“Ma voisine , invitée pour le café (turc bien sûr) commence à couper mes rideaux avec les ciseaux qu’elle cachait : c’est le début du pogrom…”
C'était le 6 septembre 1955 :
Soixante quatre ans se sont ecoulés depuis le Pogrom contre les minorités grecque et arménienne à Istanbul du 6 au
7 septembre 1955.
L'événement s'est deroulé au moment où une conférence
tripatrite à Londres réunissait le Royaume-Uni, la Grèce et la Turquie
sur la question chypriote afin de trouver une solution pour mettre fin aux agitations devenues violentes entre Grecs
demandant le rattachement de l'Ile à la Grèce et la
minorité turque.
Ironie de l'Histoire, le representant turc à la conference était le Ministre des Affaires Etrangeres, F.R. Zorlu qui était le
gendre de S.Saracoglu, Premier Ministre de Turquie en
1942 qui a planifié et executé "Impot sur la fortune" (Varlik Vergisi, en turc), imposé seulement aux minorités
(chrétiennes et juive) causant des effets economiques desastreux sur celles-ci.
Tout a commencé avec la diffusion de la nouvelle de l'explosion d'une bombe à la maison natale d'Ataturk a Tessaloniki,
en Grèce.
Le quotidien Ekspress avec un tirage habituel de 30 à 40,000 sort une édition spéciale , des que la nouvelle arrive,
haussant le nombre a 100,000 , avec des titres ; "La jeunesse
en colere","Les Turcs en émoi", "Chypre est turque "etc.
Des camions du gouvernement et de la municipalité sont placés aux coins strategiques de la ville pour distribuer pioches
, pelles , batons, et de l'essence et une
manifestation de protestation est organisée qui sert à regrouper les émeutiers qui seront dispersés à travers les quartiers
chretiens.
4214 maisons,1004 magasins et bureaux ,16 écoles saccagés 73 eglises une synagogue et 2 monastères profanes, icônes ,
peintures et objets sacrés détruits et 11 morts,
tel est le bilan officiel.
A mi-chemin vers Ankara, le Président Celal Bayar (prononcer Djélal) retourne a Istanbul et constatant les dégâts avoue :
"Nous avons forcé la dose".
Suite à ces événements , les chrétiens, Grecs en particulier, ont commencé à émigrer et parmi ceux qui sont restes et qui
avaient la nationalité grecque ont été déportés en 1964 ,
ne pouvant quitter le territoire qu'avec 20 $ et 20 kg de baggage ; ainsi la communaute grecque passe de 135,000
personnes en 1925 a 2,000 en 2017.
Quelques années plus tard on a appris que l'engin explosif posé à la maison d'Ataturk était un étudiant turc en Grèce,
travaillant pour le Service des Renseignements turc et
après un emprisonnement en Grèce, il est extradé vers la Turquie et enrolé dans l'administration et finit par devenir préfet.
Un général en retraite, membre du département des "Operations Speciales" de l'Armée (formé et dirigé par la C.I.A.) qui a
organisé le pogrom, déclare en 2005, que" l'entreprise
était un succes magnifique et a atteint son but".
Zaven Gudsuz
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