“Le Pacha” avec Danny Carrel et Jean Gabin sur W9
Yvonne du Chaxel, dite Dany Carrel, est une actrice et chanteuse française, née le ou le 2 à Tourane, en Indochine française (aujourd'hui Đà Nẵng, au Viêt Nam).
Biographie
Jeunesse et éducation
Tout comme sa sœur Alice, d'un an sa cadette, elle est née en Indochine française des amours d'Aimé Chazelles du Chaxel, directeur des douanes, et d'une Vietnamienne prénommée Kam, maîtresse de son père. Cette double origine lui vaut très vite le surnom d'« annamite » (mot désignant alors les Vietnamiens). Elle ignorera longtemps les vraies raisons de ce qu'elle considère plus comme un sobriquet que comme une marque d'affection.
À l'âge de quatre ans, son père étant mort, elle est placée par sa belle-mère Juliette3 dans l'orphelinat Saint-Joseph du hameau des Voisins, à Louveciennes, tenu par des Sœurs de Saint Vincent de Paul. Elle reste à l'orphelinat jusqu'à ses treize ans. Le curé de la paroisse, l'abbé Bel, lui fait découvrir son premier film, Arènes sanglantes sorti en 1947. Après un passage par Marseille où elle est scolarisée au collège Anatole-France avec sa sœur qu'elle revoit ainsi quelques mois, elle revient avec Juliette à Paris et suit les cours du lycée Edgar-Quinet. Décidée à devenir comédienne après avoir vu, à la Comédie-Française, une adaptation du roman l'Ami Fritz, des écrivains lorrains Erckmann-Chatrian, et encouragée par l'abbé Bel plus que par sa belle-mère, elle prend des cours du soir auprès de Mme Bauer-Thérond, aux côtés notamment de Roger Carel et de Roger Hanin, tout en travaillant comme secrétaire pour financer ses leçons. Après de la figuration, elle commence par des rôles dans le théâtre classique, en jouant les ingénues (L'École des femmes, La Double Inconstance). Et c'est au cours d'une audition au théâtre de la Potinière qu'elle est remarquée par le cinéaste Henri Decoin4.
Carrière d'actrice
Son nom de scène a été suggéré par Henri Decoin qui l'engagea pour son film Dortoir des grandes, car il jugeait le sien Chazelles du Chaxel bien trop long sur une affiche de cinéma. C'est à partir d'un manuscrit sur la vie du docteur Alexis Carrel qui figurait sur son bureau, qu'il proposa le nom de Carrel. Et l'actrice choisit le prénom de « Dany » qui ne permettait aucun diminutif comme les « Vovonne » ou « Vonette » de son enfance qu'elle détestait. Elle tourne alors pour le cinéma et apparaît notamment dans Porte des Lilas, en 1957. Elle continuera néanmoins à jouer au théâtre, via les Galas Karsenty-Herbert. Elle tourne de nombreux films jusqu'à la fin des années 1960 qui lui offrent des premiers rôles ou des seconds rôles importants : Pot-Bouille, Quai du Point-du-Jour, Du grabuge chez les veuves, Piège pour Cendrillon, Le Pacha, la Prisonnière ou Clérambard. Elle sera ainsi la partenaire d'acteurs aussi réputés que Gérard Philipe, Danielle Darrieux, Jean Gabin, Jean Marais ou Philippe Noiret. A partir du début des années 1970, elle se fait beaucoup plus rare au cinéma et plus présente à la télévision et au théâtre5.
En 1991, Dany Carrel a publié son autobiographie, L'Annamite, chez Robert Laffont dans la collection Vécu, livre qui sera adapté pour la télévision par Thierry Chabert6. Elle y évoque notamment son enfance et sa souffrance de ne pas connaître sa « vraie » mère, son père étant en outre mort lorsqu'elle avait trois ans. La publication de cette autobiographie va offrir l'opportunité à Jean-Pierre Foucault7, dans le cadre de son émission Sacrée Soirée, de faire entrer en contact la mère et la fille, pour la première fois8.
