St Pierre : la France en Amérique à 23h35 sur FR 3

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Saint-Pierre, unique ville française d'Amérique du Nord, bourgade de 5 500 habitants, est nichée sur une île à 5 000 km de l'Hexagone.

Elle dispose d’une histoire bicentenaire.

Son évolution architecturale, des modestes cabanes aux édifices contemporains, témoigne d’une identité urbaine singulière, avec des influences bretonnes, normandes, basques et nord-américaines. Face aux défis géographiques, économiques et climatiques, la cité se réinvente de tout temps, forte d’un patrimoine qui reflète l'ingéniosité de ses habitants et de leur attachement à la culture française.

 

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Saint-Pierre
Miquelon-Langlade
Assemblée délibérante Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon
Président
Mandat
Bernard Briand1
2022-2027
Préfet Bruno André
Code ISO 3166-1 SPM, PM
Code ISO 3166-2 FR-PM
Code Insee 975
Démographie
Gentilé Saint-Pierrais ou Miquelonais2
Population 5 873 hab. (2021 en évolution de −2,46 % par rapport à 2015)
Densité 24 hab./km2
Langues
locales
Français
Géographie
Coordonnées 46° 49′ 30″ nord, 56° 16′ 30″ ouest
Superficie 242 km2
Divers
Monnaie Euro
Fuseau horaire UTC-3
Domaine internet .fr et .pm
Indicatif téléphonique +508
Code postal 97500
Localisation
Localisation de Saint-Pierre-et-Miquelon
Liens
Site web spm-ct975.fr
 
 
L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Saint-Pierre-et-Miquelon3 est un archipel français d'Amérique du Nord situé dans l'océan Atlantique, au sud-est du golfe du Saint-Laurent, au sud de l'île canadienne de Terre-Neuve (province de Terre-Neuve-et-Labrador).

L'île Saint-Pierre se trouve à 19 km au sud-ouest de l'extrémité occidentale de la péninsule de Burin, dans la partie méridionale de Terre-Neuve, Miquelon étant à 21 km à l'ouest-sud-ouest de cette même péninsule.

Ancien département d'outre-mer, puis collectivité territoriale à statut particulier, l'archipel est aujourd'hui une collectivité d'outre-mer.

Il est principalement composé de deux îles : l'île Saint-Pierre, la plus petite des deux, qui abrite 86 % de la population, et Miquelon constituée de trois presqu'îles reliées entre elles par deux tombolos.

Il existe d'autres petites îles et îlots dont l'île aux Marins (anciennement nommée « île aux Chiens »). Celle-ci attire beaucoup les touristes durant la période saisonnière (vacances de mi-avril à mi-octobre), mais n'est pas habitée le reste de l'année.

L'archipel est l'un des sept territoires français en Amérique (avec la Guadeloupe, la Martinique, la GuyaneSaint-MartinSaint-Barthélemy et l'île Clipperton) et le seul en Amérique du Nord, dernier vestige de la Nouvelle-France, perdue lors de la guerre de Sept Ans au milieu du XVIIIe siècle.

Toponymie

En 1520, le navigateur portugais João Álvares Fagundes baptise l'archipel en l'honneur de sainte Ursule, alors qu'il débarque le jour de sa fête, l'archipel des onze mille vierges. Ensuite, Jacques Cartier le nomme Isle Sainct Pierre lors de son passage en juin 1536[réf. nécessaire] ; saint Pierre est le saint patron des pêcheurs (avec saint Andrésaint Antoine de Padouesaint Nicolas de Myre, et saint Zénon de Vérone4).

Le nom de Miquelon est attesté sous la forme Micquelle5 au XVIe siècle dans le manuel de navigation d'un capitaine basqueMartin de Hoyarsabal, en partance pour Terre-Neuve6Miquelon pourrait s'expliquer par l'anthroponyme Michel7,8, la forme basque correspondant à ce nom de personne étant précisément Mikel9.

Le nom de l'île adjacente, Langlade est attesté sous les formes Terra England entre 1610 et 1675, Langlois en 1670 (carte de Visscher), c dangleterre en 1674 (carte de Denis de Rotis10) et Detcheverry de 168911Lanaloy en 1675 (carte de Thornton), I anglois miclon en 1675, Angueleterraco en 1677 (carte de Detcheverry), Langlois en 1693, Cap de Langlais en 1694, Langlois sur les cartes de 1700, 1719, 172112.

