Patrick Devedjian: “Je suis le fils d’un homme qui a perdu son statut de “ressortissant protégé” lorsque la France a abandonné les chrétiens d’Arménie à leur sort
"Je suis le fils d'un homme qui n'était pas français, et cela m'a longtemps exaspéré. Mon père est mort apatride: il a perdu son statut de "ressortissant protégé" lorsque la France a renié le traité de Sèvres, signant avec les Turcs en 1923 l'accord de Lausanne et abandonnant les chrétiens d'Arménie à leur sort. Il en a conçu beaucoup d'amertume, lui pour qui la France était, comme pour tous les chrétiens d'Orient, "la lumière du monde". Pourtant, il parlait parfaitement le français, sans aucun accent: à Constantinople, où il avait grandi, toute sa famille parlait français à table; il avait passé son bac à l'ambassade de France, et réussi ensuite l'Ecole supérieure de commerce de Paris.
Quand il est mort, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides m'a envoyé tout son dossier: j'y ai même retrouvé ses premiers papiers, ceux qui lui avaient été remis lors de son arrivée à Marseille
en 1919
C'était un homme extrêmement cultivé, très bien éduqué, mais qui méprisait l'
administration: pour lui, par exemple, tous les fonctionnaires étaient corrompus.
Lorsque je suis né, il avait déjà 43 ans, et il m'a élevé seul, puisque j'ai perdu ma mère à
l'âge de 6 ans. C'était un homme très exigeant, et très peu expansif – il venait d'un autre
monde, tandis que j'étais, moi, né dans celui-là.
Quand la guerre d'Algérie a commencé, j'y ai vu la répétition de notre histoire, la
conviction qu'il fallait résister aux musulmans qui chassaient les chrétiens.
"J'aime la France!" disais-je alors à mon père, que ce militantisme à l'extrême droite
exaspérait – il me trouvait stupide, et sans doute l'étais-je… Ma crise d'adolescence a
passé depuis longtemps, mais j'ai gardé de l'Orient, de mon père, au-delà de la fierté
d'être issu d'une très vieille civilisation, le traumatisme du génocide. Quand je regarde
mes petits-enfants, il m'arrive souvent de penser qu'en d'autres lieux et d'autres temps
ils auraient été tués juste pour ce qu'ils sont."
Patrick Devedjian / L'Express
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né le à Fontainebleau (Seine-et-Marne) et mort le à Antony (Hauts-de-Seine), P. Devedjian
est un homme politique français.Membre du RPR, de l’UMP puis de LR, il est maire d'Antony de 1983 à 2002, député des Hauts-de-Seine entre 1986 et 2017, ministre délégué aux Libertés locales de 2002 à 2004, ministre délégué à l'Industrie de 2004 à 2005,
ministre chargé de la Mise en œuvre du plan de relance de 2008 à 2010 et président du conseil départemental des
Hauts-de-Seine de 2007 à sa mort.
Il est la première victime française de la maladie à coronavirus parmi les personnalités politiques françaises en activité.
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Fils de Roland Devedjian (1901-1974)3, ingénieur en fonderie arménien né à Sivas en Turquie, immigré en France à cause du
génocide arménien4, et de Monique Wallois (1924-1950)3, née à Boulogne-sur-Mer, Patrick Roland Karékin Devedjian3 est
élève à l'école communale de La Frette-sur-Seine, au collège arménien Samuel-Moorat de Sèvres, puis à l'école Fénelon et
au lycée Condorcet.
Patrick Devedjian poursuit ses études à la faculté de droit d'Assas, puis à l'Institut d'études politiques de Paris3, dont il n'obtient
pas de diplôme. La guerre d'Algérie, qu'il perçoit comme une confrontation entre musulmans et chrétiens et qui lui rappelle, à
ce titre, le génocide arménien fui par son père5, suscite son engagement nationaliste de jeunesse. En 1963, à 17 ans, il rejoint
le groupe fondateur d'Occident (dissous en 1968 et qui renaîtra sous le nom d'Ordre nouveau). Dans un entretien accordé au
Monde en 2014, il déclare : « Je me suis totalement trompé et je l'assume, mais je n'ai cautionné aucun crime »6.
Il épouse en 1969 Sophie Vanbremeersch3,7, fille du général Claude Vanbremeersch (1921-1981). Le couple a quatre enfants
8, Thomas (né en 1971), énarque, ancien haut fonctionnaire9, François, Arthur et Basile
Avocat au barreau de Paris à partir de 19703, il défend Jacques Chirac10 et Charles Pasqua.
