Un amour d’école : le Tebrotzassère (“amour de l’école”, en arménien)
Le directeur de l'école Tebrotzassère a fait un point sur les mesures sanitaires prises par l'école. Afin de repartir du bon pied dès la prochaine reprise, tout le personnel et le corps enseignant mettent en œuvre le maximum, afin de bénéficier d'un protocole rigoureux et totalement respectueux des règles sanitaires de protection des élèves et du personnel. Quand toutes les conditions sanitaires nécessaires seront réunies, le directeur reviendra vers les parents des élèves . Merci pour votre patience et votre engagement. Pour plus d'information, recopiez ce lien dans votre barre d'adresse :
source : Tebrotzassère / Haïg Sarkissian
Historique de l'école :
Dans l’Empire ottoman (1879 – début des années 1920)
Fondation et débuts (1879 – début des années 1890)
Le 1er mai 1879 est créée l’« Association des Dames Arméniennes Amies des Écoles Tebrotzassère » (A.D.A.A.E.T., en arménien Դպրոցասէր Տիկնանց Ընկերութիւն) à Ortaköy, dans la banlieue de Constantinople[1]. Cette association est fondée sur l’initiative de quelques anciennes élèves du collège arménien Hripsimian de l’Institution Gabriel Nèrtchabouh :
- Takouhie Balthazarian et sa sœur Anna (ou Annig) Tchayan, Armavénie Shaguian Minassian, Zabel Findikian, Araxie Gulbenkian et Nouritza (ou Nourig) Simonian[2].
Son premier conseil d’administration est composé de :
- Nazli Vahan (ou Vahanian), première présidente, de sa fille Serpouhi Dussap (qui lui succède au poste de présidente), de Zabel Findikian, d’Araxie Gulbenkian, de Noémie Kapamadjian (fille de Nubar Pacha et donc sœur de Boghos Nubar Pacha) et d’Anna Tchayan[2].
Son but est alors de former des institutrices chargées d’enseigner l’arménien dans les provinces turques de l’est peuplées majoritairement d’Arméniens[3] (voir Population arménienne ottomane), provinces aussi connues sous le nom des six vilayets.
L’A.D.A.A.E.T. semble particulièrement attachée à la culture et à la littérature française, prenant notamment contact en 1882 avec Marie Godefroy le Goupill, devenue princesse Marie de Lusignan suite à son mariage avec Ambroise Calfa Nar Bey (alias Guy de Lusignan). La princesse est connue pour son œuvre de charité envers les Arméniens, tentant par exemple de fonder une société internationale de bienfaisance nommée « L’Arménophile » ayant pour but d’élever et éduquer en France des jeunes arméniennes orphelines puis les renvoyer en Orient « en y portant les principes de la civilisation française et devenir, à leur tour, institutrices » (mais la France s’oppose à sa création)[4]. Les Dames lui adressent ainsi, dans une lettre datée du 28 juillet 1882, « la prière d’obtenir, par sa puissante et gracieuse médiation, un portrait de Victor Hugo, revêtu de sa signature », la princesse étant proche de l’écrivain[5]. Elle leur répond le 19 août que lorsque « L’Arménophile » sera fondée, elle aura besoin de leur concours pour mener à bien son action, ayant le but commun de « la régénération de la nation [arménienne] par l’école »[5]. De plus, elle consent à leur demande de portrait : « Malgré ma ferme résolution de ne plus rien demander à mon illustre ami Victor Hugo, le grand génie qui domine notre siècle, j’ai voulu faire néanmoins une exception en votre faveur. Accédant à votre vif désir, je lui ai fait signer pour vous une de ses grandes photographies et je vous l’offre. Je lui ai fait lire aussi la lettre que vous lui avez écrite. Il l’a trouvée charmante et remplie des plus nobles sentiments patriotiques ; il vous en remercie. Avec son portrait, son esprit et son cœur seront toujours au milieu de vous »[5].
En 1889, l’école quitte Ortaköy et emménage dans le quartier de Koum-Kapou (Kumkapı en turc), où elle est hébergée dans de meilleures conditions. À cette date, elle comprend 30 pensionnaires et 150 externes[2].
Persécutions contre les Arméniens et ouverture de l’orphelinat (1895 – début des années 1920)
En 1895, l’école est fermée par ordre du sultan Abdülhamid II et l’A.D.A.A.E.T. cesse alors ses activités[2].
L’association se reforme et reconstitue son financement entre le 27 septembre 1908 et février 1909[2]. En 1909, l’école rouvre ses portes avec 42 pensionnaires et 33 externes[2]. Après les massacres d’Adana en avril de la même année, les Dames décident de prendre en charge 30 très jeunes orphelines venues de Cilicie et créent alors l’école primaire mais toujours avec l’objectif de former des institutrices[2]. L’école se compose ainsi d’une classe primaire et de quatre classes d’enseignement supérieur[2]. Elle est alors dirigée par Takouhie Baltazarian aidée par d’anciennes élèves : Aguliné Boyadjian, Yermoné Roupen, Serpouhie Gourdiguian et Mannig Khodjassarian[6].