Histoire

Avant 1500 : peuplements autochtones

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Les témoignages d'occupation les plus anciens remontent à la période Archaïque maritime, soit 3000-1200 av. J.-C.13.

Les îles ont été visitées par des Paléoesquimaux (Paléo-Eskimos, Tuniit),14 :

  • Groswatériens (800 à 100 av. J.-C. (AEC), Paléoesquimaux anciens)15,
  • Dorsétiens (100 à 900 apr. J.-C., Paléoesquimau récent)16.

Entre 1100 à 1500, les ancêtres des Béothuks établissent un camp à l'Anse-à-Henry sur l'île de Saint-Pierre[

De la colonisation au développement de l’archipel

  • La Nouvelle-France, à partir de 1713, par le traité d’Utrecht, perdait l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

    La Nouvelle-France, à partir de 1713, par le traité d’Utrecht, perdait l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.

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  • La conquête de Québec en 1759 est la source du traité de Paris qui, en 1763, redonne Saint-Pierre-et-Miquelon à la France.

    La conquête de Québec en 1759 est la source du traité de Paris qui, en 1763, redonne Saint-Pierre-et-Miquelon à la France.

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  • Henri-Félix de Lamothe, commandant puis gouverneur de Saint-Pierre-et-Miquelon à la fin du XIXe siècle.

    Henri-Félix de Lamothe, commandant puis gouverneur de Saint-Pierre-et-Miquelon à la fin du XIXe siècle.

Article détaillé : Liste des représentants, commandants et gouverneurs de Saint-Pierre-et-Miquelon.

C'est Jacques Cartier au XVIe siècle qui écrit pour la première fois le nom de l'ile de Saint-Pierre.

L'arrivée du navigateur portugais Faguendes le  est souvent citée comme date de découverte de l'île, mais cette découverte pourrait être antérieure : elle est aussi attribuée au navigateur gênois Jean Cabot en 1497. On cite également le florentin Verrazzano en 1524 parmi les découvreurs.

Jacques Cartier reconnaît et nomme l'île de Saint-Pierre lors de son deuxième voyage en 153617.

Les îles servent de base aux pêcheurs normandsbretons et basques au XVIe siècle et l'on date de 1604 les premières installations permanentes de ces derniers.

Ils y pratiquent la chasse baleinière (si l'on se réfère à leur arrivée précoce pour cette activité en Amérique du Nord, la date pourrait être bien antérieure), certainement la baleine franche (dite « baleine des Basques »), la baleine du Groenland et la baleine grise. Ces origines provinciales se retrouvent sur le drapeau de l'archipel.

Au XVIIIe siècle, les îles furent abandonnées lors de la ratification du traité d'Utrecht de 1713, qui octroie à la France un droit exclusif de pêche sur le littoral de l'île de Terre-Neuve désigné sous le terme de côte française de Terre-Neuve. Les îles de Saint-Pierre et de Miquelon sont ensuite récupérées officiellement par la France lors du traité de Paris de 1763. Après une défaite infligée par les troupes américaines et françaises, les forces britanniques présentes en Nouvelle-Écosse attaquent les îles en 1778 et déportent la population, y compris des réfugiés de la déportation des Acadiens de 1755. L'archipel est cependant à nouveau rendu à la France lors du traité de Versailles (1783).

C'est sous Louis XVIII que fut signée la rétrocession définitive de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France.

Plusieurs voyageurs illustres visitent l’archipel encore très peu développé, comme le géographe Jean-Dominique Cassini en 1768, et l’écrivain français Chateaubriand en 1791 qui immortalise l’archipel dans les Mémoires d'outre-tombe.

Lors de la Révolution française, la communauté acadienne quitte subitement l'île de Miquelon pour se réfugier aux îles de la Madeleine, alors que l'exercice républicain à Saint-Pierre connait un terme brutal lors de la nouvelle attaque britannique de 1793. Il faut attendre la Restauration de Louis XVIII pour que la dernière rétrocession par le Royaume-Uni (dont la Nouvelle-Écosse est encore une colonie) des îles Saint-Pierre et Saint-Miquelon à la France soit définitive.

Développement moderne et début de prospérité de la colonie

Parmi les visiteurs célèbres de l’époque qui relatent la vie et étudient cette petite colonie française de pêcheurs, dans le dernier morceau de territoire de l’ancienne Nouvelle-France devenu un simple marchepied sur la route de l’Amérique du Nord et les bancs de pêche de Terre-Neuve, on peut citer le comte Arthur de Gobineau, diplomate et écrivain, vers 1850, ainsi que le docteur Albert Calmette, présent dans l’archipel de 1888 à 1890.

