Une obligation est une valeur mobilière qui est une créance sur l'émetteur de l'obligation .
C'est une dette financière à moyen, long terme, ou à perpétuité. Cette dette est émise dans une devise donnée, pour une durée définie et elle donne droit au paiement d'un intérêt fixe ou variable, appelé coupon, qui est parfois capitalisé jusqu'à sa maturité.
Les certificats de dépôts, ou le papier commercial, sont considérés comme des instruments financiers à court terme, et sont donc distincts des obligations.
Les obligations sont notées en fonction du risque de leurs émetteurs par des agences de notation.
Il existe une grande diversité de titres sur le marché obligataire.
L'émetteur d'une obligation est l'emprunteur ; le souscripteur ou le porteur d'une obligation est le créancier.
Une obligation est négociable et peut faire l'objet d'une cotation sur une bourse des valeurs.
Les titres se négocient principalement de gré à gré.
En cas de liquidation, les créanciers qui sont prêteurs de deniers ont un droit de priorité sur les actionnaires qui se répartissent un boni de liquidation après désintéressement des créanciers.
En 2014, le marché obligataire mondial représentait environ 150 000 milliards de dollars, soit plus de 50 % du marché total des actifs financiers, et 66 % du marché de la dette.
En comparaison le marché des actions n'est que de moitié (69 000 milliards de dollars) du marché obligataire1.
La crise financière de 2007 à 2011 a vu les rendements des obligations descendre à un niveau historiquement bas.
L'émission d'obligation remonte à la Renaissance pour abaisser le coût de la dette royale, le marché obligataire étant une composante de la Bourse.
Les premières opérations sont lancées par Henri II à Lyon en 1555, le Grand Parti de Lyon, un emprunt de deux millions d'écus sur 11 ans, à intérêt de 16 %, « taux très supérieur aux précédents », de 12 % en moyenne.
Les trois-quarts de l'emprunt sont d'anciens crédits, rassemblés et refondus. Jusque-là, le déficit royal était comblé par des emprunts à trois mois, renouvelés à l'échéance.
Les obligations d'État étaient la grande majorité des obligations, les commerçants préférant s'endetter à court terme par le biais d'effets de commerce.
L'État fait rarement faillite depuis le XIXe siècle, le taux des obligations est lié à l'inflation, en particulier en France depuis une quarantaine d'années :
Année[2] | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | Années 1980 |
Taux 10 ans (fr) | 17,4 % | 14,8 % | 14,4 % | 13,4 % | 11,9 % | 9,2 % | 9,9 % | 8,6 % | 9,3 % | 10,0 % | 11,9 % |
Indice prix[3] | 13,4 % | 11,8 % | 9,6 % | 7,4 % | 5,8 % | 2,7 % | 3,1 % | 2,7 % | 3,6 % | 3,4 % | 6,6 % |
Taux 10 ans réel | 4,0 % | 3,0 % | 4,8 % | 6,0 % | 6,1 % | 6,5 % | 6,8 % | 5,9 % | 5,7 % | 6,6 % | 5,5 % |
Année[2] | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | Années 1990 |
Taux 10 ans (fr) | 8,6 % | 8,1 % | 5,6 % | 8,3 % | 6,6 % | 5,8 % | 5,3 % | 3,9 % | 5,5 % | 5 % | 6,3 % |
Indice prix[3] | 3,2 % | 2,4 % | 2,1 % | 1,6 % | 1,8 % | 2,0 % | 1,2 % | 0,7 % | 0,5 % | 1,7 % | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 5,4 % | 6,1 % | 3,5 % | 6,7 % | 4,8 % | 3,8 % | 4,1 % | 3,2 % | 5 % | 3,3 % | 4,6 % |
Année[2] | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | Années 2000 |
Taux 10 ans (fr) | 5 % | 4,3 % | 4,3 % | 3,7 % | 3,3 % | 4 % | 4,4 % | 3,4 % | 3,6 % | 3,4 % | 3,9 % |
Indice prix[3] | 1,7 % | 2,1 % | 1,9 % | 2,1 % | 1,8 % | 1,6 % | 1,5 % | 2,8 % | 0,1 % | 1,5 % | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 3,3 % | 2,2 % | 2,4 % | 1,6 % | 1,5 % | 2,4 % | 2,9 % | 0,6 % | 3,5 % | 1,9 % | 2,2 % |
Année | 2011 | 2012 | 2013 | Années 2010 |
Taux 10 ans | 2,5 % | 3,2 % | 2,2 % | 2,6 % |
Indice prix | 1,7 % | 2,1 % | 1,3 %[4] | 1,7 % |
Taux 10 ans réel | 0,8 % | 1,1 % | 0,9 % | 0,9 % |
Caractéristiques principales
Ce titre est un contrat entre l'émetteur et les détenteurs successifs du titre, dont les deux éléments principaux sont l’échéancier des flux financiers et leur mode de calcul. Tout est fixé lors de l'émission obligataire à la création de l'obligation.
