. Toutes les liaisons économiques et de transport dans la région sont débloquées. La République d’Arménie assure des liaisons de transport entre les régions occidentales de la République d’Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan afin d’organiser la libre circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens. Le contrôle des transports est exercé par les organes du service des gardes-frontières du FSB de Russie.
Par accord des parties, la construction de nouvelles communications de transport reliant la République autonome du Nakhitchevan aux régions occidentales de l’Azerbaïdjan sera assurée.
Le président
la République d’Azerbaïdjan
Premier ministre
République d’Arménie
Le président de la
Fédération Russe
[1] La Russie y est déjà présente avec deux bases militaires en Arménie, pays qui fait partie de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, sorte d’OTAN à guide russe et dont font partie la Biélorussie, la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan. Auparavant, la Russie avait aussi des bases militaires en Géorgie.
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L'incorrect
12 novembre 2020
HOVHANNÈS GUEVORKIAN : « L’INDÉPENDANCE DU HAUT-KARABAGH S’EST DÉROULÉE DANS LA LÉGALITÉ ABSOLUE »
Hovhannès Guevorkian est représentant du Haut-Karabagh en France depuis 2003. Il appelle l’Union Européenne à voter de lourdes sanctions économiques contre l’Azerbaïdjan, coupable de l’agression militaire d’octobre en Arménie.
L’offensive militaire de l’Azerbaïdjan contre votre pays dure désormais depuis trois semaines. Quel bilan en tirez-vous ?
Comme toute guerre, cette agression azerbaïdjanaise est une catastrophe. Tout d’abord pour les populations civiles. Des villes éloignées de la ligne de front comme notre capitale Stepanakert ou comme Chouchi, des villes sans installations militaires comme Martouni ou Hadrout, ont été durement touchées avec à chaque fois des victimes civiles. Face à la disproportion des moyens militaires de l’Azerbaïdjan, nous avons également dû recourir à la conscription en masse de la population et nos soldats paient un lourd tribut dans ce conflit. Mais je note également que la guerre-éclair par laquelle le régime Aliev comptait nous anéantir a fait long feu. Non seulement les forces d’invasion n’ont pas avancé significativement, mais elles ont également subi de lourdes pertes humaines et matérielles.
Pourquoi selon vous cette offensive soudaine et pourquoi maintenant ?
Il me semble que c’est parce que le régime Aliev est aux abois. Longtemps Bakou s’est complu dans un discours sans rapport avec la réalité selon lequel la République d’Artsakh, enclavée et asphyxiée économiquement par un Azerbaïdjan riche de ses immenses ressources énergétiques, allait lui tomber dans la main comme un fruit mûr. Or non seulement cela n’est pas advenu mais voilà que les cours du pétrole et du gaz sont devenus structurellement et durablement bas. Il y a quelques mois, le fonds souverain azerbaïdjanais a dû dilapider le tiers de ses avoirs pour soutenir le cours de la monnaie azerbaïdjanaise avec un succès très mitigé et, en Azerbaïdjan, la population s’enfonce dans la grande pauvreté. Aliev avait besoin de cette guerre pour faire diversion et pour regagner un peu de prestige face aux contestations sociales qui n’allaient pas manquer de naître. […]
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La Croix
11 novembre 2020
Le cessez-le-feu au Haut-Karabakh déchire les Arméniens
Le cessez-le-feu imposé par Moscou entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, lundi 9 novembre, est vécu comme une trahison à Erevan, où la révolte gronde contre le premier ministre, Nikol Pachinian.
par Agnès Rotivel avec Benjamin Quénelle (à Moscou)
Sur le terrain, la paix russe s’impose. Selon un communiqué du général Sergueï Roudski, dès mercredi 11 novembre, les premiers contingents russes (ils seront 2 000 soldats à terme) ont pris le contrôle du corridor de Latchin, le cordon ombilical reliant l’Arménie à la région séparatiste du Haut-Karabakh, comme prévu par l’accord de fin des hostilités.
Celui-ci prévoit aussi que Bakou récupère sept districts qui lui échappaient depuis les années 1990, ainsi que la ville de Choucha (Chouchi pour les Arméniens). Un lieu stratégique car situé entre l’Arménie et Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh.