Pêche

Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon connaît un essor économique important grâce à la pêche à la morue.

Relais télégraphique

À partir de , il sert de relais aux communications télégraphiques par câble sous-marin entre la France (Brest-Petit Minou puis Brest-Déolen) et les États-Unis (presqu'île de Cap Cod).

Prohibition aux États-Unis

L'archipel a un certain rôle lors de la prohibition aux États-Unis puisque du fait de son statut de colonie française, la loi américaine (le Volstead Act) n’y était pas applicable. L'île connaît, de 1919 à 1933, une réelle prospérité grâce au trafic d’alcools, de vins français et de whisky, acheminés clandestinement sur les côtes canadiennes et américaines par des goélettes ou des vedettes rapides (rhum runners) construites au Canada et montées par des Saint-Pierrais. Ce fut l'époque des bootleggers18.

Jusqu'en 1933, date où la prohibition est levée, jusqu'à 300 000 caisses d'alcool passent par an dans l'archipel. Les marins de Terre-Neuve recevaient les boissons alcoolisées en caisses. Ils les transféraient dans des sacs de jute et récupéraient le bois. Le bois des caisses d'alcool abandonnées sert de combustible et à la construction de nombreuses maisons, parmi lesquelles la villa Cutty Sark, entièrement réalisée à partir de caisses de whisky du même nom19. Dans les années 1970, on pouvait encore voir à Saint-Pierre, un hangar bardé des planches de caisses d'alcools, de champagnes français. En cas d'interception d'un bateau contrebandier par les garde-côtes américains, il suffisait de jeter les sacs à la mer par le bord du navire opposé à celui vers lequel avançaient les forces de police. Les sacs coulaient instantanément. Lorsque l'équipage de contrôle embarquait, il n'y avait plus trace de la fraude partie vers les grands fonds. La cargaison était perdue, mais cela évitait aux contrevenants d'être emprisonnés. Le risque d'être ainsi arraisonné faisait partie des frais de l'expédition et justifiait le prix ahurissant que payaient les destinataires. Ceci expliquait aussi la prolifération de boissons contrefaites peut-être moins chères que celles provenant vraiment d'Europe.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'armistice du  et l'occupation partielle de la France par les Allemands, l'administration de Saint-Pierre-et-Miquelon est sous le contrôle du régime de Vichy.

Le gouverneur Gilbert de Bournat dut négocier avec les autorités des États-Unis afin d'obtenir quelques subventions financées par les réserves d'or françaises. Il était en cela mandaté par son supérieur direct, l'amiral Georges Robert, nommé en septembre 1939 haut-commissaire au théâtre de l'Atlantique-Ouest, avec autorité sur Saint-Pierre-et-Miquelon, Martinique et Guadeloupe et leurs dépendances et la Guyane.

À cette même époque, le Canada voisin avait préparé, avec l'aval de Washington, un projet de débarquement pour occuper Saint-Pierre-et-Miquelon. Plusieurs prétextes furent avancés, parmi lesquels des émissions radio qui diffusaient la propagande de Vichy20. Certains avancèrent même que cette station radio aidait les U-Boote allemands présents sur les bancs de Terre-Neuve20. Le premier ministre canadien William Lyon Mackenzie King ne permit pas l'exécution de ces plans.

C'est à cette époque que le géologue Edgar Aubert de la Rüe fut astreint à résidence à Saint-Pierre.

Sur l'ordre du général de Gaulle à Londres, le vice-amiral Émile Muselier organisa, malgré son désaccord, le débarquement à Saint-Pierre-et-Miquelon à l'insu et contre l'avis des autorités américaines et canadiennes20, mais avec un premier assentiment de Winston Churchill20. L'affaire du  fit couler beaucoup d'encre, et cristallisa la méfiance de Roosevelt envers de Gaulle. Le vice-amiral Muselier fit organiser un plébiscite qui fut favorable à la France libre20. Saint-Pierre-et-Miquelon fut ainsi l'une des premières terres françaises ralliées à la France libre.

Article détaillé : Ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France libre.

