Au 38ème jour de blocus de l'Artsakh par l'Azerbaïdjan, la situation sanitaire et énergétique a continué à empirer avec une perspective encore plus mauvaise dans les jours à venir.
Hier les autorités d'Artsakh ont commencé à distribuer les tickets de rationnement.
L'approvisionnement électrique étant entièrement dépendant de la seule centrale hydroélectrique de Sarsang, les coupures d'électricité sont passées de 2 à 4 heures quotidiennes. L'éclairage des rues est coupé la nuit, l'énergie est économisée au maximum.
C'est dans ce contexte que le gaz a été coupé par l'Azerbaïdjan pendant plusieurs heures hier.
Ce matin, on apprenait que cette coupure fut un avertissement de la part de l'Azerbaïdjan pour forcer les autorités d'Artsakh à accepter ses conditions pour rouvrir la seule route et voie de communication qui relie l'Artsakh au monde exterieur.
Contexte de la crise
Depuis le début de la crise Nikol Pashinyan, le Premier ministre d'Arménie, n'a de cesse de faire porter la faute aux seuls russes. Dans ses discours, il excuse presque les turcs-azeris qui n'auraient agi qu'avec l'accord de Moscou. Nikol Pashinyan répète à l'envie que son agenda est la paix quels que puissent être les projets guerriers de l'Azerbaïdjan. D'où la renonciation de l'Arménie à organiser et à participer à des exercices militaires pour augmenter le niveau de préparation de son armée.
Dans les faits, dans le contexte de sa difficile guerre en Ukraine, la Russie fait tout pour éviter une escalade militaire au Caucase qui porte en soi le risque d'un embrasement général alors que:
1) La Turquie soutient totalement la politique agressive de l'Azerbaïdjan,
2) L'Iran s'est porté garant de la sécurité du Syunik ouvertement revendiqué par l'Azerbaïdjan.
3) Israël soutient totalement l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et n'attend qu'une occasion pour attaquer l'Iran.
A noter que Nikol Pashinyan a formellement reconnu à Prague (grâce à la médiation d'Emmanuel Macron notamment) l'appartenance de l'Artsakh à l'Azerbaïdjan. En conséquence Pashinyan demande aux autorités d'Artsakh de régler elles-mêmes leurs problèmes avec Bakou par un dialogue constructif (!) direct.
Les conditions de l'Azerbaïdjan pour rouvrir la route seraient les suivantes:
1) Démission du Premier ministre d'Artsakh, Ruben Vartanyan, catégoriquement contre toute concession à Bakou.
2) Fermeture de la mine de Kashen qui est le premier employeur privé d'Artsakh, le principal exportateur et payeur d'impôts.
3) Installation sur la route Goris-Stepanakert d'un scanner pour contrôler la nature des marchandises importées par l'Artsakh.
4) Présence près du scanner d'un représentant officiel de Bakou pour contrôler lsa bonne utilisation.
5) Terminer l'expulsion d'Artsakh de tous les équipements militaires lourds.
Les autorités d'Artsakh ont donné une fin de non-recevoir. Le Président Araik Harutyunyan a prévenu la population que les conditions de vie allaient empirer dans les jours à venir.
C'est dans ce contexte que le Comité International de la Croix Rouge a organisé hier la réunification de familles séparées par le blocus depuis plus d'un mois. Les enfants d'Artsakh restés bloqués en Arménie ont été rapatriés en Artsakh (!) auprès de leurs parents.
Armen Rakedjian
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photo ; Armineh JOHANNES