L’Arménie s’inquiète de son enclavement
Mais les Arméniens redoutent surtout de perdre le contrôle d’un autre corridor qui relie l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, le long de la frontière avec l’Iran au sud de l’Arménie, ce qui accentuerait l’enclavement et l’étouffement de l’Arménie.
« Ce cessez-le-feu est clairement une capitulation en rase campagne de l’Arménie », confirme Tigrane Yégavian, chercheur associé au CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement). Et le premier ministre Nikol Pachinian pourrait en faire les frais. « Son pouvoir ne tient plus qu’à un fil », dit encore le chercheur.
Mercredi 11 novembre, l’opposition arménienne mobilisait ses troupes dans les rues d’Erevan contre le premier ministre. La police arménienne a riposté en procédant à de nombreuses arrestations de manifestants de l’opposition.
« Des élections législatives anticipées »
Le premier ministre se défend d’avoir pris seul la décision de signer l’accord et soutient qu’il y avait un consensus au sein de l’armée pour arrêter les combats. Cependant, le cessez-le-feu n’a pas de valeur juridique tant qu’il n’a pas été avalisé par le parlement qui doit se réunir d’ici au 15 novembre, date de la rétrocession des premiers territoires.
« Un climat de discorde malsain règne à Erevan où l’on cherche un bouc émissaire, poursuit Tigrane Yégavian. La seule voie de sortie, ce sont des élections législatives anticipées. » Mais, selon lui, Nikol Pachinian n’est pas le seul à devoir endosser la responsabilité de cet échec militaire. Il a hérité d’une situation catastrophique et d’un pays exsangue avec une armée mal préparée à affronter un pays, l’Azerbaïdjan, équipé notamment de drones fournis par les Turcs.
Parmi les opposants au premier ministre, son ennemi juré, Robert Kotcharian, proche du Kremlin. Dès son arrivée au pouvoir en 2018, Nikol Pachinian avait lancé une croisade tous azimuts contre la corruption des précédentes élites visant aussi Robert Kotcharian.
Mais ce dernier est un proche du président Poutine qui voulait éviter une guerre générale où, selon ses engagements militaires, la Russie aurait dû défendre Erevan contre Bakou. Un scénario catastrophe pour le leader russe qui se sent plus proche d’Ilham Aliev, président azéri autoritaire, que de Nikol Pachinian au profil plus jeune et libéral. « Moscou a été très actif en coulisses pour obtenir l’arrêt des combats. Le Kremlin ne veut pas perdre son rôle d’arbitre dans cette région », confie un haut diplomate européen à Moscou.
Un succès pour Moscou
Dans cette guerre aux origines soviétiques (le rattachement du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan remonte à Staline), Moscou n’avait pas su par le passé imposer de paix durable.
Ces derniers jours, le Kremlin aurait fait pression sur l’Arménie pour qu’elle accepte le fait accompli des avancées territoriales azerbaïdjanaises. « Vladimir Poutine avait été pris par surprise devant l’ampleur de l’escalade des violences au Haut Karabakh. Un échec pour lui. Le président préfère le statu quo… », insiste Andreï Kortounov, directeur du think tank Russian Council à Moscou. Le cessez-le-feu est un succès pour Moscou qui pourra ainsi continuer à jouer sur les deux tableaux.
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La Russie et la Turquie incontournables
Le Haut-Karabakh, peuplé majoritairement d’Arméniens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan, entraînant une guerre qui a fait fait 30 000 morts dans les années 1990.
Depuis fin septembre, des affrontements sanglants opposaient séparatistes arméniens et armée azérie, des combats qui ont tourné à l’avantage de Bakou.
Les Russes, qui disposent d’une base en Arménie, vont déployer 2 000 soldats de maintien de la paix pour cinq ans minimum.
La Turquie a annoncé qu’elle contrôlerait avec la Russie l’application du cessez-le-feu au Haut-Karabakh depuis un centre conjoint d’observation situé en Azerbaïdjan.