Parcours politique
En 1964, Patrick Devedjian, comme Alain Madelin, Hervé Novelli, Claude Goasguen ou Gérard Longuet, rejoint le groupe
activiste d’extrême droite Occident fondé par Pierre Sidos. En novembre 1965, Patrick Devedjian et Alain Madelin sont
condamnés par le tribunal correctionnel de Draguignan à un an de prison avec sursis et trois ans de mise à l'épreuve pour
vol et détention d'armes[11],[12],[13].
Patrick Devedjian date son éloignement du mouvement Occident de l'année 1966, à la suite de sa rencontre avec
Raymond Aron[14]. Cependant, en avril 1966, il participe avec d'autres nationalistes, dont Alain Madelin,
à des manifestations devant le théâtre de l'Odéon contre la représentation des Paravents, de Jean Genet, une pièce
perçue par l'extrême droite comme portant atteinte à l'image de la France ]. Selon le journaliste
Frédéric Charpier, repris par le quotidien Libération, Devedjian est membre de ce mouvement au moins jusqu'en janvier
1967, son éloignement d'Occident étant dû au climat délétère qui règne en son sein à cette époque[16]. Il est accusé
d'avoir participé, en janvier 1967, à un commando d'Occident qui avait attaqué des étudiants d'extrême gauche à Rouen[
17] et est condamné comme « auteur moral », le , avec douze autres militants d'extrême droite pour
« violence et voies de fait avec armes et préméditation »[18]. Soupçonné d'être la taupe ayant dénoncé les membres
arrêtés, il subit le supplice de la baignoire[19],[20] et le groupe prononce son exclusion en [21]. Il a, depuis,
publiquement assumé et regretté ce qu'il considère comme une erreur de jeunesse[22].
En 1970, il crée avec Georges Liébert la revue Contrepoint, ancêtre de Commentaire, sous le patronage intellectuel de
Raymond Aron.
Adhésion au RPR et élection à Antony
Durant les années qui suivent, sa carrière d'avocat et ses convictions politiques l'amènent à se rapprocher du mouvement gaulliste. Il adhère à l'UDR en 1971 et contribue à la fondation du tout nouveau RPR. Il en rédige les statuts avec Charles Pasqua, dont il est proche.
En 1977, la liste de gauche emmenée par le sénateur communiste André Aubry gagne les élections municipales à Antony. Anticommuniste convaincu[23], Devedjian se présente au nom du RPR pour reprendre la ville.
Il est battu aux législatives de 1978, ainsi qu'aux cantonales de 1982 et aux municipales de 1983. Cependant, après un
recours au tribunal administratif et au Conseil d'État, l'élection municipale de 1983 est annulée pour fraude[24]. Il sort
vainqueur de la seconde élection et est élu maire d'Antony. Sur sa liste, Jean-Yves Le Gallou est adjoint à la culture en
tant que membre du Parti républicain. En 1985, quand celui-ci adhère au Front national, Patrick Devedjian l'exclut de la
majorité municipale[25].
Maire d'Antony de 1983 à 2002, il se consacre à la modernisation de sa ville, qu'il habite jusqu'à sa mort. Il est réélu en
1989, 1995 et 2001, date à laquelle la liste qu'il conduit l'emporte pour la première fois au premier tour.
Communauté arménienne
Engagé au sein de la communauté arménienne de France Patrick Devedjian milite notamment pour la reconnaissance politique
du génocide arménien par la Turquie. Il est d'autre part à l'origine du réexamen parlementaire, huit ans après une première
tentative infructueuse de la gauche, d'une proposition de loi finalement adoptée en octobre 2006 et par lequel la France reconnaît
l'existence du génocide arménien62.
Vingt ans plus tôt, en 1985, Patrick Devedjian qualifie de « résistance » les actions de l'Armée secrète arménienne de libération
de l'Arménie (Asala)63 qui a commis une centaine d'attentats entre 1975 et 1983 dans le but de forcer la reconnaissance du
génocide arménien par la Turquie et la communauté internationale. Il a été l'avocat de membres de l'Asala64.
Adhésion de la Turquie à l'UE
Patrick Devedjian milite contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, estimant qu'elle ne respecte pas les critères de Copenhague. Selon lui, la Turquie n'assume pas son passé (négation du génocide arménien), ne reconnaît pas certains États membres de l'Union européenne (la République de Chypre) et persécute certaines minorités (les Kurdes).
