"Je vais vous faire lécher l'asphalte"...: "un nouveau visage" dans l'opposition donne sa vision ....

« Nous vivons une tragédie nationale. Nous ne sommes plus un pays indépendant »

Entretien avec Arthur Khachikyan :
Professeur de relations internationales à l'Université russo-arménienne (Slave). Il a fait des études en langues orientales (arabes) à Erévan (Arménie), puis les relations internationales à l'université de Stanford en Californie, où il a obtenu un doctorat en relations internationales.

Interview réalisée par : Armineh Johannes à Erevan.(capitale de l'Arménie , ndlr)::

1- QUESTION : Le gouvernement arménien prend des distances avec la Russie et se dirige vers l'Occident, pensez-vous que cela aura des conséquences majeures pour le pays et pensez-vous que cela peut signifier en quelque sorte un « suicide » pour l’Arménie ?

Arthur Khachikyan : Il suffit de regarder les résultats que nous avons aujourd’hui. Nous
n’avons jamais été aussi dévastés qu’aujourd’hui. ils voulaient créer une alternative occidentale à ce que nous avons avec la Russie, par exemple nous ouvrir les marchés européens, nous fournir des ressources énergétiques, peut-être demander à un autre pays de livrer le combustible nucléaire pour la centrale nucléaire, et surtout avoir des garanties de sécurité de la part de l’Occident – en résumé, toute mesure réelle que l’Occident pourrait prendre pour assurer notre sécurité, alors cela aurait pu être une option, mais le fait est qu’ils n’ont pris aucune mesure en faveur de ces démarches préparatives ; tout ce qu’ils font maintenant, c’est aller en Occident et se faire applaudir – en fait ces applaudissement veulent dire « félicitations, il n’y a plus d’Artsakh» même si certaines déclarations ont condamné cet acte comme un nettoyage ethnique, mais , en fin de compte, aucune sanction réelle n'a été prise contre l'Azerbaïdjan, parce que l'Europe a besoin de leur pétrole et gaz, donc 120 000 Arméniens sont expulsés sous la menace d'extermination, et l'Occident s'en fiche ; tout ce que nous avons aujourd’hui, ce sont des mots et des déclarations, même lorsque nous sommes confrontés à une telle menace existentielle pour notre sécurité ; aucun pays ne veut garantir notre sécurité, aucun pays ne veut déployer ses forces ici, donc on peut dire que c’est un échec total sur le front occidental, et c’est un échec total sur le front russe également.

Il (le Premier ministre, ndlr) a contrarié la Russie, il a permis à l’ennemi de conspirer plus facilement avec la Russie contre nous, et il n’a vraiment pas idée de ce qu’est la diplomatie. Il avait fait beaucoup de promesses en disant qu'il était un dirigeant nouvellement élu et démocrate, mais dans les faits il est devenu un nouveau dictateur. Il a ouvertement menacé de recourir à la violence contre des manifestants pacifiques et il l'a effectivement fait; sous ses ordres, la police a attaqué, arrêté, battu et étouffé des manifestants pacifiques, dont beaucoup étaient des étudiants.
Il a délibérément attaqué les étudiants parce qu'il sait que lorsque les étudiants descendent dans la rue, il peut y avoir un danger pour lui, alors toutes sortes de brutalités ont été utilisées contre les jeunes étudiants.

Tout cela par une personne qui nous a trompés en disant qu'il allait
construire une Arménie démocratique, mais il est devenu un nouveau dictateur, peut-être pire que ses prédécesseurs, car les dirigeants précédents n'ont pas procédé à des passages à tabac massifs
ni à la torture des manifestants étudiants pacifiques, contrairement à lui. Il a dit ouvertement: « Je vais vous faire lécher l'asphalte » – cela vient d'un soi-disant leader démocrate que l'Europe applaudit.

2- QUESTION : Selon vous, malgré toutes les déclarations et prises de positions qui ont
finalement abouti à « l’abandon » de l’Artsakh, est ce qu’il y avait un moyen ou une solution pour garder l'Artsakh et obtenir un résultat favorable? Le fait que le Premier ministre Pashinyan ait décidé d'effacer trente ans de négociations avec le groupe de Minsk, en disant qu'il allait repartir de zéro… pensez-vous que cela a ouvert la voie ou bien a initié la perte de l'Artsakh ? Pourrait-il mener une diplomatie différente ?