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La Croix
10 novembre 2020
Vladimir Poutine impose sa paix au Haut-Karabakh
Moscou impose un cessez-le-feu et déploie des troupes de maintien de la paix pour le faire respecter dans l’enclave habitée par des Arméniens et revendiquée par Bakou.
par Benjamin Quénelle (à Moscou)
Après six semaines d’une guerre meurtrière, le Kremlin compte imposer sa paix au Haut-Karabakh. Et Vladimir Poutine entend retrouver son rôle d’arbitre dans le Caucase. Le président russe a lui-même annoncé lundi 9 novembre au soir la signature d’un cessez-le-feu signé par le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, sous l’égide de Moscou.
L’accord donne la part belle aux Azéris
L’armée russe va déployer près de 2 000 hommes chargés de faire respecter l’arrêt des hostilités le long de la nouvelle ligne de cessez-le-feu. Vécu comme une capitulation à Erevan et une victoire à Bakou, l’accord donne la part belle aux Azéris dont l’armée a pris Choucha, deuxième ville du Haut-Karabakh lundi 9 novembre. L’Azerbaïdjan pourra conserver les territoires conquis et les forces séparatistes arméniennes devront rendre le contrôle de certains d’entre eux.
« J’avais dit qu’on chasserait les Arméniens de nos terres comme des chiens. Nous l’avons fait », s’est félicité Ilham Aliev. « Signer cet accord a été incroyablement douloureux mais la décision s’imposait après une analyse en profondeur de la situation militaire », a reconnu Nikol Pachinian.
Poutine n’a pas caché sa satisfaction
Alors que les premiers avions Iliouchine 76 des forces de maintien de la paix décollaient de Russie vers le Haut-Karabakh, Vladimir Poutine ne cachait pas sa satisfaction. « Nous partons du principe que l’accord va créer les conditions nécessaires pour un règlement sur le long terme et complet du conflit autour du Haut-Karabakh, sur une base équitable et dans l’intérêt des peuples arménien et azerbaïdjanais », a déclaré le président qui a publiquement parlé d’un bilan d’au moins 5 000 morts, supérieur aux pertes officielles des deux côtés.
Vladimir Poutine a expliqué que les soldats russes, qui resteront pendant au moins cinq ans, seront déployés le long de la ligne de front et dans le corridor séparant le Haut-Karabakh et l’Arménie. Une lourde implication militaire pour Moscou. Mais un vrai soulagement après trois tentatives de cessez-le-feu infructueuses.
Le Kremlin arbitre dans cette région
« Moscou, qui n’avait pas vu cette crise venir, a été très actif en coulisses pour obtenir l’arrêt des combats. Le Kremlin ne veut pas perdre son rôle d’arbitre dans cette région », confie un haut diplomate européen à Moscou.
Depuis la reprise des combats en septembre, le Kremlin donnait l’impression de subir les événements. Dans cette guerre aux origines soviétiques, le rattachement du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan remontant à Staline, Moscou n’avait pas su par le passé imposer de paix durable. Pendant longtemps, entretenant de bonnes relations avec Bakou et Erevan, la Russie a été soupçonnée d’armer les deux camps pour entretenir les tensions et maintenir son influence entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques se vouant depuis une haine tenace.
La Russie voulait éviter une guerre générale où, selon ses engagements militaires, elle aurait dû défendre Erevan contre Bakou. Un scénario catastrophe pour Vladimir Poutine qui se sent plus proche d’Aliev, président autoritaire, que de Pachinian au profil plus jeune et libéral.
Ces derniers jours, Moscou aurait fait pression sur Erevan pour que l’Arménie accepte le fait accompli des avancées territoriales azerbaïdjanaises. « Vladimir Poutine avait été pris par surprise devant l’ampleur de l’escalade de violences au Haut Karabakh. Un échec pour lui. Le président préfère le statu quo… », insiste Andreï Kortounov, directeur du think tank Russian Council à Moscou. Le cessez-le-feu est donc un succès pour Moscou qui pourra ainsi continuer à jouer sur les deux tableaux.
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Marianne
12 novembre 2020
Cherchant à éviter une débâcle militaire totale, le Premier ministre arménien s’est résolu à accepter un cessez-le-feu synonyme de victoire pour l’Azerbaïdjian. D’abord prise de vitesse dans ce conflit, la Russie se pose désormais en garant de l’accord.
