Bouteilles en plastique, gobelets jetés n’importe où… Des détritus échappent au tri. Pour y remédier, deux jeunes entrepreneurs ont mis en place un système incitatif inspiré de la consigne.
A la maison, ça va : . 89 % des Français trient.
Mais :
« Dans certaines zones de consommation comme les entreprises, les campus, les centres commerciaux ou encore les gares, les structures sont moins organisées pour la collecte ou le tri des déchets » .
Là la culpabilité et la conscience écologique cèdent à l’efficacité : on ne cherche pas pendant cinq minutes la poubelle adaptée à son gobelet quand on est pressé ou on a un train à prendre.
Résultats : les déchets s’accumulent dans les incinérateurs au lieu d’être recyclés.
: près de 300.000 tonnes d’emballages ménagers sont jetés hors du foyer.
Deux amis se sont attaqués au problème : « Nous avons constaté le faible taux de recyclage en France par rapport à d’autres Etats comme l’Allemagne ou les pays scandinaves, qui appliquent la consigne pour certains de leurs déchets. »
La France ne recycle que 58 % de ses bouteilles en plastique ‑ 10 % à Paris ‑ quand c'est 90 % chez nos voisins d’outre-Rhin.
Donc les deux jeunes entrepreneurs ont fondé, à Pantin, en 2011, Lemon Tri .
« Au départ, ils ont acheté et amélioré des automates de collecte auprès de fabricants allemands, italiens, américains ou même français qui opéraient sur le marché des consignes. »
Puis Lemon Tri a conçu ses propres machines, qui ressemblent aux distributeurs de boissons ou d’aliments .
Il y a plus d’une dizaine de modèles pour s’adapter aux différents lieux où elles sont déployées. pour rendre le tri le plus efficace possible lors du premier geste, quand l’emballage est jeté. En 2021, 350 machines sont en service.
Les machines sont programmées pour séparer les déchets reçus, grâce à la reconnaissance des formes, de la matière, ou d’un code-barres. La machine Hydra, pour les aéroports, sépare le contenant de son liquide et à récupérer les deux.
Les appareils multiplient les incitations et les récompenses pour le client ‑ bons d’achat, micro-dons associatifs, loterie, cadeaux solidaires ‑ appropriés aux lieux dans lesquels ils sont installés.
« Nous travaillons sur l’amélioration de la durée de vie de nos machines de consigne, leur éco-conception, ainsi que sur leur frugalité énergétique. En moyenne, dès la deuxième année, les émissions de CO2 émis par la fabrication, le transport et la consommation de notre appareil sont compensées. »
La conception, la vente, l’installation et la maintenance de machine ne sont que l’un des services offerts par Lemon Tri, ne représentant que 20 % de son activité.
« Progressivement, nous avons élargi notre offre.. Proposer des automates n’était pas suffisant. Nous avons donc agrandi notre palette d’outils de collecte et récupéré une plus grande diversité de déchets. » La société offre désormais une prestation de pilotage des déchets, clés en main, pour les entreprises et tous sites de production de déchets.
Après un audit, elle réduit et améliore le tri des détritus, via l’installation de ses machines ou de ses bacs.
Elle fait la collecte et l’envoi de la matière dans les usines de recyclage.
Elle garantit la traçabilité, le suivi des déchets & crée des filières de recyclage pour des produits qui en étaient privés, comme les dosettes en plastique, les sachets de bonbon, les cigarettes électroniques…
Lemon tri a été lauréate du prix Impact Up du World Impact Summit en 2021.
Elle a plus de 500 clients : des entreprises ,CMA-CGM, Danone ou encore Lego, des hypermarchés, des campus comme l’Edhec, des espaces de coworking ou des collectivités territoriales comme la ville de Pantin ou certains établissements publics territoriaux (Est-Ensemble, la CAVYVS…).
Elle a un chiffre d’affaires de plus de 6 millions d’euros, en croissance de 50 % ,.emploie une centaine de salariés
« Jusqu’à présent, cela coûtait plus cher de bien traiter ses déchets. Mais maintenant, le législateur a renforcé le coût des modes de traitement les moins vertueux comme l’enfouissement et l’incinération, via notamment l’augmentation de la TGAP [taxe générale sur les activités polluantes, NDLR].
Par exemple, le centre commercial des Docks à Marseille avec qui nous travaillons a vu son taux de recyclage bondir et ses coûts baisser de 40 %. »
Elle dispose désormais de quatre antennes dans les régions parisienne, lyonnaise, à Lille et à Marseille
Grâce à ses machines sophistiquées et à ses outils de pilotage de gestion, Lemon Tri valorise 96 % des déchets qu’elle collecte, et 100 % de la matière est transformé en matériaux de seconde génération dans les usines.
Elle traite une quarantaine de types de détritus différents : aérosols, ampoules, bidons, bouteilles PEHD, biodéchets, boîtes palettes, bouchons, capsules, marcs de café, masques chirurgicaux, mégots de cigarettes, des métaux, gobelets papiers , cartons…
Elle a collecté plus de 2.000 tonnes de matière en 2021 contre 12 tonnes en 2015.
photos : D.R.