Le colloque consacré au Parajanov pendant le festival international Golden Apricot a duré deux jours du 17-18.07.2014 à Erevan. Il a eu lieu dans un espace artistique décoré par des tapis au nouvel hôtel boutique „Silk Road“, parce que c'est ici dans cette espace, dans ce monde créé par Levon Der Bedrossian entouré par des tapis antiques, qu'on a accès a la spiritualité de Parajanov. Parmi les participants l´historien americain James Steffen, d'Atlanta qui vient de publier son livre sur "Le cinema de Serguei Parajanov", le photographe georgien Yuri Mechitov qui a acompagné Parajanov pendant des années, David Muradyan de Yerevan, Kiril Razlogov, crtitique de cinéma de Moscou et l`homme d`affaires Levon Der Bedrossian originaire de San Francisco et maintenant vivant à Erevan.
On a discuté du premier film de Parajanov "Les chevaux de feu", un fascinant chef d'œuvre, qui pendant 20 ans était resté inaccéssible au grand public à cause de la censure, qui montrait le monde intérieur de l'artiste.
Très fascinant pour nous, continue le président de l' Académie de Film Mr. David Muradyan qui nous rappelle que Parajanov venait de découvrir la nature arménienne, le pays de la civilisation et nous fait comprendre la signification de la liberté. Parajanov se sentait plus libre derrière les bareaux qu'en liberté.
Levon Der Bedossian prende la parole: Ce jour est l'un des plus heureux de ma vie. J'avais 7-8 ans, j'était avec les autres enfants dans la rue, quand mon grand père, soudain me prend à part pour me parler: Mon fils je n'ai pas de matériel à te laisser comme heritage mais je veux te laisser un heritage quand meme et ce sera la chanson de l`hirondelle, de ma part à toi. J'ai écouté tout cela sans vraiment comprendre et je suis retourné jouer avec les autres enfants. Ce n'est que 20 ans après que je me suis rappelé soudain et compris le message: l'oiseau aurait pu refaire son nid en pleurant, mais il le fait en chantant. C`est l'optimisme armenien que son grand père lui a transmis sur le chemin de la vie. Parajanov sentait plus libre derrière les bareaux que d`etre libre.
Un autre aspect de sa personnalité et de son œuvre fut évoqué par Kirill Razlogov, son côté transculturel. Que se soit la culture soviétique, ukrainienne, arménienne, géorgienne ou pénitentiaire, partout Paradjanov était considéré comme quelqu'un qui en possédait les codes. Il faisait partie intégrante de toutes ces cultures, il avait le don de se les approprier, de les maitriser de l'intérieur. Il avait un lien intime avec Erevan, Baku ou encore Tbilissi… Avec le monde entier finalement! Un génie de la communication, maître du collage!
Alice Kanteriena