Dans la poudrière qu'est le Caucase du Sud, zone riche en pétrole enserrée entre l'Iran, la Russie et la Turquie, une étincelle suffit à raviver l'incendie. En graciant le 31 août le lieutenant Ramil Safarov, auteur d'un meurtre sordide sur un officier arménien, en février 2004 à Budapest, l'Azerbaïdjan a attisé les braises d'un conflit territorial né en 1988 autour de l'épineuse question du Haut-Karabakh (anciennement l'Artsakh) – est toujours non résolue.
Outrée par la libération du militaire de 35 ans, aussitôt après son extradition de Hongrie, l'Arménie n'a pas manqué, depuis, de clamer à grands cris son indignation. Erevan a très mal digéré le fait que Ramil Safarov, condamné à la perpétuité en 2006, soit, non seulement promu au rang de major, mais aussi célébré dans son pays comme un "héros national", explique le NY Times.
La Hongrie, en donnant le feu vert à son transfèrement, s'est exposée à de cinglantes critiques (Registan.net). Le gouvernement de Viktor Orban a beau soutenir qu'il a été dupé par Bakou sur le sort promis à M. Safarov, l'argument ne convainc pas, relève le WSJ. Outre l'ire de l'Arménie, il doit composer avec les demandes d'explication insistantes de l'opposition, convaincue que le geste des autorités est lié aux investissements azerbaïdjanais dans le pays, souligne The Budapest Times.
L'Union européenne, qui redoute un embrasement régional, a également fustigé l'initiative de Budapest (Radio Free Europe). Une nouvelle guerre est-elle en gestation ? Cité par Bloomberg Businessweek, un expert récuse ce scénario du pire, estimant plutôt que l'Arménie et l'Azerbaïdjan "ne font plus de la réconciliation une priorité". Plus grave, conclut la BBC, les événements de ces derniers jours ne peuvent que servir les noirs desseins des radicaux de chaque camp.
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Sources :
Accès de fièvre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan