“Sans retour possible” mais les Arméniens, les Grecs pontiques , les Assyriens, les Syriaques ont des droits sur ce pays
"Sans retour possible » : Arménie, la mémoire en souffrance
Sans retour possible fait partie des grands documentaires de témoignage. La voix, les mots, les visages, les récits y sont, dans un dispositif un peu affolé, la scène mémorielle en même temps que la trace d’une de ces tragédies sans nom généreusement dispensées par le XXe siècle. Ici, le génocide arménien de 1915, dont on a commémoré le 24 avril le 105e et sinistre anniversaire, sous les yeux depuis un siècle impavides des autorités turques.
Le film, empruntant son titre à la mention figurant sur les passeports des Arméniens fuyant leur mort programmée, date de 1983 et fait feu de tout bois. On y sent les réalisateurs dans le désir éperdu du témoignage. De la Turquie à la diaspora. De la France à l’Arménie soviétique. De Marseille à Paris. Des ancêtres aux enfants. De l’image d’archive à l’enregistrement direct. Du récit face caméra au pas de danse dans les champs, de la musique ancestrale à la peinture naïve. C’est qu’il ne suffit pas ici de commémorer une souffrance, il s’agit plus encore d’instaurer sa reconnaissance et sa mémoire, si longtemps minorées.
A cet égard, le film de Jacques Kebadian et Serge Avédikian imprime avant toute chose le signe de ce lancinant combat, qui à bien des égards reconduit la souffrance qu’il entend faire reconnaître. Car la pire des douleurs est celle qui ne se voit pas reconnue, au premier chef par ceux-là mêmes qui l’ont causée. Jacques Mandelbaum