Depuis le 12 décembre, l'Artsakh subit un blocus de la part de l'Azerbaïdjan:
Route coupée vers l'Arménie depuis le 12 décembre.
Ligne électrique coupée depuis l'Arménie depuis le 9 janvier.
Approvisionnements en gaz irréguliers depuis le 16 janvier.
L'hier, l'approvisionnement en gaz a été rétabli en partie ce qui a permis de rétablir certaines capacités de transport et de chauffage.
Les coupures d'électricité sont passées de 2 fois 2 heures à deux fois trois heures par jour.
La situation alimentaire reste difficile mais suffisante pour éviter à moyen terme tout risque de famine.
Les pharmacies ont été vidées des médicaments les plus usuels mais les hôpitaux continuent d'être réapprovisionnés d'Arménie par la Croix rouge.
Hier, la Croix Rouge est parvenue à organiser le transfert de 5 personnes dans le cadre de ses efforts pour réunir dans les deux sens les familles (parents-enfants) restées séparées par le blocus.
Les produits d'hygiène manquent mais la population fait face avec dignité.
Le plus grave dans cette affaire c'est l'impréparation face à une crise annoncée et largement prévisible.
Août 2022: l'Azerbaïdjan attaque l'Artsakh. L'Arménie demande aux autorités d'Artsakh de livrer à l'Azerbaïdjan les localités d'Aghavno, Sus et Berdzor. L'Artsakh est désormais physiquement séparé de l'Arménie. L'Azerbaïdjan disposait désormais du moyen d'intégrer de force l'Artsakh tout en desenclavant ses forces installées le long de la frontière orientale du Syunik et au sud du Gegharkunik. Leurs routes d'approvisionnement passaient juste par ces trois localités.
Dès septembre 2022, il y avait des informations (journal hraparak.am) que le gouvernement Pashinyan préparait le terrain pour annoncer la cession d'Artsakh à l'Azerbaidjan et la nécessité de préparer l'Arménie à en accueillir sa population.
Le 13 et le 14 septembre, l'Azerbaïdjan attaque l'Arménie extement depuis la région de Kashatagh. Les combats sont cessés avec la promesse de Pashinyan de signer un traité de paix avec l'Azerbaïdjan, aux conditions de Bakou, d'ici la fin de l'année.
Le 1er octobre, l'Arménie gèle le financement de la construction de logements neufs en Artsakh. Pourquoi ? Sûrement pour donner des signaux positifs à l'Azerbaïdjan.
Le 6 octobre, lors d'une rencontre à Prague et sous la médiation de Macron et Michel, Pashinyan a reconnu officiellement (signature d'un document) l'autorité de Bakou sur l'Artsakh. L'occident défend les intérêts de l'Azerbaïdjan lorsque la Russie défendait le statut quo.
Après cela, les autorités d'Arménie n'ont eu de cesse de dénoncer la volonté de l'Azerbaïdjan de couper la seule route qui relie l'Artsakh à l'extérieur vers l'Arménie.
C'est dans ce contexte que le 4 novembre, Rouben Vartanyan (milliardaire "russe") est nommé ministre d'Etat d'Artsakh. De grands espoirs sont portés pour sauver l'Artsakh de la politique turcophile de l'occident et de l'Arménie. Tous s'attendent à des réformes pour faire face aux défis d'Artsakh. S'il dirige tous les ministères, celui de la défense reste en dehors de son périmètre d'action alors même que c'est l'unique et seule menace immédiate qui mérite toute l'attention.
Début décembre, la route est coupée quelques heures puis rouverte.
Rouben Vartanyan se réjouit alors de mener des réformes profondes tout en reconnaissant que la population n'en ressent pas les effets.
Du 4 novembre au 12 décembre, Rouben Vartanyan savait, avait les moyens et le temps pour préparer l'Artsakh au blocus.
Strictement rien n'a été fait !
Au cours des 6 derniers mois, la catastrophe était annoncée et prévisible. Il n'y a eu aucun effet de surprise. La population elle-même avait la possibilité de savoir car les indices listes ci dessus étaient publics et connus de tous.
Armen Rakedjian
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photo : Armineh JOHANNES