Dans son livre À moi le ministère de la parole, il écrit :
- « Je reste donc très favorable au dialogue avec la Turquie, malgré sa brutalité et son attitude inacceptable, symbolisée par
- l'occupation militaire d'une partie du territoire européen – la moitié nord de Chypre – au moment même où elle demande à y
- être intégrée juridiquement. » (p. 190) ;
- « L'entrée de la Turquie est incompatible avec le projet européen, qui repose justement, pour chacun des pays qui y
- adhèrent, sur le deuil du nationalisme. C'est la raison pour laquelle la Turquie refuse de reconnaître le génocide arménien et
- traîne en justice ceux qui s'en indignent, comme l'écrivain Orhan Pamuk. Ce serait vécu comme une humiliation. De même,
- l'évacuation de Chypre-nord et la reconnaissance de Chypre-sud seraient vécues comme une défaite. Cela explique enfin
- pourquoi la Turquie ne peut accepter d'abriter une minorité kurde : ce serait ressenti comme un démembrement de la nation, une
- menace pour son unité » (p. 191
député des Hauts-de-Seine
député en 1986, il est membre jusqu'en 2002 de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Rapporteur des
accords du GATT en 1993 puis du budget de la Justice entre 1997 et 2002, il est l'un des rares parlementaires du RPR à
avoir voté en faveur du traité de Maastricht en 1992.
Durant la campagne présidentielle de 1995, il est, avec Nicolas Sarkozy, un fervent partisan d'Édouard Balladur. Après
que le duel Jacques Chirac/Édouard Balladur s'est soldé par la défaite du camp Balladur, il traverse une période de
pénitence au sein du RPR comme la plupart des balladuriens. Il rentre en grâce durant la campagne présidentielle de
2002.
Ministre sous la présidence de Jacques Chirac
La droite gagne en 2002 ; sous l'autorité de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, il est nommé ministre délégué
aux Libertés locales où il met en œuvre l'Acte II de la décentralisation. En raison de la demande de Jacques Chirac que l
es ministres n'exercent plus de mandat exécutif, il démissionne de son poste de maire d'Antony en faveur de l'un de ses
adjoints, Raymond Sibille. C'est son suppléant Georges Siffredi qui devient député comme la loi le prévoit.
Lorsque Nicolas Sarkozy est nommé à l'Économie et aux Finances, Patrick Devedjian devient ministre délégué à
l'Industrie jusqu'en , date à laquelle il n'est pas repris dans le gouvernement Villepin. Il est réélu député de la
13e circonscription des Hauts-de-Seine (Antony, Bourg-la-Reine, Châtenay-Malabry, Sceaux) en .
Comme conseiller politique de Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian est un des premiers membres de l'UMP à se prononcer
publiquement pour le retrait du Contrat première embauche (CPE)[26], bien qu'il ait préalablement défendu à plusieurs
reprises cette mesure[27], issue d'une convention de son parti[28].
Fonctions sous la présidence de Nicolas Sarkozy
Lors de l'élection présidentielle de 2007, il soutient la candidature de Nicolas Sarkozy. Le , Patrick Devedjian ne fait pas partie du premier gouvernement François Fillon et fait part de son agacement quant à l'ouverture prônée par Nicolas Sarkozy en déclarant : « Je suis pour un gouvernement d'ouverture, y compris aux sarkozystes, c'est tout dire »[29].
Mécontent de la nomination de Rachida Dati à la fonction de garde des Sceaux, poste que Nicolas Sarkozy lui aurait selon lui auparavant promis, Patrick Devedjian prend néanmoins, le , la succession de Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général
des Hauts-de-Seine et accède à la tête de l'UMP comme secrétaire général délégué, en remplacement de Brice Hortefeux, puis, le 25 septembre 2007, comme secrétaire général.
Patrick Devedjian quitte ses fonctions à la tête du parti majoritaire, le , quand il est nommé ministre auprès du Premier ministre, chargé de la Mise en œuvre du plan de relance, une fonction gouvernementale temporaire créée pour suivre le plan de relance économique français à la suite de la crise financière de 2008. Il n'est cependant pas reconduit dans le troisième gouvernement François Fillon, formé le .
Président du conseil départemental des Hauts-de-Seine : Patrick Devedjian déclare dans L'Express du : «
Dans la continuité de ce qu'avait engagé Nicolas Sarkozy, je suis amené à nettoyer les écuries d'Augias » dans le
département des Hauts-de-Seine[30],[31]. Ce propos provoque un conflit entre Patrick Devedjian et d'autres élus du
département.
