En 2014, Timbuktu, grand favori de la critique internationale, créait la plus forte émotion de la Compétition au Festival de Cannes. Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako est de retour pour la 68e édition du Festival qui se déroulera du 13 au 24 mai 2015, où il présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages.
Ce grand poète de l’Afrique d’aujourd’hui succède dans ce rôle aux réalisateurs Abbas Kiarostami, Jane Campion, Michel Gondry, Hou Hsiao-hsien ou Martin Scorsese.
D’origine mauritanienne, élevé au Mali et formé au cinéma en Union soviétique -au VGIK de Moscou-, Abderrahmane Sissako navigue entre les cultures et les continents. Il signe une œuvre humaniste et engagée, qui explore les relations complexes entre le Nord et le Sud autant que le destin d’une Afrique malmenée.
Son film de fin d’étude, Le Jeu est présenté à La Semaine de la Critique en 1991, suivi deux ans plus tard du moyen métrage Octobre, à Un Certain Regard. La Vie sur Terre et En attendant le bonheur, respectivement à la Quinzaine des Réalisateurs en 1998 et à Un Certain Regard en 2002, l’imposent définitivement sur la scène internationale.
Parabole politique entre colère et utopie, Bamako, présenté Hors Compétition en 2006, précède Timbuktu, en Compétition en 2014. Ce vibrant plaidoyer romanesque contre l’intégrisme religieux est la première œuvre mauritanienne en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger.
Aux funestes résonances de l’actualité, le cinéaste africain choisit d’opposer la force de l’art et sa conviction. « Je ne ferais jamais un film que quelqu’un d’autre pourrait faire, et je veux voir des films que je ne ferais jamais. Ce qui m’importe, c’est le cinéma de l’anonymat : parler des conflits, mais surtout de la souffrance vécue par des gens anonymes pour leur donner de la force et de la visibilité, et témoigner de leur courage ainsi que de leur beauté. »
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