Les émetteurs sont aussi bien des organismes privés que des collectivités publiques (en particulier les trésors publics).
Une obligation rapporte à celui qui l'achète un taux d'intérêt fixe, le même chaque année, appelé coupon obligataire et versé par l'emprunteur qui a réalisé l'émission obligataire. Grâce à ce revenu fixe, elle est considérée comme moins risquée qu'une action, dont les revenus sont variables et souvent difficiles à prévoir.
Émetteurs
Une obligation peut être émise par :
- un État dans sa propre devise — l''emprunt d'État ;
- un État dans une autre devise que la sienne — l'obligation souveraine[réf. souhaitée] ;
- une entreprise du secteur public, un organisme public, une collectivité locale — c'est l'obligation du secteur public ;
- une entreprise privée, une association, ou tout autre personne morale, dont les fonds commun de créances, c'est l''obligation corporative.
Transactions et détention
La détention des obligations par les particuliers est devenue indirecte : elle s'effectue très largement via les OPCVM et les contrats d'assurance-vie.
Néanmoins, les obligations peuvent toujours théoriquement être détenues directement par les particuliers et font donc règlementairement l'objet d'une cotation officielle – quoique souvent sans transactions, donc fictive, ou théorique – sur une Bourse.
La quasi-totalité, en volume, des transactions s'effectuent de gré à gré, hors bourse, entre institutions financières : banques d'investissement, assureurs, gestionnaires d'OPCVM, banques de dépôt, etc.
Les volumes échangés sont considérables, plusieurs milliers de milliards d'euros chaque jour, particulièrement en emprunts d'État et produits dérivés de ceux-ci, qui constituent le marché directeur des taux d'intérêt à moyen et long terme.
Les titres de créance négociables sont des instruments très proches des obligations mais qui, eux, ne sont pas destinés à être détenus en direct par des particuliers, seulement par des gestionnaires d’OPCVM et autres professionnels des marchés financiers. Leur règlementation est donc légèrement différente.
Valeur actuelle
Une obligation est un ensemble de flux décalés dans le temps. Ces flux ne sont donc pas directement comparables entre eux. Un euro à une date
n'a pas la même valeur que le même euro à une date
, ne serait-ce qu'à cause de l'inflation.
L’évaluation d'une obligation revient à trouver ce qu'elle devrait valoir en principe dans les conditions actuelles du marché par une opération mathématique dite d'actualisation, en déterminant la valeur actuelle théorique de l'ensemble des flux qui la composent. Les taux d'actualisation choisis pour cette opération sont déterminés par l'observation de ceux déjà appliqués sur le marché à des obligations comparables par la durée, la liquidité et le risque de crédit présenté. La valeur théorique d'une obligation, de même que son prix sur le marché, changent en permanence sous l'effet de l'évolution du marché des taux d'intérêt et de l'écoulement du temps.
Notons
avec
l'ensemble des flux tombant aux dates
et constituant l'obligation. Pour ramener ces flux à une base commune, à leur équivalent à une date unique
, on les multiplie chacun par leur coefficient d'actualisation
. Ce coefficient d'actualisation est obtenu par calcul à partir du taux d'intérêt qu'on choisit d'appliquer à cette obligation particulière pour actualiser entre les dates
et
.
La valeur actuelle (le terme correct est plutôt valeur actualisée mais valeur actuelle est l'expression usuelle) de l'obligation est donc la somme des valeurs actuelles de chacun des flux :
Il existe une formule simplifiée de l'actualisation, avec un seul taux, le taux actuariel, qui bien qu'imprécise, est très utilisée et sert dans une première approximation.