Filmographie
Cinéma
- 1953 : Dortoir des grandes d'Henri Decoin : Bettina De Virmant
- 1953 : Maternité clandestine de Jean Gourguet : Lucienne
- 1954 : La Patrouille des sables de René Chanas : Taina
- 1954 : La Cage aux souris de Jean Gourguet : Manouche
- 1955 : Les Chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène : Suzy
- 1955 : Les Grandes Manœuvres de René Clair : Rosemousse
- 1955 : La Môme Pigalle d'Alfred Rode : Marie-Claude
- 1955 : Des gens sans importance d'Henri Verneuil : Jacqueline Viard
- 1956 : Les Possédées de Charles Brabant : Silvia
- 1956 : Ce soir les souris dansent de Juan Fortuny : Luce Arnel
- 1956 : Club de femmes de Ralph Habib : Sylvie
- 1957 : Pot-Bouille de Julien Duvivier : Berthe
- 1957 : Porte des Lilas de René Clair : Maria
- 1957 : Escapade de Ralph Habib : Agnès Marcenary
- 1957 : Élisa de Roger Richebé
- 1957 : Que les hommes sont bêtes de Roger Richebé : Sylvie Cerruti
- 1958 : La Moucharde de Guy Lefranc : Betty Lefébure
- 1958 : Femmes d'un été : Jacqueline
- 1959 : Les Naufrageurs de Charles Brabant : Louise Kermelen
- 1959 : Ce corps tant désiré de Luis Saslavsky : Marinette Féraud
- 1959 : Les Dragueurs de Jean-Pierre Mocky : Dadou
- 1959 : Sans tambour ni trompette : Marguerite
- 1960 : Le Moulin des supplices de Giorgio Ferroni : Liselotte Karnheim
- 1960 : Quai du Point-du-Jour : Madeleine
- 1960 : Le Général ennemi (The Enemy General) de George Sherman : Lisette
- 1961 : En votre âme et conscience ou Jugez-les bien, de Roger Saltel9
- 1961 : Les Mains d'Orlac d'Edmond T. Gréville : Régina/Li-Lang
- 1961 : Carillons sans joie de Charles Brabant : Léa
- 1962 : Les Ennemis d'Édouard Molinaro : Lillia
- 1963 : Du grabuge chez les veuves de Jacques Poitrenaud : Isabelle Valmont
- 1963 : Le commissaire mène l'enquête de Fabien Collin et Jacques Delille : Annick
- 1963 : Le cave est piégé : Susana
- 1964 : Une souris chez les hommes (ou Un Drôle de caïd) de Jacques Poitrenaud : Sylvie
- 1964 : Le Bluffeur : Dany
- 1964 : L'Enfer de Henri-Georges Clouzot (film inachevé) : Marylou
- 1965 : Piège pour Cendrillon de André Cayatte : L'amnésique/Michèle Isola/Dominique Loï
- 1966 : Le Chien fou d'Eddy Matalon : Marie
- 1967 : Un idiot à Paris de Serge Korber : Juliette dite « La Fleur »
- 1968 : Le Pacha de Georges Lautner : Nathalie
- 1968 : La Petite vertu de Serge Korber : Claire Augagneur
- 1968 : La Prisonnière d'Henri-Georges Clouzot : Maguy
- 1969 : Delphine d'Éric Le Hung : Delphine
- 1969 : Clérambard d'Yves Robert : La Langouste
- 1972 : Les Portes de feu de Claude Bernard-Aubert : Solange
- 1972 : Trois milliards sans ascenseur de Roger Pigaut : Lulu
- 1981 : Faut s'les faire… ces légionnaires ! d'Alain Nauroy : Katia, la femme de l'adjudant
- 1981 : Le bahut va craquer de Michel Nerval : la mère de Béa
Télévision
- 1972 : Au théâtre ce soir : Folie douce de Jean-Jacques Bricaire et Maurice Lasaygues, mise en scène Michel Roux, réalisation Pierre Sabbagh, Théâtre Marigny : Sylvie
- 1973 : On l'appelait Tamerlan (Téléfilm) : Lise
- 1974 : La Voleuse de Londres (Téléfilm) : Pamela
- 1975 : L'Idiote (Téléfilm) : Josefa
- 1978 : Cinéma 16 – La Maison de marbre de Jacques Trébouta (Série TV) : Colette
- 1979 : Monsieur Masure (Téléfilm) : Jacqueline Giraux
- 1979 : L'Éclaircie (Téléfilm) : Lucie Lemesnil
- 1982 : Le Féminin pluriel (Téléfilm) : Marianne Dassier
- 1982 : Les nerfs à vif (Téléfilm) : Éliane
- 1982 : Allons voir si la rose (Téléfilm) : Claire
- 1982 : La Rescousse (Téléfilm) : Agnès