Arthur Khachikyan : En fait, c'était bien ça la solution du gouvernement. C'était leur
programme depuis le début ; ils n’ont cessé de convaincre notre peuple que si nous voulons vivre en paix, nous devons nous débarrasser de la Russie, et que tant que nous aurons l’Artsakh, nous n’allons pas nous débarrasser de la Russie; nous devons donc y renoncer. Ils mènent cette propagande en Arménie depuis des décennies – cela n’a pas commencé il y a 5 ans. Mais il y a de nombreuses années, par lui et son entourage, ses proches ainsi que les organisations financées
par l'Occident en Arménie. Il ne faut pas oublier que des dizaines de millions de dollars sont dépensés en Arménie pour acheter nos journalistes et pour les transformer en propagandistes, pour mener une violente propagande anti Russe – l’argent est donné à des ONG locales ou à des médias, par exemple Radio Liberty est presque entièrement sponsorisé par le Département d’État américain, je ne suis pas sûr de ce qu’il en est pour d’autres comme CivilNet ou les autres qui ont des journalistes pro-occidentaux et anti russes très agressifs. Cela dure depuis des décennies – ce n’est pas nouveau. Je n’en parlais pas souvent parce que je pensais que si je n’avais pas de preuve, je ne pourrais pas le dire – mais il est devenu très clair pour moi maintenant qu’il s’agissait d’un agenda, d’un programme et non d’un hasard. S’il avait négocié quelque chose de
fiable pour l’Artsakh, comme ses prédécesseurs le faisait, la Russie y serait restée et le PM le sait bien. Il devait s’en débarrasser et détruire le statu quo, pour que la Russie n’ait aucun endroit où atterrir, il devait détruire ce pied-à-terre pour eux – tel était son plan.

QUESTION : Alors pourquoi les Russes auraien

t accepté ce plan? Depuis l’arrivée au pouvoir de Pashinyan, Poutine entretient une attitude amicale à l’égard de ce gouvernement. Ils devaient être au courant de ce plan anti russe – alors pourquoi tomberaient-ils dans ce piège?

Arthur Khachikyan : Je ne pense pas qu'ils soient tombés dans le piège – je pense qu'ils se sont montrés très méfiants à l'égard de ce gouvernement dès le début parce qu'ils savaient qui étaient ces gens-là et en réalité il y avait une relation très bizarre entre eux – il y a eu des échanges d’insultes, des accusations mutuelles, mais en fin de compte, je pense que la Russie ne voulait tout simplement pas se battre contre la Turquie et l'Azerbaïdjan pour nous, et ils ne l’ont pas fait
– mais on peut dire que ce gouvernement a aidé la Russie à renoncer à ses obligations parce qu’il a créé un alibi pour eux de ne pas réagir et de rester inactif – il est devenu très facile pour la Russie de dire « vous ne vouliez pas de notre aide… vous êtes allé à Prague et avez accepté
que l’Artsakh appartienne à votre pays voisin, alors que voulez-vous que l’on fasse maintenant ?"

Et vous devez vous rappeler qu'il y a des choses sans précédent que Pashinyan a faites – une fois que l'attaque a commencé contre l'Artsakh en septembre 2023, il a dit que ce n'était pas son problème et que nous n'avions rien à voir avec la sécurité du peuple d’Artsakh – et a fait une autre déclaration disant que l'Arménie ne fera rien en cas d'attaque. Comment pouvez-vous reprocher à un autre pays de ne pas vous aider alors que votre propre gouvernement dit qu’il ne fera rien. Comment est-ce possible? Dans quel monde cela fonctionne-t-il ? Il faut aussi considérer une machine de propagande très puissante, bien financée, bien huilée, sponsorisée par la propagande occidentale, qui domine les chaînes de télévision comme la chaîne 1 qui a beaucoup d'audience, et qui diffuse de la propagande : "c'est la faute de la Russie, c'est entièrement la faute de l’Artsakh, il y a eu beaucoup de corruption dans le passé, et la façon de résoudre ce problème est d'abandonner notre patrie".

Ils continuent de diffuser ces messages. Il existe également un grand nombre de membres dans des sectes en Arménie – des sectes telles que lesTémoins de Jéhovah, et il y a aussi une nouvelle secte arménienne appelée "Guianki Khosk "("discours de la vie"), et de nombreux groupes pseudo-chrétiens qui dominent les esprits; il y a environ 300 000 membres de ce type de sectes en Arménie qui le soutiennent. Il a également capitalisé sur le mécontentement de notre peuple à l'égard du régime précédent, ce qui est un fait, mais pour dire qu'il y avait de la corruption dans le passé et que tous les habitants du Karabagh en sont responsables et que la manière de résoudre ce problème est d’abandonner l'Artsakh et en
faire des sans-abri – dans un monde rationnel, ces arguments ne peuvent pas tenir.

Mais ils ont réussi à convaincre une grande partie de la population que la meilleure façon de lutter contre la corruption (donc les anciens qui étaient corrompus) est d’abandonner une partie de sa patrie.

Et cela ne s’arrête même pas là, car Aliev veut l’Arménie – il veut le reste de l’Arménie – et nous l’avions déjà prévenu. L’un des arguments répandus par ce groupe était que nous devons abandonner l’Artsakh et qu’ensuite nous vivrons bien et en paix – et nous , on dit, sans cesse répété : « non, nous n’allons pas bien vivre après avoir abandonné l'Artsakh, et qu’il ne arrêtera pas là, et que ce n’est que le premier morceau du gâteau pour lui ». La politique de la Turquie envers l’Arménie et les Arméniens est la même depuis cent cinquante ans: tuez-les, détruisez-les, assassinez-les et ne leur permettez pas d’avoir un État; c’est une politique très claire et nous l’avons expliquée à plusieurs reprises.