Un outil d’évaluation : le rendement à l’échéance[modifier | modifier le code]
Le principe général est que, mécaniquement, les prix des obligations à taux fixe évoluent à l'inverse des taux d'intérêt : si les taux montent, les prix baissent, et inversement. Une simplification souvent utilisée du raisonnement est la suivante :
- Si le taux du marché passe de 6 % à 6,10 % les anciennes obligations à taux fixe émises à 6 % subissent la concurrence des nouvelles émises à 6,10 %. Pour rétablir l'équilibre, leur valeur baisse de façon que, sur la base de cette valeur plus basse, leurs intérêts restant à courir rapportent eux aussi 6,10 %. Cela se vérifie en observant que leur cours baisse sous l'influence de l'arbitrage (achats-ventes des opérateurs).
- Bien entendu, si au contraire le taux du marché passe de 6 % à 5,90 %, la valeur marchande de ces obligations augmente.
L'actualisation consiste à rendre équivalent un prix de l'année N+ 1 à un prix de l'année N. Chaque année les prix augmentent de X % et donc par la même occasion la valeur de l'argent diminue d'autant (1 € de 2000 ne vaut pas 1 € aujourd'hui). Pour revenir aux obligations, celles-ci vont verser chaque année le même intérêt.
Définition : le rendement à l'échéance est le taux qui rend équivalent (= comparable) le prix actuel de l'obligation à l'actualisation des revenus futurs.
(supposons 1 000 €). On sait que recevoir 1000 aujourd'hui ou dans 10 ans ne revient pas au même : c'est pour cela que l'on va actualiser ces intérêts et surtout le capital qui sera remboursé à la fin pour connaître la valeur de l'obligation.
Exemple : une obligation sur 3 ans de 100 000 € qui donne des intérêts de 10 % est cotée à 98 %. Quel est le rendement à l'échéance ?
les revenus futurs sont :
- 2002 : 10 000 (intérêts)
- 2003 : 10 000 (intérêts)
- 2004 : 110 000 (intérêts + remboursement du capital)
Pour connaître le rendement à l'échéance, il faut résoudre l'équation suivante :
Le rendement à l'échéance est le taux (t) qui permet de résoudre cette formule. Ici, on trouve 10,82 %
Définition : Le taux actuariel est le rendement réel de l'obligation à l'échéance, ce qui n'a rien à voir avec le taux d'intérêt nominal.
Exemple : par approximation :
Nominal | Taux d'intérêt nominal | Durée | Prix d'émission | Prix de remboursement | Taux actuariel | |
---|---|---|---|---|---|---|
Obligation A | 100 000 | 7 % | 10 ans | 100 000 (100 %) | 100 000 (100 %) | 7 % |
Obligation B | 100 000 | 7 % | 10 ans | 102 000 (102 %) | 100 000 (100 %) | 6,8 % |
Pour déterminer le taux actuariel par approximation, il suffit de déterminer le surcoût et le répartir sur la durée. Le surcoût est le prix d'émission de 2 %, soit par an 0,2 % que l'on déduit du taux nominal (7 % – 0,2 % = 6,8 %).
Conclusion : Plus la durée de vie de l'obligation est longue, plus le coût de la surprime sera étalé et donc son impact plus faible.
Exemple : par formule approximative :
- Cours de l'obligation : 103 %
- Durée de vie : 4 ans
- Taux d'intérêt nominal : 6 %
- Remboursement : 100 %
Modalités juridiques
Les modalités juridiques d'une obligation peuvent être très diverses. Dans le cas d'un placement privé (obligations non cotées), les modalités des titres sont définies dans un contrat d'émission (ou contrat de souscription). Dans le cas d'une émission effectuée par appel public à l'épargne ou lorsque l'admission des obligations à la négociation sur un marché réglementé a été demandée (obligations cotées), les modalités des titres sont généralement définies dans un prospectus contrôlé par l'autorité de contrôle du marché (pour une cotation sur Euronext Paris, l'Autorité des marchés financiers, pour une cotation sur la Bourse de Luxembourg, la Commission de surveillance du secteur financier).
Principaux paramètres
Les flux d'une obligation sont définis par :
- la devise dans laquelle elle est émise ;
- la valeur nominale de l'obligation, appelée le pair ;
- sa date d’échéance (aussi appelée maturité) ;