Après ce ralliement, 383 hommes, 56 femmes et 36 mousses (mineurs) s'engageront dans les forces françaises libres dont beaucoup embarqués sur les navires des forces navales de la France libre21. En , lors du torpillage par un U-Boot allemand de la corvette Mimosa, 17 des 65 membres disparus de l'équipage (il n'y eut que quatre survivants) étaient de l'archipel21. Le , parmi les 177 fusiliers commandos qui débarquèrent en Normandie, sous les ordres du capitaine de corvette Kieffer et seuls Français qui débarquèrent ce jour-là, se trouvait le quartier-maître Saint-Pierrais René Autin (1921-1960) qui s'était engagé après le ralliement de Saint-Pierre et Miquelon.

Histoire récente et intégration à la République française

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ancienne colonie devient territoire d'outre-mer (TOM) en 1946.

Le , onze des quatorze membres du conseil général ainsi que le sénateur Henri Claireaux démissionnent pour dénoncer les difficultés économiques créées par l'introduction du nouveau franc français.

Le général de Gaulle lui marque sa reconnaissance pour son rôle dans la France Libre par une visite officielle le . Il arrive par la mer à bord du Colbert. Trop gros pour s'amarrer à quai, le croiseur reste mouillé sur rade foraine. C'est le dragueur de mines Arcturus qui sert de canot major au Président de la république et sa suite. Après avoir salué les autorités, c'est le traditionnel bain de foule et l'Homme du , est acclamé chaleureusement par la population. Le soir même le Colbert fait route vers le Québec où le Général prononce son controversé « Vive le Québec libre ! » le  à Montréal.
Cette visite du général de Gaulle est la première22 des quatre visites d'un Président de la république française avec celles de François Mitterrand en 1987, de Jacques Chirac en 1999 et de François Hollande en 2014.

Le , le territoire évolue vers plus d’intégration à la République et devient département d'outre-mer (DOM)23, avant d'acquérir le statut de collectivité territoriale par la loi no 85-595 du . La révision constitutionnelle du , qui crée la catégorie générique des collectivités d'outre-mer (COM), y englobe Saint-Pierre-et-Miquelon. Son statut actuel est fixé, dans le code général des collectivités territoriales, par la loi organique no 2007-223 du .

Traditionnellement, Saint-Pierre-et-Miquelon représentait un intérêt économique important en raison des droits de pêche attachés à la zone économique exclusive de 200 milles marins. L'interprétation divergente de la France et du Canada sur l'application de cette règle internationale donna lieu, à partir de 1988, année de l'arraisonnement du chalutier Croix-de-Lorraine par les Canadiens, à un contentieux entre la France et le Canada.

À la suite de l'arbitrage international sans appel de New York en 1992, la zone maritime attribuée depuis à l'archipel se limite à la zone économique exclusive de 12 milles marins à l'est, 24 milles marins à l'ouest, et un corridor de 200 milles marins de long par 10 de large, orienté nord-sud.

Parti le  du port d'Argentia chargé de 204 t de sel de déneigement, le Cap Blanc, roulier immatriculé dans le territoire, chavire puis coule le  à 80 km des côtes de Saint-Pierre dans les eaux territoriales canadiennes. Quatre marins originaires de Saint-Pierre-et-Miquelon sont alors portés disparus24.

Article détaillé : Cap Blanc (ravitailleur).

Géographie

Article détaillé : Géographie de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Vue satellite des îles de Saint-Pierre, Miquelon et Langlade.

Saint-Pierre-et-Miquelon est un petit archipel de huit îles, totalisant 242 km2, bas et érodé (240 m au Morne de la Grande Montagne à Miquelon et 210 m à Saint-Pierre). C'est le seul territoire d'outre-mer français qui se situe au nord du tropique du Cancer. Il est formé de roches volcaniques (Miquelon et Saint-Pierre) et de roches métamorphiques diverses (Langlade, presqu'île du Cap), orogenèse et chaîne des Appalaches datant du Précambrien25. L'aspect est rude, sauvage, avec des côtes échancrées, le tout profondément modelé par la grande glaciation quaternaire canadienne qui recouvrit également Terre-Neuve et l'estuaire du Saint-Laurent.

