Cardinal Pietro Parolin
Favori des parieurs, Pietro Parolin pourrait être l'homme du compromis entre progressistes et conservateurs. Il est secrétaire d’État depuis 2013, poste comparable à celui de Premier ministre. Diplomate de carrière, il a été nonce au Venezuela sous Hugo Chavez, et architecte de la normalisation avec la Chine. Peu impliqué dans les "guerres culturelles" qui agitent l'Église, il a toutefois qualifié le mariage homosexuel de "défaite pour l’humanité" et s’est opposé à la bénédiction des couples de même sexe. Discret, courtois et parlant plusieurs langues, Pietro Parolin ramènerait la papauté en Italie, après trois papes étrangers. Son manque d’expérience pastorale directe pourrait toutefois jouer contre lui.
Cardinal Jean-Marc Aveline
Selon la presse française, il est surnommé dans certains cercles catholiques "Jean XXIV", en clin d’œil à sa ressemblance avec le pape Jean XXIII, le pape réformateur au visage rond des années 1960. Le pape François avait un jour plaisanté que son successeur pourrait s’appeler Jean XXIV. Jean-Marc Aveline est connu pour sa nature simple et conviviale, son goût pour la plaisanterie et sa proximité idéologique avec François, notamment sur l'immigration et les relations avec le monde musulman. S’il était élu, il deviendrait le premier pape français depuis le XIVe siècle (l'époque du transfert du Saint-Siège à Avignon) ainsi que le plus jeune depuis Jean-Paul II. Il comprend l’italien mais ne le parle pas couramment – un sérieux handicap pour un poste qui requiert une bonne maîtrise des rouages romains.
- Cardinal Péter Erdo, Hongrois, 72 ans
- en Europe et en Afrique et est perçu comme un pionnier de la "nouvelle évangélisation" dans les pays sécularisés. Théologiquement conservateur, il insiste dans ses discours sur les racines chrétiennes de l’Europe. Il reste pragmatique et n’a jamais affronté ouvertement François. Il a néanmoins fait polémique en 2015, durant la crise migratoire, en s’opposant à l’appel du pape à accueillir des réfugiés dans les églises, estimant que cela équivaudrait à du trafic d’êtres humains – une position en phase avec celle du Premier ministre Viktor Orban. Il parle couramment l’italien, l’allemand, le français, l’espagnol et le russe – un atout pour les relations avec l’Église orthodoxe russe.
- Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Ghanéen, 76 ans
- Issu d’un petit village du Ghana, Peter Kodwo Appiah Turkson pourrait devenir le premier pape d’Afrique subsaharienne. Doté d’une lexpérience pastorale et vaticane, il est également un bon communicant. Il a été nommé cardinal en 2003, puis président du Conseil pontifical justice et paix, conseiller du pape sur des sujets comme le climat. En 2021, il a démissionné de son poste et a été nommé à la tête des académies pontificales des sciences et des sciences sociales. En 2023, il déclarait prier "contre" son élection – mais ses détracteurs l'accusent de faire campagne à travers ses apparitions médiatiques.
- Cardinal Matteo Maria Zuppi, Italien, archevêque de Bologne, 69 ans
Appelé "le Bergoglio italien", Matteo Maria Zuppi est proche des idées du pape François. Il privilégie la proximité avec les pauvres et les migrants, et se déplace à vélo. Il a soutenu des initiatives interreligieuses, comme les tortellinis sans porc à Bologne. Mais sa gestion lente des abus sexuels dans l’Église italienne pourrait lui nuire. Membre de la Communauté de Sant’Egidio, il a joué un rôle clé dans les négociations de paix au Mozambique en 1992.
Envoyé par le pape pour tenter de résoudre certains aspects du conflit russo-ukrainien, il est très engagé dans la diplomatie. Il est romain de naissance, avec un fort accent régional et des racines catholiques profondes.
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Cardinal Juan José Omella, Espagnol, archevêque de Barcelone, 79 ans
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Juan José Omella incarne les idéaux de François : simplicité, justice sociale, compassion. Il vit humblement malgré sa fonction et place les pauvres au centre de son ministère. Ordonné prêtre en 1970, il a été missionnaire en Afrique et a collaboré avec l’ONG Manos Unidas de 1999 à 2015. Archevêque de Barcelone en 2015, il a été fait cardinal len 2016. En 2023, il a été confronté à une étude indépendante estimant que plus de 200 000 mineurs auraient été abusés par des membres du clergé espagnol. L’Église espagnole a reconnu 927 cas. Juan José Omella a demandé pardon mais a remis en question les chiffres de cette commission. Il a rejoint en 2023 le groupe restreint de cardinaux conseillers du pape. Mais cette proximité pourrait jouer contre lui si le conclave souhaite une rupture.
- Cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, Maltais, 68 ans
- Le cardinal Mario Grech est originaire de l'île de Gozo, à Malte. Il a été nommé par le pape François secrétaire général du Synode des évêques, un poste important . D'abord considéré comme un conservateur, Mario Grech est devenu au fil du temps l'un des principaux ambassadeurs des réformes du pape François au sein de l'Église. Si ses opinions lui ont valu quelques ennemis de premier plan, ses partisans soulignent qu'il dispose de soutiens tant dans le camp conservateur que modéré. Il est en outre connu de nombreux cardinaux en raison de son rôle très médiatisé, ce qui constitue un avantage certain au sein du conclave.
- Cardinal Luis Antonio Gokim Tagle, Philippin, 67 ans
- Surnommé "le François asiatique", Luis Antonio Gokim Tagle partage les engagements sociaux du pape et pourrait devenir le premier pape venu d’Asie. Ordonné en 1982, il a été évêque puis archevêque de Manille. Benoît XVI l’a fait cardinal en 2012. François l’a appelé à Rome en 2019 pour diriger le dicastère pour l’Évangélisation. Il a dirigé Caritas Internationalis jusqu’en 2022, mais a été écarté lors d’un scandale interne sur des abus de pouvoir au sein de l’organisation – bien qu’il n’ait pas été impliqué directement. Difficile de savoir si cette affaire peut nuire à ses chances. Issu du pays le plus catholique d’Asie, il parle couramment l’italien et l’anglais.
sources : France 24, Reuters, B.F.