Après avoir laissé la situation évoluer sur le terrain pendant six semaines au Haut-Karabakh, au gré de la supériorité militaire de l’Azerbaïdjan, appuyé par la Turquie, Vladimir Poutine a sifflé la fin des combats lundi 9 novembre en cosignant un accord de cessez-le-feu avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan. On ignore si le fait que les forces azerbaïdjanaises aient abattu la veille « par erreur » un hélicoptère russe au-dessus de l’Arménie, avec laquelle Moscou a un accord de coopération militaire, a précipité ce dénouement…
POUTINE S'IMPOSE
Posant en garant de l’accord, le président russe s’est en tout cas imposé face aux Occidentaux du groupe de Minsk de l’OSCE, impuissant depuis trois décennies à avancer sur ce conflit. Mais il s’est aussi invité durablement sur le terrain. En effet, à la différence des cessez-le-feu précédents, rompus avant même leur entrée en vigueur, Moscou a aussitôt envoyé sur le terrain 2 000 soldats russes de maintien de la paix afin de le garantir.
Le président russe a précisé que les belligérants gardaient « les positions qu’ils occupent » scellant ainsi la victoire de l’Azerbaïdjan. Bakou a récupéré la deuxième ville du Karabakh, autrefois majoritairement peuplée d’Azéris, Chouchi, conquise deux jours plus tôt, et les districts situés autour de l’enclave, sorte de zone de sécurité constituée par les Arméniens et occupée depuis trente ans. Les Arméniens, eux, conservent la capitale, Stepanakert, ainsi qu’un couloir de 5 km de large reliant l’enclave à l’Arménie. En échange, Erevan s’est engagé à construire une route dans le sud de son territoire, qui reliera la région autonome du Nakhitchevan, peuplée d’Azéris et coincée entre l’Arménie et l’Iran, à l’Azerbaïdjan.
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Réseau Voltaire
10 novembre 2020
Une force de paix russe se déploie pour sauver l’Arménie
Le président Vladimir Poutine a imposé un déploiement d’une force de paix russe entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Le cessez-le-feu total entrera en vigueur le 10 novembre 2020 à minuit [1].
Il s’agit d’une lourde défaite pour les Arméniens de l’Artsakh et de l’Arménie qui payent leur incompréhension du coup d’État de 2018.
L’Arménie, dont le Premier ministre, Nikol Pashinyan, est arrivé au pouvoir par une « révolution » de couleur organisée par le spéculateur George Soros, a été verbalement soutenue par presque tous les acteurs internationaux, mais jamais en actes.
Le Pentagone espérait que les Turcs massacreraient en masse les Arméniens et que les États-Unis pourraient alors se lancer dans une guerre contre la Turquie.
Le président Poutine a contacté son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, et lui a proposé ce cessez-le-feu pour prévenir un génocide, ce qui permet à la Turquie d’éviter une guerre avec Washington.
Le conflit du Haut-Karabagh a coûté la vie à au moins 1 300 personnes en un mois et demi.
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Nouvelles d'Arménie
reportage BBC
13 novembre 2020
Reportage de la BBC sur les résidents arméniens de la région de Kalbajar
« Si mes enfants ne peuvent pas utiliser cette maison, alors personne ne le pourra. » Certains résidents arméniens de la région de Kalbajar – qui sera bientôt livrés à l’Azerbaïdjan – ont incendié leurs maisons aujourd’hui pour les empêcher de tomber entre les mains des Azéris.
cliquer ici pour lancer la vidéo
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Nouvelles d'Arménie
13 novembre 2020
Le Rapport du médiateur des droits de l’Homme d’Artsakh
Le médiateur des droits de l’homme a publié un rapport spécial sur la violation des droits de l’enfant :
Le Médiateur pour les droits de l’homme a publié un rapport ad hoc sur les droits des enfants à la suite de l’agression lancée par l’Azerbaïdjan contre la République d’Artsakh (Haut-Karabakh). Le rapport détaille les violations des droits des enfants enregistrées au cours de la guerre déclenchée par l’Azerbaïdjan contre le peuple d’Artsakh du 27 septembre au 9 novembre, y compris le droit inhérent des enfants à la vie, le droit à la santé, leur droit d’être avec la famille et la communauté, droit au développement de la personnalité et à être nourri et protégé, ainsi que d’autres violations des droits de l’homme.