L'archipel est constitué essentiellement de la petite île de Saint-Pierre (26 km2 avec les îlots contigus et 8 km du sud-ouest au nord-est), qu'un chenal d'environ 5,5 km de large, curieusement dénommé « la Baie », sépare de la plus grande île de Miquelon (216 km2 et 40 km du nord au sud), elle-même formée de trois presqu'îles : celle du Cap à l'extrême nord-ouest, celle de Grande Miquelon (110 km2) au nord, dans la partie méridionale de laquelle se trouve la lagune du Grand Barachois, et Langlade ou Petite Miquelon (91 km2) au sud. Ces deux dernières presqu'îles sont reliées depuis 1783 par un long isthme sableux (tombolo double) formé probablement grâce aux nombreuses épaves de navires qui se trouvent dans son entourage et qui provoqua, au siècle dernier, de nombreux naufrages. L'isthme est actuellement de plus en plus menacé par l'érosion26.

L'intérieur est occupé principalement par des tourbières, des étangs, de rares espaces boisés formés principalement de résineux (seule forêt boréale française27). Une seule rivière digne de ce nom, la Belle Rivière, traverse Langlade du sud au nord.

D'autres petites îles ou îlots inhabités autour du port de Saint-Pierre au sud-est : l’île aux Marins (ancienne île aux Chiens et autrefois habitée), l’île aux Pigeons, l’île aux Vainqueurs et au nord de Saint-Pierre, le Grand Colombier. Plus à l'est, en direction de la péninsule Burin (Terre-Neuve), l'archipel de l'île Verte est à la limite des eaux territoriales ; sa souveraineté est incertaine, le Canada y ayant érigé un phare. Outre les îlots de l'île Verte, à 1300 m au sud de l'île principale, un rocher baptisé L'Enfant perdu de l'Île Verte, est le seul à être officiellement français.

Le géographe Henri Baulig qualifia ainsi l'archipel : « Malgré tout, avec ses 4 000 habitants sédentaires, avec ses maisons de bois aux vives couleurs, aux fenêtres basses éclairées par le sourire des fleurs, avec ses jardins amoureusement soignés, ses rues inégales où s’entendent, dans le claquement des sabots, les parlers de Normandie et de Bretagne, mêlés à l’accent plus vif du pays basque, Saint-Pierre est bien un morceau de la vieille France fixé aux rives américaines. »

Climat

Le climat des îles suit les évolutions de Terre-Neuve. C'est un climat océanique froid et humide (précipitations de 1 500 mm/an, taux d'humidité > 80 %) avec une forte modération maritime. Balayé rapidement par les dépressions atlantiques naissantes, l'archipel est un lieu d'affrontement entre les poussées d'air froid arctique et les masses d'air maritime plus douces. C'est également le lieu de rencontre du courant océanique chaud du Gulf Stream et celui froid du Labrador. Ainsi, il est rare de voir des températures inférieures à −10 °C l'hiver, la moyenne hivernale n'étant que de −2 °C, avec de fréquentes chutes de neige. La température moyenne en août est de 16 °C, avec certains jours un brouillard très dense (les fameux bancs de brume de Terre-Neuve) pendant juin et juillet. Le facteur éolien ou refroidissement éolien est important.

Ainsi, bien que situé à la même latitude que la Vendée, l'archipel a un climat beaucoup plus froid que les côtes atlantiques métropolitaines, qui, elles, bénéficient du climat radouci des façades continentales ouest.

Statistiques 1981-2010 et records Station ST-PIERRE (975) Alt. : 21m 46° 45′ 54″ N, 56° 10′ 42″ O
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −5,2 −5,7 −3,7 −0,4 2,8 6,7 11,5 13,8 11 6,6 2,3 −1,9 3,2
Température moyenne (°C) −2,6 −3,2 −1,4 2 5,6 9,6 14,1 16,2 13,5 8,9 4,5 0,4 5,7
Température maximale moyenne (°C) −0,1 −0,7 1 4,3 8,5 12,5 16,7 18,7 16 11,2 6,8 2,7 8,2
Record de froid (°C)
date du record
−17
18.1982
−18,7
04.1975
−18,1
10.1986
−9,8
06.1995
−4,5
11.1993
0,7
02.2015
4,9
05.1992
6,9
25.1991
1,7
26.1979
−1,7
23.1974
−9,2
25.1993
−14,6
27.1984
−18,7
1975
Record de chaleur (°C)
date du record
9,8
18.1976
9,4
05.2016
10,9
24.2021
13,6
30.2020
22
07.1999
25,1
27.2000
28,3
06.2013
26,2
01.2018
26,8
09.2001
20,1
03.2011
15,1
01.2019
12,8
07.2008
28,3
2013
Ensoleillement (h) 44,4 63,9 116,7 135,6 171,5 166,8 156,5 172,5 157,4 120,4 63,8 42,2 1 411,6
Précipitations (mm) 102,3 101 100,8 97,6 102,6 103,7 99,5 93,3 141,4 135,9 133,9 114,7 1 326,7
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 1 mm 15,5 13,8 11,4 10,9 10,9 10,5 10,2 10,4 10,9 13,3 14,5 15,2 147,4
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm 6,8 6,1 5,7 6,3 6,1 6 6 5,1 6,2 7,1 7,4 7,4 76,2
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 10 mm 3,3 3,3 3,1 3,1 3,6 3,6 3,4 3,2 4,2 4,2 4,4 4,1 43,5
Nombre de jours avec neige 22,6 19 15,3 7,4 0,9 0            
Nombre de jours avec grêle 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,1 0 0 0,2
Nombre de jours d'orage 0 0,1 0 0,2 0,4 1 1,4 1,3 0,6 0,6 0,2 0,1 5,9
Nombre de jours avec brouillard 3 4,1 5,2 8,8 12,9 14,6 18,5 11,3 6,3 4,1 4,7 3,5 97

