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Une lettre ouverte à Mr Le Drian , du Pasteur René Léonian

LETTRE OUVERTE à M. Jean-Yves LE DRIAN


>          Ministre des Affaires Étrangères


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>>                  Monsieur le Ministre,


>>


>> 


>> Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer le 16 avril 2016 à Beyrouth. Ce


>> jour-là, le Président de la République Française, M. François Hollande se trouvait à Beyrouth en visite officielle. À cette occasion, le Président François Hollande avait convié un certain nombre de français et de franco-libanais à une réception qui s'est tenue à la Résidence de l'Ambassadeur de France au Liban. Parmi les nombreux invités se trouvaient les membres de la délégation de la CHREDO  dont je faisais partie. La CHREDO était alors en mission dans trois pays (Liban, Syrie et Irak). À l'issue de son discours, François Hollande a passé un long moment à saluer les gens et à se faire photographier avec eux. Profitant d'une certaine accalmie, je me suis approché du Président et lui ai fait part de deux préoccupations. La première préoccupation concernait la question du génocide des arméniens. Je lui ai dit: « M. le Président, vous avez pris l'engagement de faire voter une loi pénalisant la négation du génocide des arméniens et nous sommes persuadés que vous tiendrez parole ». Le Président a répondu qu'il faisait le nécessaire.


>> La deuxième préoccupation concernait la situation actuelle au Karabagh. Je lui ai dit: « M. le Président, nous sommes consternés par la récente agression des azéris au Karabagh avec son lot de cruautés (2-6 avril 2016). Il nous semble que la meilleure solution pour résoudre ce conflit, c'est la reconnaissance de l'indépendance du Karabagh. Je vous demande, M. le Président, de faire reconnaître par la France l'indépendance du Karabagh ». Le Président a répondu que cela n'était pas si simple et que la France n'était pas seule pour trouver les bonnes solutions, qu'elle travaillait dans le cadre de l'OSCE et, en particulier avec les États-Unis et la Russie. J’ai alors suggéré au Président Hollande que la France prenne l'initiative de la reconnaissance de l'indépendance du Karabagh et qu'elle aille de l'avant avec ses partenaires.


>> Je me suis alors approché de vous, Monsieur Jean-Yves Le Drian. Vous étiez alors, Ministre de la Défense. J’ai essayé de vous sensibiliser à la situation douloureuse des arméniens du Karabagh. Je vous ai expliqué qu’il n’était plus possible pour les arméniens du Karabagh d’envisager un retour au sein de l’Azerbaïdjan. Je vous ai dit alors que la seule solution était de reconnaître l’indépendance du Karabagh. Et je vous ai demandé instamment de travailler à cette reconnaissance. Vous m’avez alors regardé et dit très calmement: « Monsieur le Pasteur, je suis Ministre de la Défense et non pas Ministre des Affaires Étrangères. Il faut voir cela avec mon collègue des Affaires Étrangères ».


>> J’avoue que j’ai été très surpris par votre réponse. Ces dernières années, à plusieurs reprises, j’ai parlé de vous et de vos propos à différentes personnes, en France, en Arménie et dans d’autres pays.


> Les années ont passé et voilà que vous êtes en charge du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Il y a quatre ans, à Beyrouth, vous m’aviez conseillé, pour la reconnaissance de l’indépendance du Karabagh, de contacter votre collègue, le Ministre des Affaires Étrangères. Comme je suis d’une nature patiente, je savais qu’il fallait que j’attende le jour où je vous contacterai de nouveau, non plus comme Ministre de la Défense, mais comme Ministre des Affaires Étrangères. Voilà, c’est ce que je fais aujourd’hui.


> Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères, ayez du courage, écoutez votre conscience et prenez la bonne décision.


> C’est vrai que vous avez été pas mal critiqué sur la question du Karabagh. Vous avez osé parler de « neutralité » de la France.


> Je sais également que vous allez me dire que vous n’êtes pas seul au Quai d’Orsay.


> Et puis, ces questions là se décident à la Présidence de la République…


>> Comme je l’ai déjà dit, je suis d’une nature patiente. Peut-être que vous allez faire la même pirouette que quatre ans en arrière.


> Et, si vous dites que vous n’êtes que Ministre des Affaires Étrangères et non pas Président de la République, peut-être que nous pourrons attendre deux ou quatre ans que vous deveniez Président de la République…


> Cependant, sachez une chose, c’est que les arméniens au Karabagh ne peuvent plus attendre. Des innocents meurent tous les jours. Et, si le Karabagh tombe, demain c’est peut-être l’Arménie qui tombera.


> Monsieur le Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, je ne sais pas si vous lirez cette lettre, mais sachez que beaucoup de gens la liront.


> En tant que croyant, la Bible nous enseigne à respecter nos autorités et à prier pour ceux qui nous gouvernent. C’est ce que je fais régulièrement pour toutes celles et tous ceux qui sont en charge de hautes responsabilités dans notre cher pays de France.


> Soyez assuré, Monsieur le Ministre, de l’expression de ma plus haute considération.


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> Pasteur René Léonian