Dès le premier jour des hostilités, les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé des attaques délibérées et aveugles contre les biens civils, les bâtiments résidentiels et les infrastructures dans environ 170 communautés de l’Artsakh (environ 70%), à la suite desquelles la population civile, y compris les enfants, les femmes et les personnes âgées ont été ciblées.
Le Médiateur des droits de l’homme a enregistré au moins 50 civils tués et 163 blessés, dont un enfant tué et 9 enfants blessés.
Les enfants d’Artsakh ont été déplacés avec leurs familles, échappant à la menace pour leur vie et leur santé, et s’abritant dans les sous-sols d’immeubles résidentiels et d’autres biens civils ou se déplaçant vers des endroits plus sûrs en Artsakh et en République d’Arménie.
Les objets répondant aux besoins des enfants, notamment les écoles, les centres culturels et les jardins d’enfants, ont également été délibérément et aveuglément visés par l’Azerbaïdjan. Selon des données préliminaires, 71 écoles et 14 jardins d’enfants ont été endommagés à la suite de l’agression azerbaïdjanaise en Artsakh, à l’exclusion des écoles et des jardins d’enfants qui se trouvent dans les communautés actuellement sous contrôle azerbaïdjanais.
Il n’existe pas de données sur un nombre significatif de ces écoles et jardins d’enfants. 23978 écoliers et 4036 enfants d’âge préscolaire sont privés du droit à l’éducation.
Parallèlement au ciblage de la population civile, les médias sociaux azerbaïdjanais sont submergés d’arménophobie et de discours de haine contre les enfants arméniens, allant jusqu’à des discussions et des appels à tuer des enfants arméniens.
Donnant la priorité à la protection des droits de l’enfant en toutes circonstances, le Médiateur des droits de l’homme d’Artsakh appelle les organisations internationales de défense des droits de l’homme, en particulier celles spécialisées dans la protection des droits de l’enfant, à enregistrer correctement les violations flagrantes des droits des enfants de l’Artsakh…
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Nouvelles d'Arménie
13 novembre 2020
Rectification : les femmes et les enfants de Karin Tak saufs
Le producteur de films Pierre Mahiote, gérant de la société Cinergie Productions qui produit des documentaires pour plusieurs chaînes de télévision, a laissé le message ci-dessous sur son mur Facebook, un témoignage que rapporte son réalisateur Hakob Melkonyan qui a pu s’entretenir avec des survivants du massacre de Karen Tak qu’il connaît personnellement.
« Cette photo a été prise par notre équipe de tournage dans le village de Karin Tak (600 habitants) qui dépend de la région de Chouchi. Outre les personnes sur la photo (hormis bien sûr l’équipe de tournage), [adultes et enfants du village ont tous été massacrés par des djihadistes]. Cette information de la production du film s’est avérée fausse après en avoir discuté avec Hakob Melkonyan au téléphone(ndlr). Pour y avoir été plusieurs fois pour des tournages ou des repérages en Arménie et dans le Haut-Karabagh, j’aime ce peuple. Réaliser ou produire des films sont des actes politiques en soi, mais je reconnais mon impuissance face à la realpolitik, à l’ignorance, au manque de connexions neuronales des barbares qui se vendent d’un pays à l’autre. Nos cerveaux sont-ils suffisamment développés pour éviter les guerres à venir ? À ce rythme, la connaissance intime du cerveau appartiendra-t-elle à une ère prochaine ? J’en doute. Je mettrai prochainement en ligne une interview du maire du village, exécuté lui aussi. »
Hakob Melkonyan, auteur-réalisateur, a réalisé deux documents à Karin Tak. Ayant pu le joindre, il nous explique que l’attaque s’est déroulée en trois phases. 1- Les djihadistes ont été envoyés en première ligne. Plusieurs ont été neutralisés sous les tirs arméniens. Puis ce fut au tour des forces spéciales turco-azérie d’intervenir et enfin l’armée azérie. Entre ses trois phases, et en rectification des informations précédentes, après avoir eu un coup de fil en provenance de Stepanakert, les femmes et les enfants s’étant cachés dans la forêt ont été saufs.
Seuls les hommes et soldats arméniens sont tombés sous la mitraille turco-azéri-djihadiste.
