Nor Haratch défend le Vatican & Mgr Zekyan mais le Mekhitariste qui garde le “chateau” reconnait une erreur de l’envoyé du St Siège

Le journal satirique « Le Canard enchaîné » a abordé la question du projet de construction autour du Collège Samuel Moorat de Sèvres dans un article intitulé « Le Vatican pris la main dans le béton ». Même si l'article n'apporte pas de véritable scoop, il présente néanmoins un certain nombre d'affirmations et d'interprétations, qui restent cependant loin d'être convaincantes et exhaustives.

Il convient de faire ici deux précisions. Premièrement, le Vatican et le pape François n'ont jamais cédé face à des pressions du gouvernement turc sur la question de la reconnaissance du génocide, comme ils n'ont pas cédé face à quelconque pression pour la défense des intérêts des minorités catholiques à Istanbul. À ce titre, on se rappelle de la divine liturgie organisée par le pape François, suivie de la proclamation solennelle de la reconnaissance du génocide à l'occasion du centenaire du génocide des Arméniens, en présence des deux catholicos de l'Eglise apostolique arménien et du président de la République d'Arménie. On se rappelle également de son pèlerinage en Arménie en 2016 et des déclarations qu'il a faites en faveur des Arméniens.

Le deuxième point important concerne Mgr Levon Zékiyan, délégué pontifical pour la Congrégation Mékhitariste, qui de part sa position de chef de la communauté catholique arménienne à Istanbul, pourrait être soumis à des pressions de la part des autorités turques. Cependant, même les responsables de « Sèvres 2015 » ont reconnu que le projet avait été rejeté avant même que le père Zékiyan ne soit désigné délégué pontifical en 2016.

Il est important de garder à l'esprit un autre élément concernant le père Zékiyan. C'est avant tout un universitaire, un intellectuel spécialiste de l'arménologie. C'est par nécessité qu'il s'est retrouvé à gérer la Congrégation mekhitariste, alors au bord de la faillite. Aussi inacceptable que soit aujourd'hui le projet de construction présenté par les médiateurs niçois, il ne doit pas pour autant porter atteinte à la réputation du père Zékiyan, un érudit de haut vol, un ecclésiastique irréprochable et un pédagogue dévoué.

La plus grande accusation formulée par « Le Canard enchaîné » est la tentative de putsch pour s'emparer de la présidence de l'Association du Collège de Sèvres. Cependant, on se retrouve face à une conclusion illogique. Le plan de construction de Bouygues prôné par le père Zékiyan prévoit de céder l'usufruit de la grande partie de la propriété du Collège pendant 60 ans. Est-ce bien là la solution trouvée par le Vatican pour la mainmise sur ce bien immobilier ?

Une grande interrogation demeure : le père Zékiyan a-t-il fomenté un putsch pour s'emparer de la direction de l'Association du Collège de Sèvres ? Nous attendons la décision du tribunal. Une chose est sûre : le Collège de Sèvres porte le sceau de la congrégation mekhitariste. Il est donc on ne peut plus naturel que son administration se fasse en accord avec la Congrégation Mekhitariste. Par ailleurs, si lors des réunions publiques les organisateurs ont mis l'accent sur la nécessité de transformer l'institution en lieu de mémoire et en centre de recherche sur le génocide, la majorité des présents ont exprimé le désir d'y rétablir un établissement d'enseignement.

J. Tch.