Mais les membres de son groupuscule diffusent le message suivant: « non, nous vivrons en paix avec la Turquie et trouverons un moyen de nous entendre avec eux» – ce qui est bien, mais à quelles conditions ou à quel prix ? Et ils sont prêts à tout abandonner, ils se comportent comme une secte et certains d'entre eux le considèrent comme
le sauveur, un degré extrême de foi aveugle, comme des membres d’une secte; ils l'appellent le nouveau sauveur, le nouveau Christ…. Un parent qui avait perdu son fils pendant la guerre lui a dit: « J'ai perdu mon fils mais maintenant j’ai toi ! ». Il y a eu une propagande massive grâce à des fonds occidentaux et à travers les médias locaux, qui capitalisent sur le mécontentement a cause des gouvernements précédents.

QUESTION: Cependant il est arrivé au pouvoir en tant qu’un nationaliste grâce au soutien de foules massives. Êtes-vous en train de dire qu’il est arrivé au pouvoir délibérément sur la base d’un plan et d’un agenda, avec le soutien d’autres puissances ou peut-on dire qu’il est simplement incompétent et inexpérimenté ?

Arthur Khachikyan: Il est arrivé au pouvoir parce que nous détestions tous les régimes
précédents, mais dans notre pire cauchemar nous n'aurions pas imaginé ce que nous vivons aujourd'hui. Nous sommes dans une impasse, au bord de l’effondrement de notre État. Rappelez-vous simplement ses promesses : « vous êtes tous des premiers ministres – il a dit que nous avions trois millions de premiers ministres ici; il a utilisé des mots comme « je t'aime, laisse-moi te baiser les mains… » et de là il est passé à dire « léchez l'asphalte »… et à battre les étudiants, à les étouffer et les arrêter. Puis il a dit : « ensemble nous trouverions une solution à ce problème et vous allez me dire comment je dois négocier ». Il a tout simplement menti – lorsqu’on lui a demandé ce que il va négocier – il a répondu « je ferai ce que je veux et ce qui me plaît ».

Je ne vois pas comment toutes les décisions qu’il a prises ont été prises par accident – logiquement vous pourriez avoir un ou deux accidents, mais vous ne pouvez pas avoir quinze accidents d'affilée, parce qu'en renonçant à l’Artsakh, en détruisant notre armée, en brisant l'esprit de notre peuple, et maintenant en rendant tous ces villages (soi-disant enclaves), en échouant à négocier au profit de notre pays… il a totalement échoué.

Lorsque la guerre a commencé, au lieu de mobiliser l’armée, il a lancé des appels bizarres aux gens pour qu’ils se lèvent et élisent un chef local de leur village ou de leur ville, d’aller au front en rapportant leurs fusils qu’ils pouvaient avoir à la maison…, alors que l’armée régulière n’a pas été mobilisée et finalement nous avons perdu la guerre.

Ca ne peut pas être un accident. Si vous lancez une pièce de monnaie, vous ne pouvez pas obtenir pile ou face quinze fois de suite – ce n’est pas statistiquement possible, et toutes ces erreurs ne peuvent pas se produire accidentellement.

C’est dans l’intérêt de la Turquie que l’Arménie abandonne tout. Les Azéris disent maintenant quelles églises ils veulent que nous devons abandonner – ils veulent Haghartsin, et Noravank, parce qu'ils disent « ce ne sont pas des églises arméniennes mais des églises azéries construites par leurs ancêtres, les Albanais », ils avancent cette théorie selon laquelle ils ont des ancêtres albanais et ces églises leur appartiennent, alors ils veulent nous enlever nos églises, ….

ils veulent qu'on arrête de parler du génocide, il faut abandonner l'Ararat dont le PM a déjà parlé.

Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a des gens dans la diaspora, des gens influents comme Atom Egoyan et Arsinée Khanjian et Serj Tankian du System of a Down, qui sont venus ici pendant la Révolution et qui ont aidé à faire passer cette révolution, et maintenant ils ne veulent plus venir pour dire qu'ils se sont trompés. Moi-même J'ai fait une erreur et j'ai déjà dit que je suis désolé. J'ai cru en lui pendant trois jours et quand j'ai réalisé que je m’étais trompé, j'ai dit que c'était une terrible erreur et qu'il fallait y mettre fin.

Où sont nos dirigeants de la diaspora? Pourquoi sont-ils obligés de renoncer à la mémoire de leurs grands-pères et grands-mères ? Il le dit ouvertement. C'est un canular. Ce n’est pas une démocratie, c’est un grand mensonge.

Et le fait que l’Occident l’applaudit montre à quel point l’Occident est hypocrite – tout ce qu’il fait est de l’hypocrisie. Ils voient un nettoyage ethnique mais ils parlent d’un exode. Alors ils pensent que les Arméniens ont simplement décidé de partir ? Et le Premier ministre ne cesse de changer ses paroles; parfois
il dit qu'il s'agit d'un nettoyage ethnique et d'autres fois il dit que non. L’hypocrisie de l’Occident est tout simplement stupéfiante.

Ils sont intervenus au Kosovo lorsqu’une situation similaire s’est produite, et c’est maintenant un pays indépendant ; mais nous on n’est pas importants car ils ont
besoin de l’Azerbaïdjan et de la Turquie – c’est très hypocrite.