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Nouvelles d'Arménie
13 novembre 2020
Les soldats de la paix russes sont entrés dans Stepanakert
Les principales forces du contingent russe de maintien de la paix au Haut-Karabakh continuent à se déployer dans leur zone de responsabilité, en particulier, le bataillon de maintien de la paix de la 15ebrigade de fusiliers motorisés du disctrict militaire central est entré dans la ville de Stepanakert, et ses unités avancées, ayant atteint la ville de Shushi, ont commencé à déployer des postes d’observation a annoncé jeudi 12 novembre le général de division Igor Konashenkov.
Le bataillon de maintien de la paix est entré dans la ville de Stepanakert à 17 heures. 10 postes d’observation ont été déployés le long de la ligne de contact dans le Haut-Karabakh et dans le couloir de Lachin le long de la route Goris – Sus – Geytala – Col de Lysogorsky – périphérie sud-ouest de Shusha et a commencé à déployer quatre postes d’observation dans la zone de responsabilité a-t-il dit.
Des unités du contingent de maintien de la paix ont pris le contrôle du couloir de Lachin et d’un tronçon de la route de Lachin avec la mise en place de six postes d’observation temporaires.
Igor Konashenkov a ajouté que les soldats de la paix russes arrivés en Arménie marchent vers la ville de Goris. « Les subdivisions du 2e bataillon de la formation de maintien de la paix, qui sont arrivés aujourd’hui, après avoir débarqué à l’aérodrome d’Erebuni, font une marche de trois cents kilomètres vers la zone de concentration près de la commune de Goris », a-t-il dit.
Selon Igor Konashenkov, afin de s’acquitter des tâches de maintien de la paix, de prévenir d’éventuels incidents et d’assurer la sécurité du personnel militaire russe, une interaction continue avec le quartier général des forces armées d’Azerbaïdjan et d’Arménie a été organisée par des voies de communication directes.
« La coordination des actions sur la mise en œuvre des tâches de maintien de la paix et le suivi de la situation dans la zone du conflit du Haut-Karabakh est assurée 24 heures sur 24 par le Centre national des directions de la défense de la Fédération de Russie », a déclaré un représentant officiel du ministère russe de la Défense.
Igor Konashenkov a déclaré que les avions de l’aviation de transport militaire (MTA) de la Russie effectuaient plus de 20 vols par jour, transportant plus de 370 soldats de la paix et plus de 50 pièces d’équipement pour l’opération de maintien de la paix au Haut-Karabakh.
Igor Konashenkov a déclaré que les avions de l’aviation de transport militaire (MTA) de la Russie effectuaient plus de 20 vols par jour, transportant plus de 370 soldats de la paix et plus de 50 pièces d’équipement pour l’opération de maintien de la paix au Haut-Karabakh.
Selon le représentant du département militaire, depuis le début de l’opération de maintien de la paix, 56 avions ont volé transportant 817 militaires et 119 unités d’armes et de matériel militaire, ainsi que huit hélicoptères Mi-8 et Mi-24 de l’armée des Forces aérospatiales russes.
Comme le général l’a précisé, l’état-major du génie a préparé les hélicoptères pour l’opération, ils ont déjà volé vers les aérodromes d’origine.
« Les équipages de l’aviation de l’armée ont terminé des vols d’entraînement et sont prêts à accomplir leurs tâches », a souligné Igor Konashenkov.
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Nouvelles d'Arménie
13 novembre 2020
La Russie laisse peu de place à la Turquie dans la trêve azéro-arménienne par Metin Gurcan
L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont convenu de mettre fin aux hostilités dans la région contestée du Haut-Karabakh dans le cadre d’un accord parrainé par la Russie qui éloigne les États-Unis et l’Europe des efforts de colonisation et laisse peu de voix diplomatique à la Turquie malgré son soutien militaire à l’Azerbaïdjan.
L’accord, annoncé aux petites heures du 10 novembre, permet à l’Azerbaïdjan de conserver des zones du Haut-Karabakh qu’il a récupérées lors d’affrontements depuis le 27 septembre et oblige l’Arménie à remettre plusieurs zones adjacentes au cours des prochaines semaines.
