Le ton monte entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, pays qui se disputent depuis les années 90 le contrôle de l'enclave de Nagorny Karabach. C'est le président azerbaïdjanais qui a attisé la colère d'Erevan, en graciant un officier, condamné pourtant à la perpétuité en Hongrie pour avoir décapité un militaire arménien. Furieux, le président arménien a averti, lundi 3 septembre, être prêt à refaire la « guerre » contre l'Azerbaïdjan.
« Nous ne voulons pas la guerre, mais si nous y sommes contraints, nous nous battrons et nous gagnerons », a déclaré le président arménien Serge Sarkissian. Il faut dire que son voisin, le président azerbaïdjanais, a fait fort : l'officier Ramil Safarov était à peine de retour dans son pays qu'Ilham Aliev l'a gracié. Accueilli en héros, l'officier azerbaïdjanais qui a assassiné un militaire arménien en 2004, a même été promu au rang de major. Comme si cela ne suffisait pas, les autorités lui ont offert une maison et le paiement de son salaire pour les huit années passées dans une prison hongroise.
C'était la provocation de trop pour l'Arménie. Le président Sarkissian a donc dénoncé l'Azerbaïdjan comme un pays où « l'on glorifie publiquement n'importe quel bâtard qui a tué des gens simplement parce qu'ils sont Arméniens ».
Erevan peut compter sur le soutien de Washington : Le président américain Barack Obama s'est déclaré « très préoccupé » par la décision de Bakou. La Hongrie aussi est visiblement gênée par ce nouveau rebondissement. Budapest a qualifiée d’ « inacceptable » la grâce accordée au soldat Safarov.
A la suite de son extradition, l'Arménie a annoncé suspendre ses relations diplomatiques avec la Hongrie.
La Russie, membre du Groupe de Minsk qui mène des négociations de médiation pour trouver une issue au conflit du Haut-Karabakh que se disputent l'Arménie et l'Azerbaïdjan, a exprimé lundi sa "profonde préoccupation" concernant l'extradition et la grâce de Safarov.
"Nous pensons que les actions des Azerbaïdjanais aussi bien que celles des autorités hongroises vont à l'encontre des efforts effectués au niveau international, avant tout à travers le Groupe de Minsk de l'OSCE (Etats-Unis, France, Russie), pour apaiser les tensions dans la région", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, dans un communiqué.
De son côté, l'Union européenne a appelé Bakou et Erevan à la retenue.
"Nous appelons l'Azerbaïdjan et l'Arménie à faire preuve de retenue sur le terrain et dans les déclarations publiques, afin de prévenir toute escalade de la situation", a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Dimanche, le gouvernement hongrois a convoqué l'ambassadeur d'Azerbaïdjan pour protester contre la grâce "inacceptable" accordée au prisonnier Ramil Safarov.
Le président américain, Barack Obama, s'est déclaré vendredi "très préoccupé" par la décision de Bakou de gracier ce soldat.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent depuis des années le contrôle du Nagorny Karabakh anciennnement appelé l'Artsakh. Rattachée à l'Azerbaïdjan pendant la période soviétique, cette région a proclamé son indépendance, non reconnue par la communauté internationale, après une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994.
Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région.
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Sources :
L'Arménie prête à la "guerre" contre l'Azerbaïdjan