Le pouvoir veut qu'on abandonne
l’Ararat, qu'on l'enlève de notre emblème d'État, qu'on oublie le génocide, alors il faut se
préparer à ce que le Mémorial de Dzizernagabert soit démantelé un de ces jours ; il ne s'arrêtera pas, et le démantèlera et nous devons vivre avec ça.

La plupart des gens que je connais, même ceux qui n’ont jamais songé à quitter l’Arménie, veulent tous partir maintenant. La plupart des personnes que je connais disent que l’incertitude quant à ce qui se passera demain leur donne envie de partir. Nous sommes devenus les otages de ce réseau d’agents étrangers – ce sont des
agents étrangers, ce ne sont pas des Arméniens. Les Arméniens ne peuvent pas se comporter ainsi et dire : « ils tuent des centaines de personnes en Artsakh, mais ce n'est pas notre affaire » ;un Arménien ne dirait pas cela. Le plus important est qu’il veut faire venir ici cent mille Azéris, et les réinstaller ici, et ils seront supervisés par la police et l’armée azéries – ca sera notre fin ; ils provoqueront un incident et envahiront ensuite tout le pays – c’est en fait très facile à faire.

Cela s’est produit en Syrie : la Turquie a occupé 8835 kilomètres carrés dans le nord de la Syrie et l’Occident civilisé n’a rien à dire à ce sujet – aucun commentaire. Aucun pays occidental n'applique de sanctions contre l'Azerbaïdjan, l'Europe n'a même pas appliqué de sanctions contre la Turquie quand la Grèce, membre de l'UE, l’a demandé au cas où Ankara violerait le territoire grec, ou bien lorsque laTurquie a attaqué des navires français…

Nos romantiques naïfs ici ne comprennent toujours pas que tout dans le monde est déterminé par le pouvoir et le profit et non une démocratie de velours.,

QUESTION : Si la guerre en Ukraine n’avait pas éclaté, pensez-vous que cela aurait changé la position de la Russie à l’égard des Arméniens ? Le fait que les soldats de maintien de la paix russes se trouvaient en Artsakh et n’aient rien fait pour empêcher la guerre a été très critiqué – pourquoi n’ont-ils pas pu empêcher ou arrêter cette guerre ?

Arthur Khachikyan : Très certainement oui, parce que la guerre a accaparé les ressources de la Russie et que la Russie a les mains pleines avec ce qui se passe en Ukraine et ne peut pas avoir une autre guerre à gérer. Il est également vrai que la Russie est devenue dépendante de l’Azerbaïdjan pour la vente de son gaz. La Russie est désormais plus faible à cause de cette guerre et est devenue complètement dépendante de la Turquie et de l’Azerbaïdjan pour la vente de son gaz et de son pétrole.

Lorsque la guerre en Ukraine a commencé en février de l’année dernière, je savais que l’Azerbaïdjan allait nous attaquer.
Je suis très contrarié que les soldats de la paix n'aient pas pu jouer un rôle plus actif, même s'il
est un fait qu'ils ont protégé de nombreuses personnes du massacre – mais ils étaient sur le territoire azéri et n'ont pas combattu les Azéris, car il s’agissait d’un corps de maintien de la paix et non de l’armée russe, et si la Russie voulait déclarer la guerre à l’Azerbaïdjan, elle devrait aller jusqu’au bout pour nous, et la Russie ne voulait pas le faire. En conséquence, ce que la Russie a fait était décevant et elle est considérée comme complice de l’Azerbaïdjan, mais en même temps, comment pouvez-vous reprocher au gouvernement d’un autre pays de ne pas vous
défendre, alors que notre propre gouvernement a déclaré qu’il ne voulait pas nous défendre.
Comment est-ce possible? En réalité, on peut dire que notre propre gouvernement les a aidés et a donné carte blanche aux Russes pour agir de cette manière.

QUESTION : Puisque l’Arménie est très dépendante de la Russie sur le plan économique et
énergétique, comment cela se passera-t-il si l’Arménie tourne le dos à la Russie ?

Arthur Khachikyan : Cela ne marchera pas – ils peuvent fermer notre centrale nucléaire. Ce premier ministre et son équipe agissent comme l’ambassade de Turquie en Arménie, et il faut les considérer comme tels.