Contre la volonté de Patrick Devedjian, Jean Sarkozy est élu président du groupe majoritaire au conseil général[32],[33].
Cette élection provoque de nouvelles tensions, et Patrick Devedjian affirme : « Entre Nicolas et moi, il y a son fils »[34].
Le jeune élu cherche ensuite à briguer la succession de Devedjian à la tête de l'Établissement public pour l'aménagement de la région de la Défense (EPAD), après que celui-ci a échoué à faire repousser la limite d'âge qui le contraignait à y renoncer[35].
Un mouvement d'hostilité dans l'opinion publique contraint néanmoins Jean Sarkozy à retirer sa candidature[36],[37].
En novembre 2010, après sa non-reconduction dans le troisième gouvernement de François Fillon, Patrick Devedjian est
battu lors de l'élection du président de la fédération UMP des Hauts-de-Seine, par le député Jean-Jacques Guillet, élu
avec 64 % des suffrages exprimés. Il accuse alors l'entourage de Nicolas Sarkozy d'avoir orchestré la manœuvre contre lui
À l'approche des élections cantonales de 2011, Patrick Devedjian affirme redouter que Jean Sarkozy ne cherche à prendre
sa place à la tête du conseil général[39]. Plusieurs élus UMP font mine de se positionner et Jean Sarkozy lui-même évoque la
« nécessité de sang neuf »[40]. Le résultat des élections change la situation[41] : alors que Patrick Devedjian est réélu à Antony
, plusieurs sortants sarkozystes (notamment Isabelle Balkany et Marie-Cécile Ménard) sont défaits[40]. Nicolas et Jean
Sarkozy[42] font alors savoir qu'ils ne s'opposent pas à la réélection du président du conseil général.
En juin 2012, après la défaite de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, la directrice de cabinet de Patrick Devedjian
Marie-Célie Guillaume publie un roman à clef, Le Monarque, son fils, son fief, qui relate les manœuvres conduites, selon elle
, contre Patrick Devedjian par le « clan Sarkozy ». Entièrement orienté sur le point de vue de Patrick Devedjian, le livre
provoque un grand émoi « dans la Sarkozie »[43] et au sein de l'UMP Hauts-de-Seine. Accusé d'avoir commandité le livre[44],
Patrick Devedjian se garde de le désavouer[45], mais finit par se séparer de Marie-Célie Guillaume.
atrick Devedjian redevient député de la 13e circonscription des Hauts-de-Seine en décembre 2010. Il est réélu en juin 2012 avec quelque 200 voix d'avance sur son concurrent MRC Julien Landfried. Sa réélection est cependant annulée par le Conseil constitutionnel en octobre 2012, en raison de l'inéligibilité de son suppléant Georges Siffredi, qui était déjà remplaçant UMP au Sénat et ne pouvait donc se présenter aux législatives46. Une législative partielle se déroule en conséquence en décembre 2012. Patrick Devedjian est réélu au second tour avec 60 % des voix47.
Il soutient la candidature de François Fillon pour la présidence de l'UMP lors du congrès d'automne de 201248,49.
Désigné lors d'une primaire de l’UMP face à Patrick Ollier pour prendre la présidence de Paris Métropole50, il est élu, le 19 décembre 2014, président du syndicat mixte de Paris Métropole, succédant au socialiste Daniel Guiraud et prenant ainsi en charge la mise en place de la métropole du Grand Paris au 1er janvier 201651.
Lors des élections départementales de 2015, il est élu conseiller départemental du nouveau canton d'Antony dès le premier tour52. Il est ensuite réélu président du conseil départemental des Hauts-de-Seine (nouveau nom du conseil général).
En juin 2016, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections législatives de 201753. Il parraine Nathalie Kosciusko-Morizet pour la primaire présidentielle des Républicains de 201654 mais soutient Alain Juppé55.
Mort
Le soir du , alors que la France est en pleine pandémie de Covid-19, Patrick Devedjian annonce sur Twitter qu'il
a été testé positif et qu'il est hospitalisé à Antony56. Il déclare qu'il est « fatigué mais stabilisé » et qu'il « remonte la pente ».
Cependant, son état de santé se dégrade rapidement et il meurt dans la nuit du 28 au à l'âge de 75 ans.
source : wikipedia
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