Notre photographe Roger Kasparian , fait la une du quotidien Libération (et de NHM)
Roger Kasparian fait la Une du quotidien Libération : "Kasparian objectif Sixties , un photographe méconnu….".
Méconnu , Kasparian l'était bien sûr, de Libé & du grand public .
Mais pas de la communauté arménienne d'Ile de France où il a "couvert" tous les événements communautaires depuis plusieurs années, de la plus petite exposition au plus obscur spectacle . Ses photos apparaissaient régulièrement dans "Nouvelles d'Arménie Magazine" & parfois dans d'autres magazines communautaires.
Pour nous, à NHM , "Kasparov" comme je l'ai surnommé dans les années 2000 , est surtout un ami.
Je l'accompagnais souvent sur ses reportages , tenant parfois les lumières , quand il filmait. C'est ainsi qu'avant ou après les spectacles,par petits bouts, il m' a raconté son histoire.
L'histoire de Roger commence quand son père Varazdat échappe au génocide des Arméniens en 1915 .
Ce passé douloureux vaut à Roger ses premières minutes de célébrité à 20h30 au JT de Claire Chazal sur TF1 : 11 millions et demi de téléspectacteurs !
Le père de Roger Kasparian arrive en France , épouse Hasmig, une jeune Arménienne et monte son studio photo au rez-de-chaussée d'un modeste pavillon de Montreuil .
Le jeune Roger y apprend la photographie. Mais il est déjà débrouillard et ne se contente plus des photos de mariage. Il veut faire des photos de jeunes vedettes de la chanson . Il a le même age qu'eux , c'est les Sixties , tout est plus facile : Frank Alamo , Marianne Faithfull, belle comme un coeur avenue Montaigne , Françoise Hardy dans les coulisses de l'Olympia , Sylvie Vartan… Et les légendes de la pop : les Beatles,les Rolling Stones ,Roger Daltrey chanteur des Who ,dans leur bus de tournée ( Kasparian voyage dans un bus similaire). Et ceux du jazz : Duke Ellington et Thelonious Monk .Roger se souvient de Monk dans sa chambre d'hôtel , massif comme un garde du corps & sa femme Nelly toute petite, un long fume-cigarette aux lèvres.
Kasparian rencontre aussi Johnny Stark, manager de Johnny Halliday et de Mireille Mathieu , entre autres . Il se souvient de sa grosse voiture américaine et de sa générosité .Johnny Stark lui paye sans discuter tous ses clichés, le prend en sympathie et lui propose même de le suivre aux USA où il part en tournée. Mais Kasparian est trop bien en France .Il réalise des pochettes de disque, il gagne sa vie .
Un jour, il a un "tuyau" pour un scoop à l'hopital américain de Neuilly. Il s' y rend en se demandant comment il va pouvoir "shooter" . Et là chance incroyable : quelqu'un lui demande "c'est vous le photographe de France-Soir?" Kasparian bredouille un oui timide . Et on l'emmène dans la chambre où Alain Delon est au chevet de Romy Schneider. "Qu'est ce que je fais?" demande Delon à Kasparian . Roger a remarqué une boîte de chocolats : "Donnez-lui les chocolats" et il fait ses photos en vitesse , en priant pour que le photographe de France-Soir n'arrive pas. Il n'est jamais venu et Kasparian a vendu ses photos à France-Soir !
Toutes ces photos "Kasparov" me les a montrées dans son studio photo où il m'invite parfois . Car à l'époque où il shoote les jeunes stars , je travaille chez Barclay (Eddie) et sans nous connaitre , nous connaissons les même personnes et nous échangeons des souvenirs du "show business".
Il y a deux ans ,Roger Kasparian rencontre Alexandre Stanisavljevic qui achète et vend des vinyles . Il l'invite dans son studio et Alexandre découvre ces trésors .Il le convainc de la valeur de ses photos, finance les tirages avec des ventes à Drouot, devient son agent et décroche cette exposition à la Snap Gallery de Londres.
Depuis , Kasparian est débordé .Il revient de Londres en Eurostar.Il donne des interviews et prépare des expos pour Lyon et Paris.
Le photographe de la communauté arménienne est redevenu le photographe des Sixties . Il rêve maintenant de "prendre" sur les mêmes lieux , ceux qu'il avait "shooté" hier . Comme il a fait avec Aznavour qu'il a photographie récemment à l'Olympia . Une manière de remonter le temps ?
Avec cette exposition, cette Une de Libé, Roger Kasparian, "Kasparov", pour ses amis, est enfin sorti de l'ombre.
Ses clichés en noir et blanc lui avaient déjà assuré l'immortalité.
Raffi Bakian