A mon avis ils représentent la Turquie. Alors, s’ils ferment notre centrale nucléaire et nous deviendrons complètement dépendants d'Aliev. Ils disent ouvertement
que nous ne pouvons survivre sans gaz, car la Russie va également fermer les conduites de gaz, et nous passerons au gaz azéri, et cela nous rend encore plus dépendants d'Aliev, donc s'il amène cent mille Azéris vivre en Arménie, et si quelque chose arrive à l'un d'entre eux, il fermera le pipeline et enverra son armée. Nous n'aurons rien pour nous défendre. Nous sommes devenus complètement dépendants. En réalité, notre Premier ministre représente les intérêts turcs, il dira donc qu'il veut que les Russes quittent la centrale électrique de Metsamor, et à ce moment-là, ils
devront décider s'ils veulent faire pression sur ce gouvernement pour qu'il reste ici ou si cela n'en vaut pas la peine pour eux. Nous dépendons énormément de la Russie, et pourtant il y a cette féroce propagande anti-russe à travers les médias, les chaînes YouTube, les membres des sectes… qui expriment le désir de se débarrasser de la Russie même si nous devons perdre notre patrie ! S’ils ferment la centrale électrique, les gens partiront – car personne ne veut geler comme ils l’ont fait au début des années 1990, lorsque nous n’avions pas d’électricité à cause de la fermeture de la centrale nucléaire. : il a une relation très bizarre avec Poutine – parfois il dit que
nous ne voulons pas changer de vecteur ou d’orientation vers l’Occident, puis il dit des choses très insultantes ; il va en Europe et attaque la Russie, bien que c’est lui même qui a abandonné cette région en disant que cela ne le concernait pas – alors il continue à les attaquer et à les insulter et puis il dit exactement le contraire après– c’est très étrange – peut-être qu’il essaie de plaire aux occidentaux, puis il revient des voyages et se rend compte qu’il ne peut pas rompre totalement avec la Russie. Il n’y a qu’à regarder les résultats : c’est un désastre national absolu.

QUESTION : Mais ne pensez-vous pas que pour les Russes la question est un peu plus grande que celle du Premier ministre arménien? Parce que vous dites qu’ils choisiraient de quitter la région du Caucase, pensez-vous qu’ils souhaitent le faire ?

Arthur Khachikyan : non, ils ne veulent pas la quitter et disent qu'ils ne le feront pas, mais le choix qui s'offre à eux est désormais restreint : soit de faire pression sur ce gouvernement arménien pour qu'il ne démantèle pas au moins leur base militaire à Gumri, soit simplement d'organiser un coup d'État qui n'est pas facile à faire et ils en seront alors blâmés pour ça. Leur argument est le suivant : « vous avez élu ce type pour la deuxième fois et votre peuple le soutient– alors qu’attendez-vous de nous » ?

En outre, il y a des hommes politiques en Russie qui sont pro-turcs et il y a un fort lobby pro-turc en Russie, et pour eux l'Arménie est devenue un pays
désespéré qui a élu un raté pour la deuxième fois, concluant ainsi un accord avec la Turquie et l'Azerbaïdjan. A leur égard, les Arméniens ne sont plus du tout fiables – c'est ce que j'entends lorsque je parle à mes sources à Moscou.

C’est une tragédie nationale pour nous – ce gouvernement est une calamité qui est arrivée au pouvoir en répandant des mensonges. Tout ça était un mensonge total. Tout ce qu’il a dit, a abouti aujourd’hui au contraire. Quand on regarde les actions de Pashinyan, on peut facilement penser que s’il avait été un agent turc, il n’aurait pas pu accomplir un meilleur travail. Il nous a paralysés et nous a brisé la colonne vertébrale. Lorsque vous vous promenez, vous voyez que les gens ne rient ni ne sourient – ils sont simplement détruits et beaucoup essaient de trouver un moyen d’obtenir un visa pour partir à l’étranger. Je pense que la plupart des Arméniens veulent
désormais partir. Ce n’était pas le cas sous les deux présidents précédents – oui, il y avait de la corruption, mais nous avions un sentiment de sûreté et de sécurité et nous n’avions pas peur.

Tous les pays ont de la corruption, y compris la France et les États-Unis, mais les Français et les Américains n’abandonnent pas leur patrie pour lutter contre la corruption, c’est une drôle de façon de lutter contre la corruption. Il existe un réseau très puissant de diffusion d’informations et de propagande, oui, c’est vrai que Kotcharian (un précédent président, ndlr) s’est enrichi par des moyens illégaux, mais sans
vouloir minimiser ce qu’il a fait, il faut dire que ce genre de chose arrive dans tous les pays du monde, mais on n’expulse pas 120 000 personnes parce que votre chef était corrompu ; ce n’est pas un argument qu’une personne rationnelle ferait valoir.

QUESTION : Aujourd’hui, pensez-vous qu’il y a une chance pour la population arménienne d’Artsakh de retourner en Artsakh ?

Arthur Khachikyan : Avec ce gouvernement en place, nous ne pouvons pas avoir de
perspectives d’avenir. Nous devons faire pression sur l’Europe, l’Occident et la Russie pour qu’ils reconnaissent qu’il y a eu un nettoyage ethnique en Artsakh et que les gens ont le droit de rentrer et de vivre dans la sécurité et la sûreté, et il doit y avoir un système de surveillance international là-bas – nous devons d’une manière ou d’une autre forcer qu'ils acceptent, mais
pour ce faire, nous avons besoin d'un gouvernement patriotique. Le nettoyage ethnique est un crime et doit être reconnu comme tel. Le Premier Ministre n'a aucune formation appropriée, aucune expérience et il manque de compétences en leadership. Aujourd’hui, nous nous trouvons au pire moment de notre histoire depuis plus de cent ans. Je répète encore une fois à l’heure actuelle, au lieu d’un véritable gouvernement, nous avons une « ambassade turque » ; et ils ont également réussi à diviser la diaspora et à la couper de l’Arménie – les contacts entre la diaspora et l’Arménie sont désormais très rares. Il y a aussi ces sectes dans la diaspora – qui pensent qu’une vie confortable, un ventre plein, porter des vêtements occidentaux et avoir des euros et des
dollars dans leurs comptes bancaires en vaut la peine et abandonner la patrie est un prix qu'ils sont prêts à payer pour tout cela. La diaspora doit comprendre que cela signifie la mort pou rl’Arménie ; nous avons donné 70 000 vies pour l’Artsakh, puis nous l'avons perdue, et maintenant l'Azerbaïdjan veut le reste de notre territoire – ils veulent la fermeture de notre centrale nucléaire, ils veulent nos terres, et nos églises……

