Deux événements récents n’ont pas pu laisser indifférents les Arméniens de la
Diaspora à savoir d’une part l’attaque délibérée de l’armée azerbaïdjanaise le 2
avril 2016 contre les lignes de défense de l’Artsakh et d’autre part l’assaut d’un
groupe armé contre un commissariat central d’Erevan, le 17 juillet 2016, tuant et
prenant en otage les policiers de ce commissariat. L’heure est grave, car au
moindre de faux pas, c’est le pays qui est en danger, ses ennemis attendant le
moment propice pour le détruire.
La douleur lancinante provoquée par la cession de l’Artsakh par Staline en 1921 à
Azerbaïdjan, n’est-elle pas la cause du putsch organisé le 18 février 1921 qui renversait le gouvernement légal
de la République Soviétique d’Arménie et sapait la conférence de Moscou où le sort de l’Artsakh (Haut Karabagh ndlr) et du
Nakhitchevan aurait pu être résolu ? La conférence de Moscou se déroula, alors, sans les représentants
d’Arménie. Après 3 mois passés à occuper le pouvoir, les putschistes en furent chassés. N’est-ce pas à cause
d’une faction d’irresponsables qu’aujourd’hui tout un peuple souffre ?
Après la dislocation de l’URSS, l’Arménie a déclaré son indépendance le 21 septembre 1991. Un petit pays
peut faire valoir ses intérêts lorsqu’il est bien situé géographiquement ou s’il dispose de ressources naturelles.
L’Arménie se trouve entre le marteau et l’enclume. D’une part, la Russie la protège, car elle sait que dans le
Caucase la position de l’Arménie est primordiale pour la défense de ses frontières, d’autre part, certains
pensent que la protection de l’Union Européenne et d’États-Unis serait plus avantageuse pour les Arméniens.
La diplomatie d’Arménie devrait se situer à un haut niveau pour pouvoir gérer les affaires épineuses du pays.
La diaspora arménienne représente plus de 10 millions de personnes dont une grande partie est issue des
rescapés du génocide de 1915. Une diaspora forte est un atout majeur lors des négociations avec les pays
étrangers. Mais pour assurer une représentativité dans les pays où sont installés des citoyens d’origine
arménienne, il faut que ces Arméniens, tout en gardant leur identité et leur culture, s’intègrent dans le tissu
administratif de chaque pays. Les Arméniens de Turquie ont réagi en ce sens en ayant 3 députés dans 3
différents partis au sein du Parlement (Meclis) de Turquie. Les associations ou partis politiques arméniens
peuvent directement œuvrer avec l’Arménie, mais la représentativité des Arméniens de la diaspora doit se
faire dans les institutions nationales des pays dont ils sont désormais ressortissants.
La reconnaissance du Génocide des Arméniens par la France en 2001 ne fut pas un événement fortuit. C’est
grâce à nos efforts que tous les partis politiques et les syndicats de France ont soutenu cette proposition de
loi, votée par le Parlement français à l’unanimité. Cette action de MAFP dans le cadre du « Comité du 24 Avril
1915 » sous la présidence d’Alexis Govciyan est très révélatrice.
Depuis le génocide, il y a eu 4 générations issues des rescapés arméniens vivant dans le monde. Pour faire
triompher « La Cause Arménienne » comme l’appellent certains, les Arméniens doivent se débarrasser leurs
sentiments nationalistes et éviter toutes actions susceptibles de compromettre leurs responsabilités dans les
pays où ils sont installés. Aucun pays ne bougera pour en secourir un autre s’il n’a pas quelque intérêt dans
cette action.
Les Arméniens doivent tirer des leçons de leur histoire. Des actions malveillantes de quelques individus
peuvent laisser des séquelles dont les générations suivantes subiront les conséquences douloureuses.
Nersès Durman – Arabyan
Paris le 18 février 2017