- 1983 : Merci Sylvestre (Téléfilm) : Claude
- 1983 : Le Disparu du 7 octobre de Jacques Ertaud (Téléfilm) : Françoise Maurin
- 1983 : La Dernière Cigarette (Téléfilm) : Marie
- 1984 : Péchés originaux (Série TV) : Cécile
- 1985 : Le Seul Témoin (Téléfilm) : Catherine
- 1987 : Les Enquêtes Caméléon (Série TV) : Charlotte
- 1989 : Le Saut du lit (Téléfilm) : Josiane Sébastien
- 1995 : L'Annamite (Téléfilm) : Elle-même
Théâtre
- 1962 : L'Idiote de Marcel Achard
- 1963 : Le Système Fabrizzi d'Albert Husson, mise en scène Sacha Pitoëff, théâtre Moderne
- 1964 : Le Système Fabrizzi d'Albert Husson, mise en scène Sacha Pitoëff, théâtre des Célestins
- 1971 : L'Idiote de Marcel Achard, mise en scène Jacques-Henri Duval, tournée Herbert-Karsenty
- 1972 : Folie douce de Jean-Jacques Bricaire et Maurice Lasaygues, mise en scène Michel Roux, théâtre Marigny
- 1973 : Le Grand Standing de Neil Simon, mise en scène Emilio Bruzzo, théâtre des Célestins
- 1975 : Monsieur Masure de Claude Magnier, mise en scène Michel Roux, théâtre Daunou
- 1988 : Le Saut du lit de Ray Cooney et John Chapman, mise en scène Jean Le Poulain, théâtre des Variétés
- 1994 : Laisse parler ta mère ! de Yves Jamiaque, mise en scène Annick Blancheteau.
Disque
- 1969 : Sans costume sans habit de Georges Costa et Charles Level ; thème du film Delphine10 (CBS Disques, 4050).
Notes et références
- ↑ Dany Carrel [archive] sur Les gens du cinéma.com, « Extrait de naissance n° 1934.MUN..00006. reçu du Ministère des Affaires étrangères »
- ↑ Voir : Vincent Pinel, le siècle du cinéma, éditions Bordas, 1994, p. 161, le site de la BNF indiqué ci-dessous, et l'autobiographie de l'actrice. Au dernier chapitre de son livre, elle reçoit, en 1990, une lettre de son demi-frère vietnamien (sa mère n'écrivant pas le français, et Carrel ne lisant pas le vietnamien), qui dit : « Maman va bien. Elle a maintenant soixante-quinze ans et ses cheveux sont tout blancs.(…) Maman avait vingt ans à la naissance d'Yvonne et dix-huit mois plus tard est née Alice » (p. 438). Cela pourrait peut-être confirmer l'année de naissance de 1935, et montrer les difficultés de Dany Carrel pour connaitre avec précision ses origines (c'est d'ailleurs le thème centrale du livre). Beaucoup de sites internet évoquent l'année 1932.
- ↑ épouse de son père
- ↑ Dany Carrel, L'Annamite, éditions J'ai Lu, 1993
- ↑ « La fille de l'Anamite… » [archive], sur encinematheque.fr, (consulté le 21 janvier 2018)
- ↑ Libération, 13 janvier 1995
- ↑ Souvenirs, souvenirs [archive]. L'animateur dit que cela fait partie de ses meilleurs souvenirs.
- ↑ Encinematheque.fr [archive]
- ↑ L'actrice évoque ce film lors d'une interview donnée à François Chalais en 1960 au cours du festival de Cannes. Blessé par son partenaire, elle laisse son rôle à Magali Vendeuil. (Dany Carrel à Cannes [archive])
- ↑ « J'aimais les défis, chanter m'amusait, pourquoi ne pas tenter ? Je chantais « Les Je t'aime », j'avais la voix juste, mais je ne m'aimais pas plus en chanteuse que je ne m'étais aimée en actrice la première fois ou je m'étais vue sur un écran. Je décidai donc d'arrêter ma carrière de chanteuse après mon premier disque. Et pourtant, il était prévu que Gainsbourg écrive pour moi. Je préférai retourner à ma véritable passion : le cinéma. », Dany Carrel, p. 317 de son autobiographie.
Liens externes
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- Dany Carrel [archive] sur le site Ciné-ressources [archive] (Cinémathèque française)
- (en) D