Entre 1909 et 1915, l’école connaît une période plutôt prospère. Depuis sa création, Tebrotzassère est parvenue à former plus de 300 institutrices parties enseigner dans les provinces arméniennes éloignées[6].
Pendant le génocide des Arméniens, toutes les activités communautaires cessent mais Tebrotzassère garde son école avec son corps enseignant, ses pensionnaires et ses externes[2]. La plupart des Dames de l’Association, ayant épousé des intellectuels, sont avec eux persécutées et doivent se cacher[2]. La responsabilité de la direction incombe alors à une ou deux des adhérentes de l’Association, rôle assumé principalement par Takouhie Balthazarian[2]. Il reste alors dans la caisse de l’école les fonds récoltés au Caucase, qui lui permettent de subsister à une époque où elle accueille de plus en plus de pupilles du fait du génocide[2]. Malheureusement, le bâtiment de Koum-Kapou, qui abrite l’école, prend feu et ses occupants ont tout juste le temps de s’enfuir[2]. Takouhie Balthazarian les regroupe dans la « Maison de Jérusalem » jusqu’à ce qu’elle puisse louer un autre bâtiment et, se mettant d’accord avec une autre des fondatrices, Armavénie Minassian, elles réunissent les Écoles Tebrotzassère[2]. L’enseignement continue à être prodigué tant bien que mal, dans de très mauvaises conditions[2].
Après l’armistice de Moudros (1918) qui met fin à la Première Guerre mondiale dans cette région du monde, les anciennes membres de l’Association rejoignent leurs amies et décident de créer un nouvel orphelinat, y recueillant 300 orphelines qui leur ont été confiées par les organismes officiels de bienfaisance qui subventionnent l’orphelinat par une contribution financière de 5 pièces d’or par mois[2]. L’équipe dirigeante, qui est alors composée de Mesdames Takouhie Balthazarian, Aguliné Mourad Boyadjian (1881-1958, veuve du fédaï Hampartsoum Boyadjian) et Hodjassarian, a ainsi à sa charge 500 enfants et jeunes filles[2]. Grâce au cardinal italien Angelo Maria Dolci et Mme Asdiné Servitchen, l’école des frères Guédig-Pacha est mise à leur disposition et, petit à petit, l’école primaire de l’école Tebrotzassère est reformée ainsi que les trois classes d’enseignement supérieur[2]. Cependant, cette location ne dure que six mois, forçant les Dames à s’installer dans le palais Nechan-Tach, où la vie de l’école et de l’orphelinat semble retrouver un semblant de normalité[2]. Mais les persécutions reprennent toutefois et le palais est incendié : Tebrotzassère est provisoirement recueillie par l’école Essayan, puis se réinstalle dans un petit bâtiment de Nechan-Tach où il est pratiquement impossible d’enseigner[2]. Enfin, et après de nombreuses démarches, les Dames obtiennent l’autorisation de s’installer dans l’orphelinat de garçons de Takedur, qui emménage quant à lui dans un bâtiment rénové[2].
Départ de Turquie et arrivée en Grèce puis en France (1922-1928)
Exil en Grèce et démarches pour émigrer en France (1922-1924)
En 1922, 90 orphelines accompagnées par Takouhie Balthazarian et Aguliné Boyadjian, alors secrétaire générale et administratrice de l’orphelinat, transitent à Izmir puis se rendent à Salonique (Grèce)[2]. Trois bâtiments y sont loués, locaux où vraisemblablement le reste des orphelines et du personnel se rend en 1923[6]. L’école y installe ainsi son siège entre avril 1923 et le 30 septembre 1924[6]. Mais dès le 22 août 1924, les Dames sont priées d’évacuer les lieux, leur location étant parvenue à terme[6]. Le mauvais climat, les conditions défavorables et les difficultés font que les Dames ont besoin d’une solution. Ainsi, le diplomate et membre important de l’Union générale arménienne de bienfaisance (UGAB) Gabriel Noradounghian (il réside alors à Paris), l’archevêque Vramchabouh Kibarian d’Artchouguentz (1855-1944)[7] et S. Nichan Kalebdjian (protégé français, ancien drogman du consulat général de France à Constantinople et attaché à la sous-direction d’Asie-Océanie du Ministère des Affaires Étrangères français dans les années 1910[8]) intercèdent en faveur de l’A.D.A.A.E.T. auprès du Ministère des Affaires Étrangères, permettant à l’association d’obtenir le droit d’émigrer en France[6]. Ainsi, le 19 septembre 1924, un visa collectif est donné par la France pour 95 enfants et 2 institutrices[6]….
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source : wikipedia