Plexus est le deuxième spectacle d'une série de portraits scéniques créés par Aurélien Bory. L'histoire de Kaori Ito est celle d'une danseuse qui a quitté très tôt son pays natal pour vivre entièrement de son art. C'est avec une douce fragilité et la forte détermination d'avancer malgré tout que Kaori Ito nous danse sa vie.
Le micro est serré contre le plexus solaire, le coeur de la danseuse bat la chamade, et après avoir capté le chuchotement des cheveux, revient vers le coeur pour nous projeter ses cris. Engloutie par un rideau noir, la danseuse réapparait au milieu d'un espace traversé par une multitude de fils. Elle reste derrière ce rideau de lignes verticales que la lumière rend par moments évanescentes. Ces projections lumineuses les font scintiller et transforment la perception de la perspective en donnant l'impression que nous sommes devant une réalité augmentée. La magie de la mise en scène fait que nous ne savons plus si c'est un écran ou si tout cela existe vraiment.
Photos de Aglaé Bory
Un voyage plein d'obstacles commence. Très timides au début, les mouvements s'amplifient jusqu'à faire chavirer le plateau, et le faire trembler par des secousses qui envahissent le corps emprisonné. Les capteurs nous transmettent la mélodie très rythmée des pas, des touchés et des glissés que la danseuse offre avec de plus en plus d'acharnement aux fils et au sol du plateau mobile. La musique de Joan Cambon les accompagne avec une exceptionnelle sensibilité.
Le plateau strié se transforme tantôt en jungle, tantôt en firmament d'où la danseuse fait une descente presque miraculeuse. Ce dispositif scénique devient le vrai prolongement d'un corps vivant qui l'entrave et le soutient en même temps. Aurélien Bory raconte qu'au début de la création, il y avait une marionnette à fil dont il n'a gardé par la suite que les fils qui ont occupé tout l'espace. Destinés à donner la vie aux marionnettes, ils ne sont qu'une métaphore d'un réseau de filets nerveux. Si nous sommes une prison pour nous même, la sublime Kaori Ito nous montre comment un espace saturé peut donner une nouvelle liberté au corps.
Les images qui évoquent le Japon surgissent tout au long de la traversée. Telle la déesse du soleil Amaterasu, Kaori Ito se met en colère et nous éblouit par sa robe de miroirs pour disparaître absorbée par l'espace. Une éclipse avant un nouveau devenir ?
Du 4 au 17 janvier 2014 au Théâtre des Abesses
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-Plexus-630
Larissa Roy