24 avril : Jour G comme Génocide
Le , le ministre de l'intérieur Talaat du gouvernement Jeunes-Turcs donne l'ordre de l'arrestation des intellectuels arméniens. L'opération débute à 20 heures à Constantinople (Istanbul) : elle est conduite par Bedri Bey, le chef de la police de Constantinople .
Dans la nuit du 24 au , 235 à 270 intellectuels arméniens sont arrêtés, des ecclésiastiques, des médecins, des éditeurs, des journalistes, des avocats, des enseignants, des artistes et des hommes politiques dont des députés au parlement ottoman .
Une seconde vague d'arrestations est lancée le et conduit à l'arrestation de cinq cents à six cents Arméniens . Au total on estime que 2 345 notables Arméniens ont été arrêtés en quelques jours, avant d'être déportés puis massacrés dans leur majorité dans les mois suivants .
Le gouverneur (Mehmed Djelal Bey) de Konya prévient Mardiros Papazian, orfèvre dans cette ville : "quelque chose de terrible va se passer , il vaut mieux partir" . Les Papazian, Zaré, Arminé, Annic, Sona et Persapé Sarafian (la mère) partiront en train vers Constantinople .On ne sait ce qu'il est advenu du père Mardiros ("Martyr") . Mort de maladie ou ….parti en déportation-mort ? ça devient tabou dans la famille.
Une autre famille de Konya, les Baghtchedjian ("Desjardins" en persan & en turc ) Hripsimé Edjitian (la mère) , Bénon, Garo, Avédis Marie partiront en déportation vers Alep , Damas , et enfin Beyrouth au Liban. Le chef de famille (Mamas) est contraint à se convertir à l'Islam . Là encore il meurt de "maladie"…. ("Je ne pouvais guère supposer qu'un gouvernement serait jamais capable d'exterminer de la sorte ses sujets, son capital humain qui doit être considéré comme la principale richesse du pays" Djelal Bey, gouverneur)
L'élimination des populations arméniennes est faite en deux phases successives : d' à la mi-automne 1915 dans les sept provinces (vilayets) orientales d'Anatolie dont les quatre proches du front russe : Trébizonde, Erzeroum, Van, Bitlis, trois en retrait : Sivas, Kharpert, Diyarbakır (Dikranaguerd) — où vivent près d'un million d'Arméniens ; puis, de la fin de 1915 jusqu'à l'automne 1916, dans d'autres provinces de l'Empire ..
Pour ces crimes, le comité central du Comité Union et Progrès (CUP) avec le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice, recrée l'Organisation Spéciale ("Teshkilat i Mahsusa" , en turc) qui se spécialise dans l'extermination des convois de déportés arméniens. On fait sortir des criminels de prison pour l'Organisation Speciale.
Elle est impliquée dans des actes criminels, de propagande, d'organisation et d'assassinat en Turquie et à l'étranger.
L'Organisation Spéciale, dont le siège du Comité central est à Constantinople, est dirigée par le "Dr" Selanikli Nazım, Atif bey, Aziz bey et Cemal bey. Le centre opérationnel d'Erzeroum est sous la responsabilité de Behaeddine Chakir.
Midhat Sükrü, le secrétaire général du Parti Union et Progrès, assure la liaison entre le Parti et l'Organisation Spéciale.
Des prisonniers de droit commun, libérés par le ministère de la Justice et organisés en bandes de combattants irréguliers, les tchétés (çete), sont entraînés dans le centre de Çorum avant d'être envoyés massacrer les Arméniens .
L'Organisation Spéciale , les tchétés , les gendarmes turcs , les bandes kurdes, les tortures , la fain, la soif feont jusqu'à 1 million cinq cent mille victimes dans le génocide des Arméniens .
sources : wikipedia , Raymond Kévorkian "le génocide des Arméniens" éd.Odile Jacob , Michel Pazoumian , archives personnelles .