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Le Panthéon : Pour Qui Pour Quoi ? la libre opinion de Nersès Durman

panthéon(Si j'étais Président de la République , c'est là que je l'emmènerais…)

"LES CENDRES DE MISSAK MANOUCHIAN AU PANTHÉON ?
Depuis quelques jours, les cérémonies d’hommage au groupe Manouchian se multiplient en France. Vendredi 21 février, le président de la République française, François Hollande évoquait les poitrines criblées de balles de ces étrangers dans lesquelles battait le coeur de la Patrie.
Samedi 22 février, à Marseille, au square Manouchian, les 23 combattants de l’ombre étaient salués pour leur engagement pour la Liberté.
Dimanche 23 février, au cimetière parisien d’Ivry où est inhumé Missak Manouchian, le souvenir du héros de la Seconde guerre mondiale et de ses compagnons d’armes était perpétué.
À Marseille, l’évocation prit une dimension exceptionnelle à l’aune du héros évoqué. Missak Manouchian, Missak le poète, l’orphelin, le combattant. Le souvenir de son arrivée en France en 1924 avec d’autres orphelins comme lui, rescapés du génocide des Arméniens de 1915. Il débarqua à Marseille, dans cette ville phocéenne qui fut le refuge de tant d’autres exilés après lui. Il monta à Paris pour trouver du travail dans une usine ayant besoin d’une main d’oeuvre docile bien qu’ignorante de la langue du pays. La France, terre d’accueil, pays des Droits de l’Homme ne pouvait être pour Missak Manouchian que l’eldorado rêvé.
Malheureusement en 1940, la défaite de la France et l’occupation nazie allaient transformer le rêve en cauchemar. Luttant contre sa propre nature, pacifiste et romantique, Missak dut se métamorphoser en un combattant et prendre les armes pour rendre à la France sa Liberté et sa République.
Les affiches rouges, que les nazis devaient placarder sur les murs de Paris pour fustiger la Résistance en la dénonçant comme une armée du crime menée par des étrangers, eurent l’effet inverse sur la population française. Certaines de ces affiches furent lacérées, alors que sur d’autres des mains avaient écrit « Morts pour la France ». Des bouquets de fleurs avaient été déposés au pied des murs où en lettres de sang les nazis voulaient jeter l’opprobre sur les combattants de l’ombre.
70 ans plus tard, le souvenir de ces 22 hommes et 1 femme reste vivace dans les esprits, les manuels scolaires perpétuent la mémoire de ceux qui furent exécutés pour défendre un pays qu’ils avaient choisi et dont ils n’étaient pas citoyens.
La France s’honorerait de transférer les cendres du chef de groupe Missak Manouchian au Panthéon. Tout d’abord, parce que cet homme bien qu’apatride est mort pour la France. Ensuite, parce qu’il est rescapé d’un Génocide dont la négation par certains encore aujourd’hui assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple massacré. Enfin, ce geste de la France serait une réponse exemplaire à tous ceux qui utilisent la haine et le racisme comme moyen d’action politique.
Nemesis " Février 2014