QUESTION : Pensez-vous qu'il était normal, voire légal, que ces décisions existentielles soient prises et des documents signés par une personne sans même consulter le parlement arménien ?

Arthur Khachikyan: Je pense qu'en tant que Premier ministre, même s'il n'a rien à voir avec un Premier ministre normal, il peut prendre certaines décisions, et en tout cas il a la majorité au Parlement. Nous ne sommes plus un pays indépendant – la Russie et la Turquie se rencontrent, avec l’Iran, et ils décident s’il y aura un couloir qui passe par notre territoire et quel statut il aura; le Premier Ministre fait simplement des annonces et change d'avis tout le temps – ils décident à sa place ; cela ressort clairement des négociations, et de ce qu'il dit avant et après son départ – il
est clair qu'ils se réunissent dans les coulisses et prennent toutes les décisions et nous sommes obligés de les accepter. Nous n’avons plus notre mot à dire sur ce qui arrive à notre pays. Il nous a complètement ruinés. Vous ne pouvez pas prétendre avoir une plus grande souveraineté si un nettoyage ethnique frappe votre propre peuple, et si vous dites que cela ne me concerne pas et que je ne peux rien y faire, vous n'êtes pas un Etat souverain, vous n'êtes même pas un Etat, etmême pas un gouvernement ou un leader.

C'est comme s'il se moquait de nous – après des actes
catastrophiques pour nous, il vient ensuite dire que tout va bien. Lorsqu'il s'est rendu à Grenade en Espagne, un des membres de son gang a déclaré « c'était une victoire » pour nous. Est-ce une victoire d’avoir un nettoyage ethnique ?

QUESTION : étant donné que l'Azerbaïdjan est soutenu par Israël qui a un agenda contre l'Iran
– ce qui est peut-être la seule chose qui intéresse Israël – la Russie ne pense-t-elle pas que le Touran, cette force immense, pourrait un jour se retourner contre elle, et peut-être aussi dans le futur, il pourrait y avoir des incitations pour que les 15 millions d’Azéris iraniens rejoignent cette puissante Touran.

Arthur Khachikyan : C’est exact – nous disions depuis de nombreuses années que les Russes pourraient trouver un moyen de s’entendre avec la Turquie et de conclure un accord avec la Turquie dans notre dos – et ils l’ont fait. Comme je l’ai dit, il existe en Russie un lobby pro-turc très fort et en antagonisme avec l’Occident. Ils croient que la Russie aurait besoin d’un allié, à savoir la Turquie, et qu’ils devraient simplement s’entendre avec la Turquie et conclure des accords avec elle. Je ne suis pas d’accord avec cela, mais ce n’est pas à moi de le dire, ça c’est leur politique étrangère, pas la nôtre. Certains hommes politiques russes s’y opposent, mais ils ne constituent pas la majorité. Disons, au cas où un véritable gouvernement arménien arrive au
pouvoir, il pourrait faire pression sur la Russie pour qu'elle remplisse ses obligations et cela pourrait probablement créer un risque de guerre avec la Turquie que les Russes ne souhaite pas, alors Pashinyan, dit oui à Poutine et même temps il dit oui à l’Occident – c’est peut-être ce dont ils ont besoin en ce moment – une personne qui dit oui et cède à tout.

QUESTION : il y a quelque temps, Aliev a déclaré : « Nous n'attaquerons pas l'Arménie avec des chars, mais nous y arriverons avec des véhicules privés » – qu'est-ce que cela signifie exactement ?

Arthur Khachikyan: Cela signifie qu'ils vont d'abord ramener la population azérie pour la
réinstaller dans des villages d'Arménie et la faire passer pour une population pacifique, même si les gens peuvent avoir des fusils et des mitraillettes, et leur propre police.

L’Azerbaïdjan dira que "nous devons assurer leur sécurité parce que les Arméniens ne le font pas ou ne peuvent pas le faire ", et alors ils peuvent déclencher un incident et les chars entreront sur notre territoire– donc d’abord les voitures, puis les chars.

Cela se produit dans les relations internationales, lorsque vous voulez attaquer quelqu’un, vous organisez un incident et dites ensuite que nous ne faisons que nous défendre. Ils peuvent provoquer quelque chose pour dire que les Azéris sont maintenant
en danger, qu’ils doivent les protéger et qu’ensuite l’armée turque entrera et ce sera comme le nord de Chypre – qui est occupé par la Turquie depuis 1974. L’Europe n’aime pas punir la Turquie parce qu’elle est dominée par les russophobes, qui détestent la Russie et pensent que leur mission la plus importante est de combattre la Russie.