Source : [MétéoFrance] « Fiche 97502001 [archive] », sur donneespubliques.meteofrance.fr, edité le : 06/05/2021 dans l'état de la base

Diagramme climatique
J F M A M J J A S O N D

 

 

 

−0,1

−5,2

102,3

 

 

 

−0,7

−5,7

101

 

 

 

1

−3,7

100,8

 

 

 

4,3

−0,4

97,6

 

 

 

8,5

2,8

102,6

 

 

 

12,5

6,7

103,7

 

 

 

16,7

11,5

99,5

 

 

 

18,7

13,8

93,3

 

 

 

16

11

141,4

 

 

 

11,2

6,6

135,9

 

 

 

6,8

2,3

133,9

 

 

 

2,7

−1,9

114,7

Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm
Comparaison des données météorologiques de Saint-Pierre avec les données nationales
Ville Ensoleillement
 (h/an)
Pluie
 (mm/an)
Orage
 (j/an)
Brouillard
 (j/an)
Médiane nationale 1 852 835 25 50
Saint-Pierre 1 412 1 327 6 97
Paris 1 717 634 20 26
Nice 2 760 791 28 2
Strasbourg 1 747 636 28 69
Brest 1 555 1 230 12 78
Bordeaux 2 070 987 32 78

Faune et flore

Phoques communs dans l'archipel en 2018.

Les principaux mammifères de l'archipel, introduits à des fins cynégétiques, sont le cerf de Virginie, le lièvre variable et le lièvre arctique. Le renard roux serait peut-être de son côté originaire de l'archipel même. Enfin, le campagnol de Pennsylvanie se retrouve également sur le territoire28.

Les lacs de Saint-Pierre révèlent quant à eux une faune dominée par la truite saumonée et par les anguilles29. D’autres poissons diadromes tels l'omble de fontaine, l'éperlan, l'épinoche et le saumon sont présents dans l’archipel28.

Le domaine maritime héberge de nombreux mammifères marins : phoque communphoque grisphoque à capuchon et du Groenlandbaleine à bossesrorqual communpetit rorqualorquedauphins à bec blanc, à flancs blancs…28.

Du côté aviaire, on retrouve près de 320 espèces d'oiseaux : canardsbruantsparulinesmoucherollesroitelet à couronne doréemésangebruant des neigesalouette28.

Sur les mornes de cet archipel rocheux poussent des fougères et des arbustes arctiques29.

Urbanisme

Transports

Article détaillé : Transport à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Le port de Saint-Pierre à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Saint-Pierre dispose d'un aéroport d'où sont assurées des liaisons régulières avec plusieurs aéroports canadiens et avec le petit aérodrome de Miquelon. Une liaison maritime de fret relie le port de Saint-Pierre au port de Halifax en Nouvelle-Écosse.

Le port de Saint-Pierre assure aussi le transport de passagers tant vers Miquelon que vers le port de Fortune sur l'île de Terre-Neuve, via des lignes régulières ou saisonnières.

Il n'existe pas de liaison régulière, ni maritime, ni aérienne, entre l'archipel et la métropole. Toutefois, depuis le Air Saint-Pierre, dans le cadre d'une délégation de service public et avec l'aide de l'État, a mis en place un vol hebdomadaire direct de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle opéré par la compagnie ASL Airlines France, pour les mois de juillet et d’août.

