Sasportas
Envoyée spéciale à Erevan
Terre de culture
et de randonnée,
ce fabuleux pays du sud
du Caucase se découvre
en cheminant, entre
steppes, montagnes,
forêts et monastères
et en rencontrant
ses habitants à la
fervente hospitalité.
Simon Abkarian : «Nous sommes dans un pays qui n’est pas un vestige »
Le comédien franco-arménien
monte pour la première fois sur
les planches au pays de ses ancê-
tres. Il joue Électre des bas-fonds,
sa pièce multirécompensée, les 5 et 6 dé-
cembre au Théâtre Sundukyan d’Erevan.
Le 15 janvier, Simon Abkarian sera à l’af-
fiche du film de David Oelhoffen Le Qua-
trième Mur, tourné il y a un an au Liban.
LE FIGARO. – Vous êtes né en France
d’un père et d’une mère arméniens
du Liban. Quand avez-vous découvert
vous-même l’Arménie?
SIMON ABKARIAN. – En 1994. J’étais
venu pour monter une pièce à Chouchi,
maintenant aux mains des Azéris. Je
n’ai jamais pu le faire. Jusque-là, mon
Arménie était le microcosme arménien
du Liban où j’étais scout. Mon Arménie,
c’est la langue de mon père, de ma
mère. C’était aussi la mienne, mais le
français est la langue qui me maîtrise le
mieux, celle qui me contient, celle qui
me retient. Mon premier souvenir, en
Arménie, c’est la couleur rouge du tuf et
la ferme bonté des gens. Car c’est une
bonté qui est ferme, fervente. Il ne faut
pas oublier qu’on est un pays chrétien.
Dans quelle mesure les voyageurs
participent-ils à la construction
de l’imaginaire sur l’Arménie?
Le voyage, ce regard particulier,
contribue à l’imaginaire. On ne peut
pas ressortir intact d’Arménie car nous
sommes dans un pays qui n’est pas un
vestige. Ce n’est pas Pompéi. C’est un
pays encore vivant, plein. L’histoire est
là, se raconte couche après couche.
L’ère soviétique n’a pas fait du bien,
l’ère néolibérale non plus. Mais les gens
d’Arménie ont le sens de leurs pierres,
leurs pierres taillées, leur pierres de-
bout. Et quand un hôte vient nous voir,
on est contents : cela veut dire que l’on
n’est pas tout à fait perdu.
En homme de théâtre vous dites :
«Toute représentation devient de facto
politique.» Mais peut-on faire
du tourisme en Arménie sans faire
de politique?
On peut se perdre dans un paysage.
L’Arménie par monts
et merveilles
Quand on regarde la nature par elle-
même, c’est une espèce de contempla-
tion. Mais l’existence de l’Arménie est …
sources : Le Figaro , JP D.
photo : Armineh JOHANNES copyright : arminehjo@hotmail.com