“Le dernier jour du jeûne” au Théâtre des Amandiers du 14 mars au 6 avril 2014 puis en tournée jusque fin Avril
Le dernier jour du jeûne
Une tragie-comédie de quartier
Texte et mise en scène Simon Abkarian
Du vendredi 14 mars
au
Dimanche 6 avril 2014
Le Dernier jour du jeûne est le deuxième volet d’une saga dont la pièce Pénélope ô Pénélope est l’origine.
L’action se passe trente ans plus tôt, au même endroit, dans la même famille…
Le Dernier jour du jeûne est une tragi-comédie à l’italienne ou plutôt à la méridionale.
Certes il y a le ciel, la mer, les arbres. Mais ici, l’infernal enfermement consiste en une prison immatérielle : la tradition. Les personnages de cette pièce, les hommes autant que les femmes, sont des «pris au piège». Toutes et tous sont des figures emblématiques du monde méditerranéen tel que je l’ai connu au Liban dans ma jeunesse. Il y a la mère, le père, le fils unique, la soeur cadette puis l’aînée, la tante érudite puis la voisine colporteuse de rumeurs, le boucher, le jeune désoeuvré, l’autre, l’étranger, celui qui ne dit rien, celui qui a peur de parler de se déclarer. Ils sont voués à coexister dans un affrontement inavoué. Ils ont peur les uns des autres. Les hommes ont peur des femmes, ils jouent le jeu d’un amour tacite qui maintient un semblant de paix au sein de la famille. Et c’est ce faux-semblant que les femmes veulent détruire. C’est de ce joug ancestral, dont elles veulent s’émanciper. Car ce sont elles qui paient le plus lourd tribut de cette aliénation millénaire. Réduites au rôle de procréatrices, elles sont reléguées au second plan de la grande histoire. Leur plaisir est nié, leur aspiration de liberté aussi. Elles n’ont pas le droit à la verticalité. L’envol n’est pas pour elles. Elles sont embourbées dans le temporel, le concret, le matériel. Toutes les tâches que les hommes réprouvent sont dévolues aux femmes. Elles sont faites pour enfanter, si possible des mâles. Dans ce monde méditerranéen, capillaire et testiculaire, avoir une fille est un fardeau à qui il faudra apprendre à obéir et se taire. Donc forcément quand les femmes sont réunies, elles parlent. J’ai voulu faire de la sexualité le centre de ces colloques drôles et improvisés. Et rediscuter le plaisir charnel des femmes. Entre soumission (cliché) et fantasme, il me fallait établir une secrète cartographie d’une pratique joyeuse et équitable de l’Eros féminin. Retrouver par l’écriture la sauvagerie de la nuit originelle. Dans cette pièce c’est la nuit que l’on attend car c’est là où tout se joue, où tout se dénoue. Le soleil, qui est le grand témoin, interdit tout paroxysme. Il me fallait réinventer les ténèbres afin d’y voir clair dans l’inceste et le meurtre. Il fallait que, dans mon histoire, le soleil se fasse prier.
Nous sommes dans la maison de Théos, chef de village, équitable et sévère. Il vit avec sa femme Nouritsa, ses deux filles Zéla et Astrig, toutes deux en âge de se marier. Astrig est amoureuse de Aris, fils désoeuvré de Vava. Zèla quant à elle, est dans la contemplation. Elle ne se doute pas que le pêcheur Farès est amoureux d’elle. Lui est l’étranger, comment peut-il prétendre à la fille du chef Théos ? Il y a aussi Elias jeune garçon de 13 ans. Il est le fils unique de Théos et Nouritsa. Sandra est la vieille tante, folle et érudite. Beaucoup pensent qu’elle est devenue folle à force d’avoir trop lu. L’histoire se passe aujourd’hui. C’est la fin d’un jeûne destiné aux filles vierges. Si elles le tiennent jusqu’au bout, leurs futurs époux leur apparaîtront en rêve. Malgré le fait que tout le monde a l’air de tout le temps s’engueuler, tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes. Jusqu’au moment où Vava la voisine, arrive avec de terribles nouvelles. Sophia la fille du boucher est enceinte. Sophia a 13 ans. Qui a commis un tel crime ? Qui a violé la plus joyeuse des fillettes du village ? Comment savoir, puisque Sophia se tait depuis deux mois ? Comment la faire parler ? Grâce à une clef et une prière, Nouritsa redonnera la parole à Sophia qui désignera son père comme son violeur. Cet inceste sera puni de mort. Bientôt Théos se met en route, son fils Elias l’accompagne. La nuit va tomber, un homme va mourir.
Simon Abkarian
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