«Nous sommes prêts», a annoncé ce Muharrem Ince, en souriant aux côtés de son épouse et de leurs deux enfants sur une photo de son compte Twitter.
Le député du principal parti d'opposition CHP – 54 ans – confirme sa candidature à la présidentielle anticipée du 24 juin, lors d'une cérémonie à Ankara.
À sa boutonnière, le drapeau turc remplaçait le pin's de la mouvance kémaliste et républicaine.
Dans son premier discours, il veut être le «président de tous» et être «impartial»: une flêche contre son adversairel, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan .
En annonçant la tenue d'élections présidentielle et législatives un an et demi avant la date initialement fixée, Recep Tayyip Erdogan a pris de court ses opposants. Mais la dissidence anti-Erdogan s'organise pour défier l'homme fort du pays et le parti au pouvoir, l'AKP.
Quatre des principaux partis d'opposition vont faire une alliance stratégique afin de gagner un maximum de sièges au Parlement.
En revanche, chaque mouvance politique présente son propre candidat au scrutin présidentiel. Le tout nouveau «Bon Parti» mise sur sa «Dame de fer», Meral Aksener, une ex-nationaliste et fervente opposante à Erdogan qui se revendique du centre droit.
Le parti de gauche prokurde sera, lui, représenté par son icône, Selahattin Demirtas (prononcer Demirtach), qui a annoncé sa candidature depuis sa cellule de prison, où il est écroué depuis plus d'un an.
Le parti islamiste Saadet sera incarné par son leader Temel Karamollaoglu. Au sein du CHP, les tractations vont bon train . Le chef du parti kémaliste, Kemal Kilicdaroglu, 69 ans, a annoncé le mois dernier qu'il ne sera pas candidat.
Connu pour être un rival invétéré d'Erdogan, mais manquant de charisme, il a préféré céder la place à un homme plus jeune et charismatique.
Réputé pour son style enflammé et sa combativité, Muharrem Ince a bâti sa renommée sur ses discours passionnés et ses piques provocatrices. Récemment il affirmait que s'il était un jour élu chef de l'État, il se débarrasserait du palais présidentiel aux proportions pharaoniques qu'Erdogan s'est fait construire à Ankara, la capitale turque. Cet ex-professeur de physique et chimie et député de Yalova (nord-ouest) est l'un des principaux rivaux en interne au chef du CHP, contre lequel il s'était présenté en 2014, puis en 2018, pour prendre la tête du parti.
C'est lui encore qui, défiant la rhétorique islamisante de l'AKP – mais aussi la rigidité de certains caciques anti-voile de son parti laïc -, déclarait en 2013 au parlement: «Ma sœur porte un foulard… mais nous ne l'utilisons à des fins électorales comme vous le faites. Les femmes voilées sont également nos sœurs et nous ne vous laisserons pas utiliser leur foi pour vos intérêts politiques».
Muharrem a peu de temps pour se faire connaître du grand public dans un pays où la presse indépendante se réduit.