Aux termes de l’accord, la région d’Agdam et les zones sous contrôle arménien dans la région de Kazak seraient renvoyées à l’Azerbaïdjan d’ici le 20 novembre. Une force de maintien de la paix russe composée de 1 960 soldats, 90 véhicules blindés, 380 autres véhicules et du matériel spécial serait déployée le long de la ligne de contact au Haut-Karabakh et le long du soi-disant couloir de Lachin, la route principale reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, sous un mandat de cinq ans renouvelable automatiquement si aucune des parties ne s’y oppose six mois à l’avance.
Les autres zones que l’Arménie retournerait en Azerbaïdjan comprennent Kalbajar, qui sera remise d’ici le 15 novembre, et la région de Lachin d’ici le 1er décembre, à l’exclusion du corridor de Lachin de cinq kilomètres (trois miles) de large. Shusha – la deuxième plus grande ville du Haut-Karabakh, que les forces azéries se sont emparées le 8 novembre – resterait aux mains des Azéris. Une nouvelle route reliant Stepanakert, la plus grande ville du Haut-Karabakh, à l’Arménie serait construite en trois ans dans le corridor de Lachin. L’Azerbaïdjan, quant à lui, gagnerait le passage vers la République autonome de Nakhitchevan, une enclave azérie séparée du continent par une bande de terre arménienne, et la liaison serait contrôlée par les gardes-frontières russes.
Deux facteurs ont accéléré la signature de l’accord, que Moscou prépare depuis au moins deux semaines. Premièrement, l’armée azérie a abattu un hélicoptère russe volant dans l’espace aérien arménien près de la frontière avec Nakhitchevan le 9 novembre, tuant deux membres d’équipage et en blessant un. Bakou a immédiatement déclaré que l’hélicoptère avait été touché par erreur, s’est excusé et a offert de payer une compensation. La chute a poussé Bakou à accepter l’accord, que Moscou avait présenté quelques jours auparavant.
Sinon, les choses allaient plutôt bien pour l’Azerbaïdjan sur le champ de bataille. Les forces azéries, renforcées par le soutien militaire turc et les armes de fabrication israélienne, ont repris environ 30% du territoire du Haut-Karabakh, sur quelque 12 000 kilomètres carrés, dont 300 sur environ 900 colonies, principalement des zones rurales dans le sud de l’enclave. près de la frontière iranienne.
Dernièrement, les affrontements se sont déplacés vers l’axe critique Lachin-Shusha-Stepanakert. La perspective de combats dans des zones aussi densément peuplées menaçait d’augmenter le nombre de morts parmi les civils et de déclencher des vagues de réfugiés à l’approche de l’hiver, le deuxième facteur qui a précipité l’accord.
L’Azerbaïdjan dépasse nettement l’ Arménie en termes de budget de défense et de personnel militaire, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. En 2019, le pays disposait d’un budget de défense de 1,8 milliard de dollars et d’une armée de 60000 hommes, tandis que les chiffres respectifs de l’Arménie s’élevaient à 644 millions de dollars et 44000 soldats.
A en juger par les pertes des deux camps, les Azéris semblent avoir clairement prévalu sur le champ de bataille. Selon les informations locales , l’armée arménienne a perdu environ 100 chars de combat principaux, quelque 50 véhicules blindés de combat et véhicules de transport de troupes, environ 70 obusiers, 60 systèmes de lancement multiple, environ 20 systèmes de défense aérienne et plus de 400 camions depuis le 27 septembre. Les forces azéries, quant à elles, ont perdu 20 chars, environ 10 obusiers et plusieurs systèmes de lancement de fusées, près de 50 camions et une vingtaine de drones. Les chiffres, basés sur des images et des photographies corroborantes, suggèrent que l’armée arménienne a perdu près de 35% de son inventaire en termes de chars, d’artillerie et de camions. En ce qui concerne le nombre de morts, des sources locales évaluent les pertes de l’Arménie à 5 000, soit environ 10 % de son armée permanente. L’Azerbaïdjan, quant à lui, a perdu environ 1 200 hommes , selon les déclarations officielles.
En somme, l’Arménie a subi un coup dur, qui est susceptible d’avoir des conséquences durables pour sa population déjà appauvrie et son économie en difficulté et même avoir un impact sur la géopolitique de la région.
L’accord de cessez-le-feu était, en un sens, le baiser de la vie de Moscou pour Erevan avant que l’armée arménienne ne fasse face à l’effondrement total. Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a qualifié l’accord de « incroyablement douloureux », admettant que les chefs militaires lui avaient conseillé d’accepter la trêve parce que « nos ressources étaient épuisées ».
Un aspect curieux de l’accord nécessite de faire la distinction entre les gagnants et les perdants à la fois sur le champ de bataille et à la table des négociations . L’Azerbaïdjan et la Turquie ont été les gagnants sur le terrain, mais la Russie et l’Azerbaïdjan sont devenus les gagnants à la table des négociations. Les gains diplomatiques de la Turquie semblent douteux. Le président azéri Ilham Aliyev a évoqué le rôle de la Turquie dans la surveillance du cessez-le-feu, mais Moscou n’a pas tardé à affirmer que seuls les soldats de la paix russes seraient déployés.
Pour Moscou, l’accord concrétise une proposition de 2018 de déployer des soldats de la paix russes dans le Haut-Karabakh, que les deux parties avaient rejetée à l’époque. Cela équivaut au contrôle russe de la région la plus peuplée et la plus développée économiquement du Haut-Karabakh et met fin au statut de l’enclave en tant que territoire dirigé par les Arméniens.
Grâce à cet accord, Moscou gèle à nouveau le conflit, mais Bakou est satisfait des gains qu’il a réalisés. Aliyev parvient à une solution à court terme qui plaît au public azéri et renforce sa main dans la politique intérieure. Il peut facilement vendre l’accord comme une victoire militaire. La main de Bakou se renforcera davantage – à la fois au pays et à l’étranger – une fois que les réfugiés azéris qui ont fui leurs foyers lorsque le conflit a éclaté pour la première fois dans les années 1990 commenceront à retourner au Haut-Karabakh dans le cadre de l’accord.
Il est toutefois important de noter qu’une paix durable exige toujours un règlement politique durable.
Erevan se dirige vers des moments difficiles, étant le perdant à la fois sur le champ de bataille et à la table. Le sentiment de fierté nationale blessée pourrait aiguiser les sentiments nationalistes parmi le peuple arménien et augmenter la pression sur le gouvernement de Pashinyan. Ce qui est certain, c’est que l’accord a considérablement accru la dépendance de l’Arménie à l’égard de la Russie.
Et qu’en est-il de la Turquie ? Le soutien militaire turc , ainsi que l’assistance israélienne en matière d’armement, ont contribué à faire pencher la balance en faveur de l’Azerbaïdjan sur le champ de bataille. Pourtant, la diplomatie turque semble avoir peu de mot à dire sur la table des négociations actuellement. En aidant l’Azerbaïdjan, Ankara a fermement poussé Erevan dans les bras de la Russie. En d’autres termes, il a effectivement sous-traité le travail de saper Nikol Pashinyan, favorable à l’Occident, que Moscou a considéré avec suspicion depuis son arrivée au pouvoir après une « révolution de velours » en 2018.
De plus, le corridor prévu de Nakhitchevan, qui partage une minuscule frontière avec la Turquie, vers le continent azéri sera également sous contrôle russe, ce qui atténue les espoirs d’Ankara d’utiliser la route comme une porte d’entrée pour renforcer son influence en Azerbaïdjan et en Asie centrale.
Si l’accord devait être conclu, son impact sur les futurs efforts de normalisation entre la Turquie et l’Arménie est une autre question qui mérite l’attention. En signe de solidarité avec l’Azerbaïdjan, la Turquie a gardé sa frontière avec l’Arménie scellée et a refusé d’établir des relations diplomatiques avec Erevan depuis les années 1990. Le détachement du Nakhitchevan d’Azerbaïdjan a été un point de discorde clé dans le conflit. Maintenant que la Russie apporte une solution partielle au problème, cela pourrait-il encourager Ankara à renouveler ses efforts de normalisation avec Erevan ? Une telle perspective semble lointaine pour le moment, mais ne peut être exclue après la fin des affrontements.
Les accords de cessez-le-feu sont généralement des accords à court terme, mais ceux qui réussissent ont la chance d’évoluer vers une paix durable. Et le conflit du Haut-Karabakh se dirige maintenant vers un processus de négociation à long terme qui oblige Ankara à traiter la question du Nakhitchevan en tande
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