La Turquie s’en sort sans problème avec l’invasion, le nettoyage ethnique, le génocide, la recréation de l’Empire Ottoman… elle n’a aucun problème avec cela, essentiellement à cause de l’expansion de l’OTAN ; Certains dirigeants occidentaux sont devenus obsédés par l’idée d’un élargissement de l’OTAN et ont décidé que certains pays jouissaient de positions plus privilégiées et ont décidé d’élargir cette
alliance. Aujourd’hui, nous assistons à un effondrement catastrophique de l’architecture de la sécurité mondiale; Ukraine, Géorgie, Arménie et certaines parties du Moyen-Orient. Je suis sûr qu'il va signer cet accord pour le retour de ces Azéris car il dit oui à tout. Cela pourrait être une prise de contrôle lente – je pense qu’ils peuvent le faire d’ici un an.

Je ne pense pas que l’Iran réagira s’il y a une attaque au sud pour le couloir de Zangezour, c’est un risque énorme pour lui car les États-Unis ne sont pas de notre côté & pourraient l’attaquer.

Les Arméniens sont très naïfs, ils pensent que s’ils aiment l’Amérique, celle-ci les appréciera en retour. Nous parlons de politiciens et non de personnes. Les Arméniens pensent que l’Amérique les sauvera, mais le Département d’État est l’allié de la Turquie et aux côtés de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. Ils fournissent une aide militaire à l’Azerbaïdjan, cela ne les dérange même pas que l’Azerbaïdjan entretienne d’excellentes relations avec Poutine, ils les aident quand même.

Le Département d’État a ses intérêts stratégiques – ils sont pro-turcs et pro-azéris. Si l’Iran essaie de nous défendre, l’Occident attaquera, ou aidera Israël à attaquer, ou bien aidera l’Azerbaïdjan ou la Turquie à attaquer.
Je ne pense pas que l’Iran prendra ce risque. Ce qu’ils font maintenant s’apparente davantage à une pression diplomatique, mais il est difficile de dire s’ils appuieront réellement cette action par une force militaire.

QUESTION : puisqu'il existe déjà une route de 45 km reliant l'Aizerbaïdjan au Nakhitjevan via l'Iran, et récemment ils ont même conclu un accord pour la construction d’une nouvelle route encore via l’Iran, pourquoi pensez-vous qu'il y a tant d'obstination de la part de l'Azerbaïdjan à créer ce corridor de Zanguezour à travers le territoire arménien ?

Arthur Khachikyan : C’est parce que ce n’est pas une question de communication – c’est une connexion stratégique qu’ils veulent – ils veulent que les pays fusionnent. La Turquie veut que l'Arménie disparaisse. Ils ne veulent pas que nous ayons un Etat ; ils construisent leur propre grande Turquie – d’Istanbul à Bakou – un grand Touran turc et nous sommes sur leur chemin, et on les dérange; ils veulent rejoindre des territoires pour pouvoir avoir des connexions stratégiques, militairement ils ne peuvent pas déplacer leur armée à travers l'Iran, c'est pourquoi
ils ont besoin que leurs pays se joignent et nous allons fondre comme un morceau de glace – le processus a déjà commencé . Selon un reportage de Radio Liberty, les villageois qui avaient voté pour Pashinyan dans les zones frontalières commençaient désormais à émigrer. Ils ont voté pour lui et nous ont amenés à ce désastre et ils s'en vont maintenant.

QUESTION : Les gens ont l’impression qu’ils n’ont pas d’autre choix et ne voient personne qui puisse remplacer Pashinyan pour les diriger – ils sont en quelque sorte devenus impuissants.
L'opposition a une position étrange et à plusieurs reprises, elle a fait descendre les gens dans la rue, puis après quelques jours, les gens sont rentrés chez eux. Alors, quelle est la solution ?

Arthur Khachikyan : C’est vrai que les gens pensent qu’il n’y a pas d’alternative et
l’opposition n’a pas vraiment réussi à convaincre les gens, donc malheureusement les gens ne voient pas d’alternative. Il y a des candidats mais ils n’ont pas fait ce qu’il fallait. Les gens rentrent chez eux après quelques jours de manifestation parce que l’opposition amène les mêmes figures qui les ont laissés tomber dans le passé, et quand les gens voient ces personnalités qu’ils
considèrent comme des perdants – comme Vazken Manoukyan, Ishkhan Saghatelyan…. alors ils pensent pourquoi on doit leur faire confiance encore une fois? Les gens sont déçus et rentrent chez eux. Il n’y a pas de nouvelle opposition et c’est ce dont nous avons besoin – nous avons besoin de nouveaux dirigeants de l’opposition, car les anciens se sont épuisés et c’est grâce à eux que Pashinyan est toujours au pouvoir, car ils n’ont absolument pas réussi à mobiliser cetteénergie de la population, alors que les gens étaient dans les rues.