Sources d'énergie

Article détaillé : Système électrique de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Saint-Pierre-et-Miquelon est totalement dépendante des énergies fossiles

Administration et institutions

Statut

L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est une collectivité d'outre-mer placée sous le régime de l'article 74 de la Constitution et dénommée « collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon »30.

Il ne s'agit donc ni d'un département, ni d'une région.

La collectivité est composée de deux communes : Saint-Pierre et Miquelon-Langlade. Le chef-lieu de l'ensemble du territoire se trouve à Saint-Pierre.

Le pouvoir exécutif est décentralisé et largement transféré au président du conseil territorial qui dispose de certaines attributions à caractère législatif de portée locale mais aussi d'une totale autonomie aux plans douanier, fiscal et urbanistique. De ce fait, les services de l'État sont mis à sa disposition et toute marchandise entrant dans l'archipel, provenant de la France métropolitaine ou de l'étranger, à quelques exceptions près, est taxée par les douanes. Il n'y a pas d'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ni d'impôt sur la fortune immobilière (qui a remplacé l'ISF en France début 2018).

Saint-Pierre-et-Miquelon ne fait pas partie intégrante de l'Union européenne contrairement aux régions ultrapériphériques françaises reconnues par le traité d’Amsterdam de 1997, c’est-à-dire actuellement pour la France, les seules collectivités régies par l'article 73 de la Constitution (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte) et l'île de Saint-Martin (régie par l'article 74) : son statut, par rapport à l’Union européenne, est celui de pays et territoire d'outre-mer (PTOM).

Les citoyens de Saint-Pierre-et-Miquelon votent à la fois aux élections françaises et européennes comme tous les citoyens français.

Pourtant, les citoyens de cette collectivité territoriale possèdent un passeport français et européen en vertu de leur nationalité et de la Constitution française, et participent, comme tous les citoyens français, aussi bien aux élections des représentants français au Parlement européen qu'à l’ensemble des autres scrutins nationaux. Comme dans les régions françaises, sa monnaie officielle est l’euro, depuis 1999 (auparavant, c’était le franc CFA jusqu'en 1973 puis le franc français31), bien que la collectivité ne fasse pas partie du territoire de l'Union européenne, ni de l’Espace Schengen.

Conseil territorial

Article détaillé : Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Le conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon était composé pour le mandat 2012-2017 de 19 membres. En bleu les membres d'Archipel demain (proche de l'UMP) et en jaune, les membres de Cap sur l'avenir (proche du PRG). Pour le mandat 2017-2022, Archipel Demain (qui se définit désormais non lié à un parti national) compte 17 membres et Cap sur l'Avenir 2.

Un conseil territorial qui exerce à peu près les mêmes compétences qu'un conseil régional et un conseil départemental sur le reste du territoire français gère l'ensemble de la collectivité. Il comprend 19 membres élus, représentant deux circonscriptions qui correspondent aux deux communes : Saint-Pierre (15 conseillers) et Miquelon-Langlade (4 conseillers). Bien que celle-ci relève de l'article 74 de la Constitution, les lois de la République s'appliquent directement à Saint-Pierre-et-Miquelon (régime de l'inclusion législative) sauf dans certains domaines, notamment les impôts, le régime douanier, l'urbanisme et le logement32.

Il existe en outre, dans l'archipel un comité économique et social qui peut donner un avis sur les questions de son ressort, à la demande du conseil territorial.

Représentation nationale

 

Articles connexes : Circonscription législative de Saint-Pierre-et-MiquelonListe des députés de Saint-Pierre-et-Miquelon et Liste des sénateurs de Saint-Pierre-et-Miquelon.

La collectivité territoriale est représentée au Parlement de la République française avec :

Les électeurs du territoire participent également aux élections des députés français au Parlement européen.

Services de l’État

Article connexe : Liste des préfets de Saint-Pierre-et-Miquelon.

À Saint-Pierre-et-Miquelon sont installés les services déconcentrés de l'État suivants33 :

Les autres services de l’État sont :

À Saint-Pierre, se situe la préfecture à la tête de laquelle se trouve un préfet représentant de l’État sur le territoire. Il est nommé par le président de la République.

La Justice dispose localement d'un tribunal supérieur d'appel, d'un tribunal de première instance, d'un tribunal administratif et d'un centre pénitentiaire. La chambre territoriale des comptes contrôle les finances publiques du territoire, et a son siège à Noisiel.

