Harley Davidson va délocaliser la fabrication de ses motos pour échapper aux taxes que l'Europe a augmenté en représailles aux mesures décidées par Donald Trump sur l'acier européen.
Le constructeur américain a vendu l'année dernière 40 000 motos en Europe, son second marché derrière les Etats-Unis.
La célèbre marque de motos, née il y a 115 ans, déplore que les taxes douanières européennes soient passées de 6% à 31% sur ses produits entrant sur le marché européen, ce qui augmente le prix de chaque moto de 2.200 dollars.
Depuis le 22 juin 2018, Bruxelles a frappé une série de produits typiquement américains de droits de douane de 25%, rétorsion après les taxes infligées par l'administration Trump sur l'acier (25%) et l'aluminium (10%) européens. Ainsi Harley mais aussi les jeans, le bourbon & le beurre de cacahuètes sont dans l'oei de Bruxelles.
Certains de ces produits semblent ciblés par l'UE car fabriqués dans des Etats politiquement proches de Donald Trump. C'est le cas de Harley-Davidson dont le siège est à Milwaukee (Wisconsin), l'Etat de Paul Ryan, le chef des Républicains à la Chambre des représentants .
"Voilà une nouvelle preuve des dommages entraînés par l'application unilatérale de taxes. La meilleure façon d'aider les travailleurs et manufacturiers américains est de leur ouvrir de nouveaux marchés et pas d'imposer de nouvelles barrières sur leurs propres marchés", s'est désolé P. Ryan.
Donald Trump a tweeté
"J'ai bataillé dur pour eux et au bout du compte ils ne paieront pas de droits de douane vers l'Europe (…) Les taxes douanières ne sont qu'un prétexte. Soyez patients"
"Le problème n'est pas qu'Harley n'est pas patriotique, c'est que les taxes douanières sont stupides", s'est indigné le sénateur républicain Ben Sasse .
Harley-Davidson ne veut pas répercuter l'augmentation des droits de douane sur ses clients au risque de "menacer la viabilité des concessionnaires" et va déplacer une partie de sa production.
Les motos destinées à l'exportation seront désormais fabriquées dans ses usines internationales hors du territoire US.
Le groupe, qui vend 40.000 motos par an en Europe –son 2e marché après les Etats-Unis–, n'a pas spécifié dans quelles usines il allait transférer sa production ni si cela allait entrainer des réductions d'emplois sur le sol américain. Harley-Davidson a des usines au Brésil, en Inde, en Australie et une en cours en Thaïlande.
La compagnie prévoit que le coût immédiat des tarifs ainsi que les investissements liés au transfert de production affecteront ses comptes à hauteur de 90 et 100 millions de dollars sur un an.
A la Bourse de New York lundi, son titre a chuté de 5,97%.
Non seulement le constructeur est touché par les taxes sur ses motos mais les droits qui frappent les échanges d'acier renchérissent aussi le coût de cette matière première.
Si H.D. est une victime de la confrontation commerciale lancée par Donald Trump, l'essoufflement de ses ventes n'est pas nouveau, entre le vieillissement de sa clientèle et la concurrence des véhicules japonais.
Le groupe compte sur ses exportations alors que dans l'ensemble ses ventes ont chuté de 6,7% l'an dernier, dont 8,5% pour les Etats-Unis.
En 2017, Harley-Davidson a vendu 242.788 motos dans le monde, contre 260.289 en 2016, et 231.000 à 236.000 prévus cette année.
La compagnie a annoncé en janvier la fermeture d'un site à Kansas City (Missouri) et une restructuration de son unité de York en Pennsylvanie.
Le transfert de sa production à l'étranger prendrait de 9 à 18 mois.
Harley-Davidson avait été l'un des premiers manufacturiers à visiter la Maison Blanche en février 2017 pour illustrer la stratégie industrielle de "l'Amérique d'abord" du président Trump, tout juste élu.
Le président avait salué "ce fleuron américain" qui devrait augmenter sa capacité industrielle sur le territoire américain.