Propos recuillis par Armineh JOHANNES

photo : D.R.

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Armineh Johannes, (Farsi: آرمینه جوهانس), (Arménien: (Արմինե Ջոհաննես), née à Téhéran (Iran), est une photojournaliste française d'origine arménienne et iranienne. En 1979, avec quatre autres partenaires, elle a fondé le quotidien "Tehran Times". Elle partage son temps entre les États-Unis et la France [1].

Sommaire

Biographie

Elle a grandi à Téhéran, en Iran, où elle a développé un intérêt précoce pour la photographie dès l'âge de 12 ans lorsqu'elle a reçu un appareil photo instamatic en cadeau. Après avoir achevé une partie de ses études secondaires à Téhéran, elle s'est rendue en Angleterre en 1970 pour les terminer et[2] poursuivre des études supérieures. Elle y a obtenu des diplômes en Gestion et en Journalisme [3].

De retour en Iran, elle a entamé sa carrière en tant traductrice et puis assistante reporter, collaborant avec des médias tels que UPITN, les chaines de télévision américaines CBS et ABC, pendant une période cruciale de l'histoire iranienne marquée par la Révolution de 1979[4]. En 1979, elle a été l'une des cinq co-fondatrices du quotidien "Tehran Times"[5]. Cependant, environ un an après sa création, le journal a été repris par l'État. Durant l'été 1980, juste avant le déclenchement de la guerre Iran-Irak, elle a décidé de s'installer en France. Elle a d'abord étudié la langue française à Vichy, puis a poursuivi ses études à Aix-en-Provence, où elle a obtenu une Licence en Histoire à l'Université d'Aix-Marseille.

Elle a véritablement embrassé sa passion pour la photographie en devenant photographe indépendante en 1987. Son premier voyage au Maroc et dans le Haut Atlas marque le début d'une carrière remarquable[6]. En 1989, elle s'est rendue en Arménie pour la première fois[7], commémorant l'anniversaire du séisme dévastateur de décembre 1988[8]. Elle a documenté les séquelles de la catastrophe en prenant des photos dans les cimetières de Spitak, Gumri et d'autres villes touchées[9]. Par la suite, Armineh a effectué de nombreux voyages en Arménie et en Artsakh, capturant la vie des Arméniens. Pendant le mouvement du Haut-Karabagh et la première guerre du Karabakh entre 1990 et 1993, elle s'est rendue plusieurs fois sur les fronts, passant des semaines aux côtés des fedayis arméniens[10]. Elle a également visité les villages de Getashen et ceux de la province de Shahumyan juste avant l'Opération Ring en 1991. Ses photoreportages sont souvent accompagnés d'articles rédigés par elle-même. Elle a étendu son engagement photographique à d'autres régions du monde, notamment la Géorgie, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Égypte, les Émirats arabes unis, le Royaume-Uni et son pays natal, l'Iran.

Reconnaissance

En 1990, le prestigieux quotidien "Le Monde" lui a consacré une page entière et a organisé une exposition de ses photographies dans ses locaux à Paris. La même année, lors des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, elle a remporté le premier prix de la dotation Photo Service, ce qui lui a permis de participer à une exposition collective à Arles. En 1992, le Ministre de la Culture français, Jack Lang, ainsi que des personnalités éminentes de la photographie, notamment Christian Caujole de l'Agence Vu à Paris et Richard Fournet du Centre Photographique d'Ile de France, ont salué son travail photographique sur l'Arménie.

Expositions

Liste non-exhaustive:

Associacao Cultural de Fotographia e Cinema de Braga ,Portugal, exposition collective, 1990[11].
Rencontres Int.’l de la photographie – Arles, exposition collective (dotation Photo Service), 1990[12].
Centre Culturel Arménien Alex Manoogian à Paris – exposition sur l’Arménie, 1990[13].
Au journal «Le Monde» à Paris – exposition sur l’Arménie, 1991[14].
Centre Culturel Sahag Mesrop à Marseille, exposition sur l’Arménie, 1991.
FNAC – "Snapshots" – les nouvelles tendances du reportage- Paris- exposition collective, 1992[15].
Armenian Society of Los Angeles (USA) – Exposition sur les Arméniens d’Iran. 1994.
Serjenian Gallery – Armenian Library & Museum of America – USA, 2006.

Prix

1er Prix de la Galerie d’Essai – Rencontres Internationales de la Photographie, Arles, France[16].
1er Prix de CNEWA (Catholic Near East Welfare Organization) compétition photo, USA.
1er Prix, de AFFMA (ARPA Foundation for Film, Music & Art), USA.
2ème Grand Prix Care International du reportage humanitaire: jury composé de professionnels de la presse, pour son travail sur les Orphelinats d'Arménie.
Mention honorable à l' American Photo Images of the Year Competition" Prix dans la catégorie "People Nominee" de FINE ART PHOTOGRAPHY AWARDS, 2014[17].
Magnum Photography Awards, 2017, Editors’ Pick Collections.

Collections publiques

Bibliothèque Nationale de France [18].
Ville de Paris – Paris audiovisuel, 1991.

Références

Voir aussi

Liens externes

Site officiel

source : NHM

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