Les chambres consulaireschambre d'agriculturechambre de métiers et de l'artisanat et chambre de commerce et de l'industrie sont regroupées au sein d'un établissement public ; la chambre d'agriculture, de commerce, d'industrie, de métiers et de l'artisanat (CACIMA de Saint-Pierre-et-Miquelon), gérée par des artisans, commerçants, agriculteurs, chefs d’entreprise élus par leurs pairs35.

Gendarmerie

Le Commandement de la Gendarmerie pour Saint-Pierre-et-Miquelon (COMGENDPM) comprend vingt-huit militaires d'active et quatre réservistes placés sous l'autorité d'un colonel. La gendarmerie nationale est présente de manière permanente sur l'archipel depuis 1816, avec le gendarme Yreux. D’abord appelée poste de gendarmerie, le détachement prend l'appellation de section de gendarmerie de Saint-Pierre et Miquelon le , puis de compagnie le , et enfin de commandement de la gendarmerie pour Saint-Pierre-et-Miquelon le . L’essentiel de son activité est tourné vers la recherche de renseignement et la prévention de proximité afin d'assurer le maintien de l’ordre et la paix publique. Dans le cadre du continuum sécurité-défense et en tant que force militaire, le COMGENDPM constitue également une force de souveraineté qui affirme la présence de la France sur ce territoire d'Amérique du Nord.

Le COMGENDPM est articulé autour d'un état-major et de trois unités opérationnelles36 :

  • État-major à Saint-Pierre (caserne du lieutenant-colonel Pigeaud) : section commandement, bureau opérations emploi, bureau soutiens et finances (section équipement logistique, section immobilier et logement, centre soutien automobile)
  • Brigade de recherches (BR) à Saint-Pierre (caserne Pigeaud) : créée le , elle comprend la section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC)
  • Brigade de gendarmerie de Saint-Pierre (caserne Colmay) : dont l'équipe nautique (depuis décembre 2011) dotée de la vedette Sao (G1101)37 du type UFC 11.00 Raidco de 12 mètres équipée de deux moteurs de 315 cv, et l'équipe cynophile stupéfiant (depuis 2012)
  • Brigade de gendarmerie de Miquelon-Langlade : son effectif est de trois gendarmes (avant décembre 2000 la brigade comptait deux militaires depuis 1972).

Du  à 2006, un peloton de gendarmerie mobile (effectifs : 31 militaires) renforçait l’action de la gendarmerie départementale. La compagnie de gendarmerie maritime de Saint-Pierre-et-Miquelon a été dissoute le 1er juillet 2010 et le patrouilleur Fulmar (P740) a été transféré à la Marine nationale. Le peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG), créé le  et dissout depuis, était chargé de la sécurité routière, la surveillance côtière (vedette G8901 Guy Couach de 7,3 m et 200 cv) et de la surveillance aéroportuaire. Son effectif était de cinq gendarmes (GD) et cinq gendarmes mobiles (GM). C'est dorénavant la brigade de Saint-Pierre qui exerce les missions de sûreté aéroportuaire, tant du "côté piste" que du "côté ville" (depuis 2020).

Symboles

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Population et société

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Île aux Marins.

Démographie

En progression lente de la Première Guerre mondiale à la fin du XXe, la population diminue légèrement depuis lors. La population municipale au , selon les chiffres de l'Insee, s'élevait à 6 057 habitants, soit 5 430 dans la commune de Saint-Pierre et 627 habitants dans celle de Miquelon-Langlade38.

Au , l'Insee dénombrait 641 habitants à Miquelon-Langlade et 5 633 habitants à Saint-Pierre pour 6 274 habitants pour la collectivité territoriale entière39.

Le français parlé ressemble à celui de Normandie et de Bretagne. Les habitants descendent très majoritairement de colons normandsbretons et basques. Si la descendance acadienne est modeste, on doit par contre souligner une filiation anglaise et irlandaise significative de la population, conséquence de nombreuses unions de ces colons avec de jeunes femmes venues de la côte voisine de Terre-Neuve pour tenir des emplois domestiques, notamment au XIXe siècle et jusqu'au milieu du XXe.

L'anglais est très courant, et est généralement parlé en seconde langue par la majorité de la population : il est très utile pour le secteur du tourisme, car l'archipel reçoit de nombreux touristes anglophones américains et canadiens. Dans le cadre professionnel de la pêche, il est très utile pour communiquer avec les pêcheurs anglophones de Terre-Neuve, ou d'ailleurs.

source : wikipedia

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